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A Marseille, Emmanuel déclare vouloir généraliser l’"Ecole du futur". Les réactions (revue de presse)

3 juin 2022

Emmanuel Macron dévoile à Marseille son plan pour l’Education
"Ce qu’on a lancé (à Marseille) c’est retrouver le sel de l’école républicaine". En visite dans une école marseillaise qui participe à l’expérimentation de "l’école du futur", Emmanuel Macron a précisé son projet pour les enseignants et l’école devant Pap Ndiaye. La revalorisation aura une part inconditionnelle et une part liée au "nouveau pacte". Une heure et demi de maths sera proposée à la rentrée aux lycéens de première qui le souhaitent. Le président veut mettre "de la flexibilité" dans le système et "généraliser" l’expérimentation marseillaise des postes avec ses postes "à exigence particulière". Un nouveau pas dans la déréglementation s’annonce.

Une revalorisation en partie inconditionnelle

Devant un ministre de l’éducation pratiquement muet, Emmanuel Macron a dévoilé ses intentions pour l’Education nationale pendant ce second quinquennat. Il a aussi annoncé des décisions précises et urgentes comme le retour des maths au lycée à la rentrée 2022.

"On sait qu’on aura une rentrée en tension sur ce sujet". E Macron ne cache pas que la crise du recrutement des enseignants est bien là. Mais c’est pour mieux dévoiler ce que sera la revalorisation qu’il envisage. "L’investissement de la nation c’est 6 milliards. C’est ce qu’on est prêt à mettre en terme de formation, de rémunération. Il y aura une partie inconditionnelle pour tous les enseignants et un nouveau pacte pour les enseignants.. où on proposera des taches nouvelles". Pour lui ces taches nouvelles sont en partie déjà faites par les enseignants sans être rémunérées. "C’est ce qu’on fait déjà ici", précise t-il en faisant allusion à l’expérimentation marseillaise. "Les enseignants ont des décharges et des rémunérations". Le nouveau pacte devrait être présenté à l’automne.

Plus de "flexibilité"

Dans l’esprit du président c’est lié à la généralisation de l’expérimentation marseillaise. "Notre ambition c’est dans les prochains mois de pouvoir généraliser cette approche", dit-il. C’est à dire la définition par chaque école et établissement d’un projet en lien avec les élus locaux, les parents et les associations. Et la possibilité pour le directeur ou le chef d’établissement de choisir son équipe. "Je n’ai pas dit que chaque directeur fasse son mercato. Ca ne marcherait pas", se reprend E Macron. "Il faut des règles nationales". Mais c’est pour ajouter que qu’il faut que le chef d’établissement puisse s’assurer que chaque enseignant adhère au projet. Concrètement sur le terrain ca se traduit par des "postes à exigence particulière" avec un jury composé du directeur, de l’IEN et d’un enseignant qui donne un avis favorable ou pas aux candidatures qui restent classées selon le barème.

E Macron pourrait aller plus loin car il veut "donner plus de flexibilité au système". Il évoque les nouveaux enseignants marseillais nommés à Bar-le-Duc. "Il faut donner la liberté aux gens d’aller dans les endroits où ils vivent". Il pourrait donc aller plus loin que le compromis marseillais pour aller vers une déreglementation du mouvement. Pour E Macron cette politique "redonne du sens au métier enseignant" et "du respect pour ce métier... La république me donne des moyens pour faire mon métier dans de bonnes conditions".

Généraliser l’expérimentation marseillaise

C’est aussi cette flexibilité qui permettrait de garantir "l’égalité des chances" par une meilleure adaptation de l’école aux conditions locales. "Partout sur le territoire on veut définir en quelque sorte des grands objectifs, mettre des moyens mais donner la possibilité à nos enseignantes, nos enseignants et l’ensemble des parties prenantes qui font l’éducation, aussi les chefs d’établissement, les parents d’élèves, les associations périscolaires avec les élus de permettre à notre école de continuer d’avancer et tenir ses promesses". Ainsi les écoles marseillaises participant à l’expérimentation ont obtenu 40 000€ pour financer leur projet, cette somme étant partagée en des dépenses d’équipement et des rémunérations supplémentaires pour faire tourner le projet par exemple des heures supplémentaires pour des réunions. Pour E Macron, "on laisse aux enseignants la liberté d’innover et on met des moyens. On dégage du temps pour les directeurs en finançant des décharges. L’idée c’est de partir des élèves, de répondre à l’égalité des chances".

Le retour des maths à la rentrée 2022 au lycée

Emmanuel Macron a aussi précisé ses intentions pour le retour des maths dans le tronc commun au cycle terminal du lycée. "Dès la rentrée prochaine nous réintroduirons la possibilité de choisir 1h30 de maths en options. Ce ne sera pas obligatoire cette première année mais toutes les familles pourront prendre cette heure et demi. Laissons la liberté aux enfants. Ensuite l’année prochaine (rentrée 2023) on pourra généraliser et rendre obligatoire après concertation". En fait ce sera un enseignement du tronc commun facultatif intégré à "l’enseignement scientifique et mathématique". Cet enseignement sera porté à 3h30 contre 2h aujourd’hui sans modification de son coefficient. "Tous les élèves qui le souhaitent bénéficieront dès la rentrée d’un enseignement en mathématiques en classe de 1ère", confirme le ministère.

Dans le premier degré les 30 minutes de sport quotidiennes seront généralisées, sans que le président ait détaillé leur mis en place.

Un ministre entre continuité et réforme

Et le ministre ? Pap Ndiaye accompagnait le président de la République. Mais pas ses propos. Il s’est exprimé une minute pour "souligner l’importance de cette expérimentation pour le ministère. Nous suivons attentivement ce qui se passe ici".

C’est donc E Macron qui a parlé de ses ministres. "Il y aura des éléments de continuité", a dit E Macron. "Le socle que l’on a bati on va le consolider". Il a rendu hommage à JM Blanquer qui "sera amené à jouer un rôle politique de premier plan". E Macron a expliqué la nomination de Pap Ndiaye. "J’ai choisi de nommer un homme qui par son parcours dit ce à quoi je crois pour l’école de la république. Il incarne combien l’école permet de batir l’égalité des chances... Il montre par ses études son souci de l’égalité des chances et cet attachement à notre république qui doit être capable de batir son unité dans le respect de la diversité".

Révolution culturelle ?

E Macron présente l’expérimentation marseillaise comme une "révolution culturelle" dans l’Education nationale. Le projet de l’école Menpenti [hors éducation prioritaire, NDLR], où était E Macron, consiste à créer deux laboratoires de maths en maternelle et élémentaire. Mais elle se heurte au manque de salles et seul un laboratoire était ouvert à une seule classe le jour de la visite. Quelques enseignants étaient venus protester contre leprojet. "E Macron décide de donner rien à tout le monde et beaucoup à 60 écoles", a déclaré un représentant du Snuipp Fsu. "Si on choisit de bons enseignants dans ces écoles , on en a forcément des moins bons ailleurs. C’est la fin de l’égalité", a explique Maxime Champion, représentant FO. Il a aussi confirmé ce que V Akliouat (snuipp Fsu) nous avait dit :la plupart des projets "innovants" de l’expérimentation sont simplement les projets déjà existants dans les écoles. L’école d’E Macron, avec ses projets, ses nouveaux chefs et son nouveau statut, c’est aussi un vieux projet.

Extrait de cafepedagogique.net du 03.06.22

 

Marseille : E. Macron vise une extension de l’expérimentation pédagogique à "tout le territoire"
Emmanuel Macron, en visite à l’école Menpenti à Marseille où il a assisté à un atelier de mathématiques, dit qu’il souhaite étendre l’expérimentation pédagogique "partout sur le territoire" au cours des prochains mois. Le président de la République plaide pour "une école qui vous prépare à la vie" et veut "des enfants qui apprennent mieux, des enseignants mieux reconnus, plus libres, mieux rémunérés, des chefs d’établissement qui soient plus libres". Mais il veut aussi rassurer : "On ne va jamais se mettre à ce que les chefs d’établissement fassent leur propre mercato" : il s’agit de "donner la possibilité que l’enseignant qui est recruté partage (l)e projet (de l’école)".

Il ne renie pas ce qui a été fait au cours du premier quinquennat, évoquant les dédoublements en CP et CE1, mais pour aller "plus vite et plus fort", il faudra "plus de moyens", mais aussi "donner plus de liberté à celles et ceux qui font - pas seulement les consultants". Le niveau national doit définir "les grands objectifs" et "mettre les moyens", et sur le terrain, il faut "donner la possibilité aux enseignants, aux parties prenantes, aux chefs d’établissement, aux parents d’élèves, aux élus, au périscolaire" de travailler ensemble, pour "permettre à notre école d’avancer comme il se doit", de "retrouver le sel de notre école républicaine".

Le président de la République est d’ailleurs conscient des difficultés : "A certains endroits ça va formidablement marcher, (dans) d’autres ce sera plus compliqué, il faudra réajuster. La réponse n’est pas monolithique. Il y aura d’abord un temps national puis un temps local." Il évoque "les défis qui sont les nôtres, très différents d’un territoire à l’autre". Mais il affirme que les équipes des 59 écoles marseillaises engagées dans le dispositif sont "extraordinairement enthousiastes" et demandent à aller plus vite, "plus loin". Il rappelle que le "pacte" proposé aux enseignants doit leur permettre d’avoir "des rémunérations en plus", et leur donnera "la liberté de construire le projet qui leur permet de retrouver du sens".

Pap Ndiaye souligne pour sa part "l’importance de cette expérience marseillaise pour le ministère de l’Education nationale" et évoque "la possibilité de généraliser au-delà de la ville de Marseille" cette expérimentation.

A noter que les organisations syndicales ont été reçues ensuite par Laurent Crusson, le conseiller social de Pap Ndiaye, le SNUIPP-FSU et le SE-UNSA en "bilatérales", FO, la CGT et SUD en intersyndicale. Franck Delétraz (SE-UNSA), interrogé par ToutEduc, note un "changement de ton", il a eu le sentiment d’être entendu, d’avoir des moments d’échanges qui étaient une discussion, sa collègue, directrice d’une école qui fait partie de l’expérimentation a pu évoquer des possibilités d’amélioration... Pour lui, ce ministre souhaite "écouter les représentants des personnels avant de prendre une décision." Le conseiller n’a toutefois pas répondu aux interrogations du SE sur l’évaluation ni sur la durée de l’expérimentation, mais s’est dit bien conscient du défauts d’heures supplémentaires pour l’élaboration collective des projets, une question qui pourrait trouver une solution à la rentrée prochaine sous la forme de temps de formation. Le représentant du SE a insisté sur la priorité qui doit aller au bâti...

La vidéo ici

Extrait de touteduc.fr du 0206.22

 

Stéphane Crochet : "On est encore et toujours dans le flou"
Secrétaire général du SE Unsa, Stéphane Crochet réagit aux déclarations d’Emmanuel Macron à Marseille. Pour lui il s’agit d’annonces politiques plus que de véritables décisions. Le président de la République entretient le flou sur ses projets.

Le président de la République a annoncé à Marseille une revalorisation à deux vitesses : une partie inconditionnelle et une autre conditionnée à l’acceptation d’un nouveau contrat. Qu’en pensez-vous ?

Une fois de plus le président s’en sort avec une formule elliptique qui ne permet pas de savoir quels sont réellement ses projets. Même s’il parle d’une revalorisation inconditionnelle pour tous, on peut craindre qu’une revalorisation du point Fonction publique suffise pour justifier cette formule. On est toujours et encore dans quelque chose de flou. Par conséquent l’urgence c’est d’avoir un vrai travail sérieux sur ses intentions. Il faudrait qu’elles soient explicites et discutables.

On espère que le président a pris conscience de la grave difficulté dans laquelle se trouve l’attractivité de notre métier et que personne ne se berce d’illusion et croit que la crise du recrutement est juste due à la modification des concours de recrutement. En réalité la crise est plus profonde et il faudra des réponses solides et lisibles.

Nos métiers souffrent d’un manque de lisibilité sur la façon dont on devient professeur, sur les différents statuts à l’entrée dans le métier et les différents services quand on devient stagiaire, sur les questions de mutation. On a un problème de déroulement de carrière et de conditions de travail avec des cadres institutionnels mouvants.

E Macron a parlé aussi de flexibilité dans les mutations. Il souhaite que les enseignants puissent choisir leur affectation. C’est possible ?

C’est de la communication. On est toujours dans la même difficulté avec un discours politique qui fonctionne sur des représentations qui peuvent s’adresser à des envies individuelles mais qui oublient de dire ce que sont les contraintes systémiques de l’enseignement qui doit être présent sur tout le territoire et amener tous les élèves à la réussite dans leurs apprentissages. Le vent de liberté peut faire envie. Mais il faudra quand même qu’il y ait un professeur dans chaque classe et que les élèves aient tous leurs apprentissages et pas seulement au gré d’innovations pédagogiques par endroits.

Le président a pris position sur les maths au lycée en annonçant 1h30 facultative en plus dans l’enseignement scientifique. Est ce une bonne mesure ?

On a été à moitié entendu car ce n’est pas tenable de remettre les maths dans le tronc commun pour la rentrée 2022. La décision d’E Macron doit permettre de réfléchir sérieusement sur ce que veut dire des maths dans le tronc commun en 2023. En même temps cela permet au président de ne pas complètement reculer sur son arbitrage. Maintenant on va avoir besoin dans les établissements d’informations officielles et précises et pas seulement de déclarations. Les problèmes des ressources humaines et des programmes son toujours là.

Pap Ndiaye est apparu très en retrait pendant toute cette sortie officielle. Qu’en pensez vous ?

On souhaite que le chemin ne soit pas trop contraint pour le ministre et qu’on puisse déboucher rapidement sur des discussions avec un ministre ayant des marges de manoeuvre.

E Macron a promis de généraliser l’expérimentation marseillaise. Est-ce souhaitable ?

On est face à une libéralisation impossible à tenir sur tout le territoire. Si les moyens étaient suffisants, la généralisation annoncée par E Macron serait l’application de la loi de 1989 qui prévoit des projets d’établissement et d’école qui en réalité n’ont jamais eu les moyens nécessaires à leur mise en oeuvre. A Marseille, l’expérimentation repose sur des volontaires. Si on voulait la généraliser , compte tenu de la diversité des collègues, il faudrait un sacré pilotage dont, là aussi, on n’a pas les moyens.

Propos recueillis par François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 03.06.22

 

Le Snuipp réfute nettement le plan Macron
" Ce projet remet pourtant en cause gravement les principes égalitaires qui fondent l’école républicaine", estime le Snuipp-Fsu dans une déclaration du 2 juin. " Si les écoles en éducation prioritaire bénéficient de davantage de moyens, c’est dans la logique de donner plus à celles et ceux qui ont moins au vu de critères objectifs comme les catégories socio-professionnelle des familles. Ce n’est pas le cas pour ces 59 écoles où le seul critère est la rédaction d’un projet “innovant” et dont 21 ne sont même pas en éducation prioritaire. Ces écoles bénéficient pourtant chacune d’un quart de décharge de direction et d’une partie de la dotation spécifique de 2,5 millions d’euros attribuée en fonction de leur projet sans clé de répartition définie. Pendant ce temps, la grande majorité des écoles en éducation prioritaire n’obtient aucun autre moyen supplémentaire.. Au sein de ces 59 écoles, le recrutement se fait désormais sous forme de poste à “exigence particulière” avec une commission où siège le ou la directrice et un ou une adjointe de l’école. Un fonctionnement qui déroge au système égalitaire de nomination jusqu’alors à l’oeuvre d’autant que ces postes ne demandent pas de spécificité... Cette expérimentation est à la fois une application avant l’heure de la loi Rilhac qui entend instaurer une forme de hiérarchie au sein des écoles et la fuite en avant du modèle des “contrats locaux d’accompagnement” qui contractualise l’octroi de moyens supplémentaires et débouche sur une école à plusieurs vitesses. Sa généralisation entraînerait une mise en concurrence des écoles pour l’attribution de moyens, le démantèlement du système de nomination des personnels, la création d’un nouvel échelon hiérarchique et ouvrirait la voie à une possible adaptation locale des contenus scolaires… C’est cette feuille de route que vient de tracer aujourd’hui le président au nouveau ministre de l’éducation. Le SNUipp-FSU réfute totalement cette vision de l’école".

Extrait de cafepedagogique.net du 03.06.22

 

A Marseille, Emmanuel Macron entame sa « révolution culturelle » dans les écoles
En visite dans des établissements pilotes d’une expérimentation scolaire, avec le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, le chef de l’Etat a défendu jeudi une « nouvelle approche » censée donner plus de liberté et d’autonomie aux établissements et aux enseignants.

[...] Voilà donc l’esquisse de cette « nouvelle méthode » maintes fois annoncée par Emmanuel Macron : faire dire par d’autres le contenu des réformes à mener. Et ainsi faire sauter les verrous d’un système jugé empesé. Une « révolution culturelle » s’opère, s’est donc félicité le chef de l’Etat, s’exprimant aux côtés d’un Pap Ndiaye discret. « On inverse la pyramide », a résumé, enthousiaste, le chef de l’Etat évoquant cette stratégie visant à « faire confiance » au terrain.

« Vous avez entendu ces mots de la bouche des enseignants et des directrices et directeurs d’école. Ils ont parlé formation, temps, moyens. Ils ont parlé de plus de liberté et de plus de simplicité. Nos enseignants veulent quoi ? Bien exercer leur métier. Un métier où ils retrouvent le sens pour lequel ils se sont engagés », a-t-il poursuivi, avant de tenter de déminer l’épineuse question du recrutement. « On n’a jamais dit que les directeurs d’école feraient en quelque sorte leur propre mercato. Il faut qu’il y ait des règles nationales. Par contre, se dire qu’on veut rebâtir le projet pédagogique au niveau d’un établissement scolaire et donner la possibilité de s’assurer que l’enseignant recruté partage ce projet, et vous avez une directrice qui l’a très bien dit, c’est ce qu’on a facilité et ouvert », a-t-il détaillé, rappelant l’objectif de « donner plus de flexibilité dans le système ».

A l’heure où l’éducation nationale manque cruellement d’effectifs et fait face à une crise des vocations, ce virage idéologique serait, selon Emmanuel Macron, nécessaire pour « redonner l’envie » d’être professeur. Lancée le 2 septembre 2021, depuis le palais du Pharo, cette expérimentation a été menée dans le cadre d’un grand projet de rénovation d’infrastructures et de transports, « Marseille en grand », faisant de la cité phocéenne un « laboratoire de la République ». A l’époque, a rappelé le chef de l’Etat, il y a eu « beaucoup de mots négatifs qui venaient des forces syndicales nationales, parce qu’on changeait les lignes habituelles ». Aujourd’hui, le président savoure les prémices d’une victoire. « “Marseille en grand” montre la suite dans les idées que nous avons », affirme-t-il.

Lire aussi (2021) : Article réservé à nos abonnés Le plan « Marseille en grand » entre dans sa phase concrète

Revalorisation des salaires
Au sein de l’école Menpenti, les résultats des évaluations de CP et de CE1, qui mesurent, entre autres, le niveau en mathématiques, montraient année après année un nombre croissant d’élèves dits à « besoins particuliers ». Le « labo maths » a permis de faire entrer les enfants dans la discipline par le jeu et la manipulation, et de « donner confiance » à ceux qui avaient peur de se tromper, ont expliqué les enseignants.

Extrait de lemonde.fr du 03.06.22

 

Aux sources d’inspiration de l’« école du futur » vantée par Emmanuel Macron
Le projet défendu par le chef de l’Etat a des similitudes avec le système en vigueur dans l’enseignement privé. Et il est défendu depuis longtemps par Jean-Michel Blanquer, dont les idées survivent après son départ du gouvernement.

[...] Mais dans le public ? Le projet traîne dans les tiroirs de la Rue de Grenelle depuis les années Sarkozy. Du temps où il était directeur général de l’enseignement scolaire aux côtés du ministre Luc Chatel, Jean-Michel Blanquer l’a d’ailleurs défendu pour l’éducation prioritaire. Et même concrétisé, à une petite échelle : en 2011-2012, dans le cadre du programme écoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite (Eclair), quelque 300 collèges et lycées voyaient ainsi leur chef d’établissement éditer des « fiches de postes », émettre un avis sur les candidatures, mener des entretiens d’embauche… Des postes trouvèrent preneurs, beaucoup restèrent vacants.

[...] Cela n’a pas empêché M. Blanquer d’en reprendre l’idée dans son livre programmatique, L’Ecole de demain (Odile Jacob), signé en 2016, un an avant sa nomination au ministère de l’éducation. « Il faut repenser les mécanismes d’affectation et de mouvement qui constituent l’un des freins majeurs à la transformation du système éducatif », faisait alors valoir, dans un chapitre sur la « carrière des professeurs », celui qui était directeur de l’Essec. Un peu plus loin, il écrivait : « Comme c’est le cas pour l’enseignement privé sous contrat, le concours pourrait être une habilitation à enseigner, le recrutement étant de la responsabilité des chefs d’établissement qui publieraient des appels à candidature afin de pourvoir les besoins. » Cela rejoint l’idée des postes « à profil » proposés, chaque année, au recrutement par les rectorats (dans les classes européennes, les prépas…). Leur nombre a « légèrement augmenté » en dix ans, écrivait la Cour des comptes en 2017, jugeant l’« outil sous-utilisé ».

Extrait de lemonde.fr du 03.06.22

 

Bisounours
A Marseille, tout va bien dans l’école modèle de Macron

Le chef de l’Etat est venu constater, jeudi, les effets des « écoles du futur », vouées à être généralisées, dans un établissement peu représentatif du dispositif contesté.

[...] « Meilleure cohésion »
« C’est une révolution culturelle, s’enthousiasme d’emblée le préfet Christian Abrard, en charge du volet éducatif du plan Marseille en grand. D’habitude, dans l’Education nationale, beaucoup de choses arrivent d’en haut. Là, on partait d’en bas, on est passé du prêt-à-porter au sur-mesure. » A l’école Menpenti, située dans un quartier « classe moyenne » du centre-est marseillais, plutôt pas si mal lotie en comparaison de certains établissements du nord, ce sont les résultats des évaluations nationales qui ont poussé l’équipe à proposer un sujet autour des mathématiques. « L’idée était aussi de mettre à bas le déterminisme de certains enfants qui pensent qu’ils ne sont pas faits pour les maths », explique la directrice de la maternelle. La salle de bibliothèque a été récupérée pour y installer le labo. Pas de papier ni crayon, « l’idée c’est que les enfants manipulent », explique-t-elle.

Et les premiers résultats, encore fragiles vu le peu de recul, sont encourageants, répète l’équipe pédagogique. « Les enfants ont tout le temps envie d’y aller, assure une enseignante. Comme ils y travaillent en binôme ou en groupe, on voit aussi des répercussions au niveau de la classe, ça a permis une meilleure cohésion. » Chez les adultes, « ça a relancé une dynamique d’équipe, surtout après deux années difficiles liées au Covid », estime une autre instit.

Extrait de liberation.fr du 06.03.22

 

Emmanuel Macron veut généraliser « l’école du futur », les syndicats enseignants s’inquiètent
Le dispositif en test à Marseille permet notamment à un directeur d’établissement de participer au recrutement de son équipe pédagogique. Des représentants syndicaux craignent une rupture d’égalité de traitement et une « école à deux vitesses ».

Disruptif, encore et toujours. En déplacement à Marseille avec le ministre de l’éducation, Pap Ndiaye, Emmanuel Macron a déclaré, jeudi 2 juin, vouloir « généraliser » partout sur le territoire « l’école du futur », une expérimentation pédagogique menée dans la cité phocéenne. Cette approche doit permettre aux établissements de financer un projet innovant autour de la culture, des langues, de l’environnement ou des sciences, en donnant aux directeurs d’école la possibilité de participer au recrutement de leur équipe pédagogique.

Le chef de l’Etat avait lancé l’idée de « l’école du futur » en septembre 2021, lorsqu’il avait présenté le plan d’urgence « Marseille en grand », destiné à aider la deuxième ville de France, où le taux de pauvreté dépasse 50 % dans certains quartiers. Objectif selon l’Elysée : donner « davantage de liberté et d’autonomie aux équipes pédagogiques pour bâtir un système scolaire plus juste et plus inclusif ».

« Lignes rouges »
A l’école Menpenti, visitée par le chef de l’Etat – l’un des 59 établissements de la cité phocéenne retenus pour cette expérimentation –, le laboratoire de mathématiques doit fournir aux élèves « une activité authentique de recherche et d’expérimentation » en s’appuyant sur les « outils numériques, la manipulation et le jeu », selon un document interne que l’Agence France-Presse a pu consulter.

Lire l’éditorial du « Monde » : L’égalité éducative, vrai défi pour le ministre de l’éducation, Pap Ndiaye
Le maire socialiste de la ville, Benoît Payan, a salué devant la presse la volonté d’Emmanuel Macron de « mettre des moyens sur la table comme personne ne l’a fait avant », et de « faire faire des maths, des langues étrangères aux enfants ». « Mais il y a des lignes rouges : c’est l’école de la République, l’égalité de toutes les écoles », a souligné le maire, qui s’est dit « opposé » au recrutement des équipes pédagogiques par les directeurs d’établissement.

C’est aussi cette innovation que contestent les syndicats d’enseignants, puisqu’elle provoquerait un changement profond du modèle de l’éducation nationale. « L’éducation nationale n’est pas une somme de start-up », assène Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-UNSA. « Cette expérimentation remet gravement en cause le caractère national de l’école publique, le statut de fonctionnaires d’Etat des enseignants, l’égalité de traitement des personnels dans leur demande de mutation », renchérit la fédération FO de l’enseignement (FNEC FP-FO). D’autres évoquent le risque d’une « école à deux vitesses », avec des établissements mieux dotés que d’autres et pas forcément situés dans des quartiers défavorisés.

« Feuille de route »
« Cette expérimentation, c’est une vitrine alors que le président devrait se concentrer sur les sujets brûlants de l’éducation nationale que sont les salaires, le dégel du point d’indice ou encore la feuille de route du nouveau ministre, qui ne s’est toujours pas exprimé », estime Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. Près de l’école Menpenti, une trentaine de manifestants ont d’ailleurs demandé, en priorité, davantage de moyens pour l’éducation.

Extrait de lemonde.fr du 02.06.22

 

Éducation : en visite à Marseille, Macron veut généraliser les « Écoles du futur »
De passage dans la cité phocéenne ce jeudi, le président a annoncé qu’il souhaitait généraliser l’expérimentation lancée en septembre dernier dans les écoles marseillaises. Cette nouvelle méthode, testée dans 59 établissements, permet notamment aux directeurs d’école de choisir leurs professeurs.

[...] Parmi les écoles concernées, 38 sont classés en réseaux d’éducation prioritaire, telles que l’école du parc Kallisté, ou encore l’école Saint-André La Castellane. Les 21 autres ne le sont pas, comme l’école élémentaire La Blancarde, l’école du Rouet ou encore l’école élémentaire Calanques de Sormiou. Au total, près de 11 000 élèves et plus de 600 enseignants sont concernés par le dispositif.

Extrait de leparisien.fr du 02.06.22

 

Emmanuel Macron veut généraliser l’autonomie des écoles
À Marseille jeudi, le président de la République s’est affiché avec son ministre Pap Ndiaye, pour visiter l’un des 59 établissements « du futur », qui expérimentent des projets adaptés.

C’est sa dixième visite sur place. Entre son premier déplacement, mi-novembre 2016, et son retour dans la Cité phocéenne jeudi matin, Emmanuel Macron s’est rendu presque deux fois par an dans sa « ville de cœur ». L’occasion d’y annoncer, en septembre dernier, une vaste expérimentation de ce qu’il a appelé « l’école du futur », dans le cadre de son plan « Marseille en grand ». Le projet consiste notamment à accorder davantage de liberté pédagogique et d’autonomie aux directeurs et aux enseignants, pour mieux adapter les cursus aux élèves et à leurs spécificités.

À LIRE AUSSI Les grands chantiers de Pap Ndiaye, le nouveau ministre de l’Éducation

Résultat, neuf mois jour pour jour après ce fameux discours - « le temps d’une gestation », comme l’a relevé le préfet Christian Abrard, chargé de piloter l’opération -, le président de la République a souhaité se rendre dans l’un des 59 établissements tests, dans le quartier de Menpenti (10e arrondissement), pour un premier bilan. Après s’être lui-même essayé, au côté de plusieurs enfants…

Extrait de lefigaro.fr du 02.06.22

 

Rapprochements dans le « mode de gouvernance » du public vers le privé ?
Lors de sa visite à Marseille jeudi dernier, Emmanuel Macron a donné certaines indications ou perspectives qui peuvent être comprises comme un ’’précipité’’ en ce début de second quinquennat de ce qui était à l’ordre du jour depuis quelque temps et à l’horizon depuis la loi Debré instituant le cadre des établissements privés sous contrat.

Vers la fin de l’ouvrage « L’Ecole d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire » paru aux éditions Odile Jacob en mars 2021, j’avais déjà mis en évidence la problématique posée dès la mise en place de la loi Debré, et son actualité renouvelée.
« En présentant son projet de loi à l’Assemblée nationale le 23 décembre 1959, Michel Debré avait déclaré que « l’enseignement privé représente aussi une forme de collaboration à la mission d’éducation nationale, qui le fait participer à un service public ».

Le Bulletin du secrétariat général à l’enseignement catholique du 15 mai 1969 a rendu compte de cette orientation, et l’a reprise à son compte : « L’enseignement libre constitue un appoint indispensable à l’œuvre éducative de l’État : il gère une partie importante du service public d’enseignement. Partant de cette constatation, la loi Debré, dans ses grandes lignes, ne fait que reprendre en les adaptant au domaine de l’enseignement des techniques déjà employées dans d’autres secteurs : la sauvegarde de l’esprit d’initiative et de responsabilité conduit à recourir au procédé de la gestion d’une activité d’intérêt général par une personne ou un organisme de droit privé. Au sein même du secteur public économique, le récent rapport Nora a préconisé l’accroissement de l’autonomie des entreprises publiques ou semi publiques. »

La sociologue Lucie Tanguy a pu conclure dans un numéro de la Revue française de sociologie de 1972 : « Le débat qui précède et suit la loi Debré de décembre 1959 n’est plus posé dans les seuls termes idéologiques (laïcité, neutralité, liberté). De la justification d’interventions de l’État dans les processus économiques (comme les fusions et la décentralisation des entreprises), on déduit l’élargissement de la notion de service public recouvrant l’aide de l’État à des entreprises privées ; on légitime l’octroi d’un nouveau statut à l’enseignement privé, lequel ne fera que corroborer cette idée de service privé d’utilité publique. » (Revue française de sociologie, XIII, 1972, p.338.)

[...] On peut se demander à quel point cela est en route depuis la loi Dussopt de « transformation de la fonction publique » du 7 août 2019 (qui va dans le sens d’une certaine généralisation de la « contractualisation » et des « contractuels » à l’intérieur même de la fonction publique) »

Eh bien, cela semble se ’’précipiter’’

Extrait de blog.mediapart.fr/claude-lelievre/ du 03.06.22

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