> Evaluation, Orientation, Redoublement > Orientation scolaire > Orientation scolaire (Etudes) > Le brevet : - futur examen d’entrée au lycée ? - Dans le programme de (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Le brevet : - futur examen d’entrée au lycée ? - Dans le programme de Marine Le Pen en 2022 : deux articles de Claude Lelièvre

21 décembre 2023

Marine Le Pen : le brevet deviendra un examen d’orientation post- troisième
Cette injonction présente dans le programme de Marine Le Pen lors des présidentielles de 2022 a été reprise par le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal et figure en bonne place de ses annonces pour le ‘’choc des savoirs’’. Elle signe la fin du collège unique.

C’est d’ailleurs dans le paragraphe de son programme pour l’Ecole intitulé « le collège unique est une machine à échec » que figure la proposition-phare de Marine Le Pen « le diplôme national du brevet deviendra donc un examen d’orientation post-troisième : en fonction des résultats de l’élève et de ses bulletins scolaires, celui-ci sera orienté vers l’enseignement général et technologique, vers l’enseignement professionnel ou vers l’enseignement des métiers par l’apprentissage »

Gabriel Attal prétend s ’en prendre à un « glissement vers un collège plus uniforme qu’unique » mais son annonce d’un examen du brevet désormais condition nécessaire pour entrer en seconde et de « classes de prépa au lycée » pour ceux qui ne l’auraient pas obtenu du premier coup permet de se rendre compte de son intention réelle : mettre fin discrètement au collège unique à l’instar de Marine Le Pen et en reprenant à son compte pour l’essentiel sa proposition d’un nouveau rôle du brevet. Il n’y a pas que pour l’immigration que l’inspiration peut venir du Rassemblement national.

Depuis des dizaines d’années le « collège unique » est de fait l’objet d’une valse-hésitation entre être le prolongement de l’école primaire dont il serait la continuité dans la scolarité obligatoire ou bien être le prélude au lycée général, sur lequel il calque d’ailleurs son fonctionnement.

Le brevet n’a jamais été une condition pour entrer en seconde . Il a toujours été conçu comme un examen terminal. Faire du brevet l’examen de l’entrée en seconde changerait profondément son rôle (par-delà ses modalités changeantes) et serait choisir que la finalité du collège est d’être une propédeutique au lycée et non pas la deuxième phase d’une instruction obligatoire ( pour tous).

Ce serait donc la fin du « collège unique » (sans mot dire…), de son ambition et de son sens historique. Dans une tribune parue dans « Le Monde » du 21 octobre, le ministre de l’Education nationale de VGE – René Haby- a souligné que « la formule même de collège unique a été inventée et utilisée pour la première fois, en 1975, par le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing » tout en précisant qu’il s’agissait de « proposer à tous les jeunes Français de suivre ensemble un ‘’ tronc commun ‘’ de formation, prolongeant et élevant celle de l’école primaire, une action socialement très volontariste »

Valéry Giscard d’Estaing s’est prononcé là-dessus sans ambiguïté dans le « Monde » du 26 avril 2001 : « Tout le monde devait aller au collège, et tous les collèges devaient être les mêmes. Dans mon esprit, ceci devait s’accompagner d’une réflexion sur la définition de ce savoir commun qui devait être identique […]. Le débat doit se concentrer sur cette question : quels savoirs donner à cet ensemble de jeunes qui constituent un acquis culturel commun ? On n’a guère avancé depuis vingt-cinq ans. Au lieu d’avoir rabattu tout l’enseignement des collèges vers l’enseignement général, les rapprochant des classes de la 6° à la 3° des lycées d’autrefois, en un peu dégradé, il aurait mieux valu en faire une nouvelle étape de la construction du cycle scolaire »

Comme l’ont déjà souligné Philippe Raynaud et Paul Thibaud dans un livre qui a fait date (« La fin de l’école républicaine »), « l’idée centrale était de créer avec le ‘’collège unique’’ l’analogue de ce qu’avait été l’école primaire sous la troisième République ».

A la suite de la proposition datant de 2022 de Marine Le Pen, reprise pour l’essentiel par le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, fin de la ‘’valse hésitation’’ et fin ( sans mot dire) de l’orientation vers le ‘’collège unique’’. On n’arrête décidément pas le progrès ….

Extrait de blogs.mediapart.fr du 21.12.23

 

Le brevet, futur examen d’entrée au lycée ?

auteur
Claude Lelièvre
Enseignant-chercheur en histoire de l’éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité

Lors des multiples annonces du 5 décembre pour « un choc des savoirs », le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal s’est prononcé pour une réforme profonde du brevet. Plus que de revoir la manière dont se déroule et s’organise cet examen, il s’agirait de toucher à sa nature même, c’est-à-dire de changer ses finalités et son rôle.

À lire aussi : Créer des classes de niveau : atouts ou freins à la réussite des élèves ?

Aux évaluations de « compétences » converties en points, le ministre veut substituer un contrôle continu calculé à partir de la moyenne des notes obtenues dans chaque discipline. Il souhaite aussi que les épreuves terminales représentent 60 % de la note finale, au lieu de 50 % actuellement. Surtout, le diplôme du brevet devrait conditionner désormais l’accès direct au lycée. Il a déclaré :

« Les élèves en difficulté et qui n’obtiendront pas leur brevet ne feront pas leur entrée en seconde l’année suivante, mais rejoindront une classe “prépa-lycée” pour consolider leur niveau, rattraper leur retard et être mieux armés pour la suite. »

Cette obligation d’avoir le brevet pour entrer en seconde serait une nouveauté historique totale car elle n’a jamais existé jusqu’alors.

Extrait de theconversation.com du 07.12.23

Répondre à cet article