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Plus de maîtres que de classes : témoignage d’un maître surnuméraire dans le groupe scolaire RRS Joliot-Curie à Bagneux (Hauts-de-Seine) dans Fenêtres sur cours (SNUipp, juin 2013)

16 juillet 2013

Plus de maîtres que de classes. Un nouveau collectif de travail

Cette revendication historique portée par le SNUipp-FSU a été retenue par le ministre de l’éducation, dans les priorités données à l’école primaire. A la rentrée prochaine, 759 enseignants supplémentaires viendront en surnombre, dans les écoles en éducation prioritaire ou dans les territoires ruraux en difficulté. Ce chiffre devrait monter à 7000 d’ici la fin du quinquennat.

Si ce changement est loin de concerner toutes les écoles, il peut permettre de repenser le travail en équipe. Il s’agit en effet de passer d’un enseignant, seul dans sa classe pendant un an, à une multiplication d’organisations possibles : à deux dans une classe, en regroupant des élèves de classes différentes, en mettant en place des ateliers ... Autant de choix qui ne s’improvisent pas. Si l’objectif est bien d’aider les élèves en difficulté pour favoriser la réussite de tous, le dispositif plus de « maîtres que de classes » ne peut se réduire à la mise en place d’un simple soutien, ni à remplacer les RASED et le travail des enseignants spécialisés.

Un maître supplémentaire c’est l’occasion de créer un renouveau pédagogique, à condition de pouvoir définir les modalités de son intervention en fonction de la situation et du contexte de l’école, en fonction des besoins de l’équipe. Les enseignants doivent donc avoir la main pour mener une réflexion commune et un travail collaboratif. Car il s’agit bien de modifier l’organisation du travail en développant des co-interventions, en explicitant collectivement les enjeux d’apprentissage et les remédiations possibles, en mettant en place des aménagements pour une différenciation pédagogique. Développer une vision innovante des pratiques, mettre en place des collectifs de travail, discuter, s’accorder... demandent du temps et de l’énergie. Une formation initiale et continue, des temps de concertation sur le temps de travail, sont indispensables pour construire les projets et les ré-ajuster.

Témoignage
Thomas Saugier, maître surnuméraire dans le groupe scolaire Joliot-Curie à Bagneux dans les Hauts-de-Seine.

J’interviens depuis plusieurs années dans ce groupe scolaire, dans le cadre du projet d’école au sein de dispositifs sur le lire-écrire, sur des ateliers de résolution de problèmes et de géométrie, et parfois, à la demande de mes collègues pour un « coup de pouce » pour des élèves ayant des difficultés passagères. Les formes sont très diverses : décloisonnement par demi-classe, organisation de petits groupes, ateliers en maternelle…
Evidemment cela demande du temps de préparation avec les autres enseignants. Les concertations officielles ne suffisent pas. On prend aussi sur le temps d’aide personnalisée pour préparer les projets en amont ou pour donner des billes aux nouveaux collègues et n’ont pas l’habitude de fonctionner avec plus de maîtres que de classes. Ces moments sont essentiels. Ils nous permettent de confronter nos pratiques, d’élaborer collectivement les projets, que ce soit pour une classe ou pour l’école.
Mais c’est une charge de travail supplémentaire pour mes collègues, à qui on demande toujours plus. Le temps nous manque. Pour ma part, ce fonctionnement me permet d’avoir un recul quotidien et de constater le bénéfice pour les élèves les plus en difficulté qui se sentent moins noyés dans la classe, avec des adultes plus à proximité.
Je pense que c’est aussi un vrai plus pour l’équipe, même si la dynamique tient plus aux personnes qu’au dispositif lui-même. Je peux être force de proposition, mais je ne peux pas, seul, alimenter le dispositif. Cela fonctionne parce qu’on cherche ensemble comment faire pour mieux faire.

Travail en équipe. Le point de vue du SNUipp-FSU.

Depuis sa création, le SNUipp-FSU associe la revendication du travail en équipe à celle de « plus de maîtres que de classes ». Au-delà de l’expression et du slogan, cette revendication est une condition essentielle de la transformation du fonctionnement de l’école que souhaite le SNUipp-FSU. Cependant, le travail en équipe ne s’improvise pas. Il nécessite une formation, une vraie réflexion et des temps de concertation. Le ministère a annoncé que, pour la rentrée prochaine, 24h annuelles supplémentaires de concertation seront prises sur les 108h de service en dehors du temps de classe. Elles seront consacrées notamment à « l’identification des besoins des élèves, à l’organisation des Activités Pédagogiques Complémentaires et à leur articulation avec les autres moyens mis en œuvre », dont le « plus de maîtres que de classes ». Le SNUipp prend acte de cette première prise en compte de ses demandes. Pour autant, il continue à revendiquer trois heures de concertation hebdomadaire pour que soient mieux reconnues toutes les dimensions du travail invisible.

Extrait de Fenêtres sur cours du 25.06.2013 (p. 5 du PDF de 8 pages)

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