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- J.-P. Delahaye dans Libération : Avant d’instaurer le soutien en 6e, appliquer partout en élémentaire l’heure d’activité pédagogique de soutien aux élèves en difficulté, qui fait partie des obligations de service des professeurs des écoles - Un communiqué du SNUipp

16 février 2023

Soyons au chevet de l’école primaire
par Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général de l’Education nationale honoraire

40 % des élèves n’auraient pas le niveau requis à l’entrée au collège. Les raisons  ? Le temps d’apprentissage concentré sur quelques longues journées et la formation des enseignants qui ne permet pas une véritable polyvalence.

De nombreuses évaluations nationales et internationales permettent d’établir un diagnostic peu satisfaisant sur l’état de l’école primaire, qui ne va pas bien. Ainsi, selon les dernières études de l’Education nationale, environ 40 % des élèves n’ont pas le niveau requis avant l’entrée au collège. C’est l’ensemble du système éducatif qui en est fragilisé.

Quelques mesures ont, certes, été prises dans l’urgence en début d’année, comme une dictée quotidienne, un temps de lecture et d’écriture d’au moins deux heures par jour en CM1 et en CM2 ou la résolution d’au moins dix problèmes par semaine. Mais personne ne peut penser que ces instructions seraient à la hauteur du problème. Nous pensons aussi à cette heure de soutien prévue à la rentrée prochaine en sixième et qui serait prise en charge au collège par des professeurs des écoles volontaires. Il faudrait peut-être s’assurer auparavant que l’heure d’activité pédagogique complémentaire de soutien aux élèves en difficulté (en plus des 24 heures de classe), et qui fait partie des obligations de service des professeurs des écoles, soit effectivement mise en œuvre dans toutes les écoles primaires. Si ce n’était pas le cas, le comble serait qu’on reporte au collège ce qui devrait être fait à l’école. Les causes des difficultés de l’école primaire sont, en réalité, beaucoup plus profondes, et les responsabilités sont anciennes et collectives.

[...] La semaine de quatre jours est une déscolarisation qui nuit à tous les enfants et qui pénalise gravement les plus démunis d’entre eux [...] Comment améliorer durablement les résultats des enfants des REP en dédoublant, certes, leurs effectifs mais en leur supprimant dans le même temps une heure de classe [...]

Extrait de liberation.fr du 15.02.23

 

Voir aussi Premier degré. Un décret actualise les obligations de service, notamment sur les APC. Réaction du Sgen qui demande par ailleurs un statut d’établissement pour les écoles primaires (ToutEduc)

 

Soutien 6ème : inefficacité et surcharge
La mise en place de l’heure de soutien en 6ème est censée répondre aux difficultés scolaires. Entre choix pédagogiques inappropriés, faisabilité incertaine et surcharge de travail, cette mesure relève d’une opération de communication qui ne répond ni aux besoins des élèves, ni à l’urgence d’une réelle revalorisation.

Les mesures annoncées
Dès la rentrée 2023, des heures hebdomadaires de soutien ou d’approfondissement seront assurées par des PE ou des certifié·es pour des petits groupes d’élèves dont la composition dépendra des résultats aux évaluations de 6ème. Cette heure sera prise dans le cadre des 26 heures des élèves en remplacement de l’heure de technologie.
Les PE qui s’engageront dans ces heures de soutien le feront sur la base du volontariat dans le cadre du “pacte” enseignant. À ce jour, aucun temps de concertation n’est prévu entre les PE et les enseignant·es de français ou de mathématiques des classes de 6ème.

Des réponses pédagogiques toujours aussi inadaptées
Alors qu’aucun bilan n’a été effectué de la suppression des PDMQDC ou de la mise en place des APC, que les postes de RASED ont été massivement supprimés, le Ministère met en place un nouveau dispositif de « remédiation ». Pourtant le bilan est implacable : si des difficultés persistent en sixième c’est que la priorité tant vantée au primaire n’a pas été donnée. Et ce nouveau dispositif, projeté sans aucun temps de concertation possible entre enseignant·es du primaire et du secondaire, sans continuité avec les apprentissages de la classe, ne répondra pas aux difficultés des élèves.
Il favorise en effet un modèle pédagogique d’activités répétitives d’entraînement sur des difficultés isolées. Ce choix didactique participe d’un plus grand resserrement sur les “fondamentaux” au détriment des contenus et apprentissages producteurs de sens, les seuls permettant réellement de démocratiser la réussite scolaire.
De plus, la différenciation par groupes de niveaux et objectifs d’apprentissage dès l’entrée au collège risque de creuser davantage les écarts en stigmatisant une partie des élèves.
La principale finalité de la mesure n’est pas la réussite de toutes et tous mais de donner l’impression aux parents d’élèves que l’institution prend en charge les difficultés de leurs enfants.

Une surcharge de travail intenable
En annonçant cette mesure, le Ministère démontre son manque total de connaissance de la réalité des écoles et de ses personnels. Ainsi la question du temps pendant lequel sera effectuée cette heure de soutien : entre les écoles qui travaillent encore le mercredi matin mais également les temps d’animation pédagogique qui passeraient en second lieu.

Par ailleurs, le temps de travail des enseignant·es explose. Les conditions de travail sont de plus en plus dégradées. Cette mesure s’instaure dans une continuité politique avec le précédent ministre et installe un véritable mépris du travail des enseignant·es.
Exiger du temps de travail supplémentaire est inconséquent et inadmissible.

La FSU-SNUipp a rappelé son opposition au « travailler plus pour gagner plus » du « pacte enseignant » et son exigence d’une revalorisation sans contrepartie le 8 février dernier : 300€ nets mensuels pour toutes et tous.

Dans un contexte où de nombreuses suppressions de postes mettent à mal les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignant.es, le Ministre, au lieu d’envisager des mesures permettant de lutter contre les difficultés scolaires au sein des écoles, reporte un soutien inadapté à l’entrée au collège. La FSU-SNUipp soutient les mobilisations lors des cartes scolaires actuelles pour permettre des conditions d’apprentissages permettant la réussite de toutes et tous.

Extrait de snuipp.fr du 13.02.23

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