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"La classe au bout du voyage : le quotidien de jeunes migrants raconté par leur professeur", Nadine Croguennec-Galland, L’Harmattan, 2009

21 mars 2014

« La classe au bout du voyage : le quotidien de jeunes migrants raconté par leur professeur »,
Nadine Croguennec-Galland,
L’Harmattan, ISBN : 978-2-296-08953-2
Mai 2009
106 pages

Présentation sur le site de l’académie de Paris

 

La classe au bout du voyage : Une autre "Cour de Babel"

Actuellement chargée de mission au Centre académique pour l’accueil des élèves nouveaux arrivants et du voyage à Paris, Nadine Croguennec-Galland, professeur de lettres modernes, a longtemps enseigné en classe d’accueil de lycée professionnel. Avec ce livre, elle raconte, à travers les récits croisés de ses élèves, « le quotidien de jeunes migrants », leur « voyage » vers une nouvelle vie. Et son témoignage écrit apparaît comme le « hors champ » du documentaire de Julie Bertuccelli.

Vie précaire
L’ouvrage s’ouvre par le récit, fait à la première personne, d’un jeune afghan décrivant son arrivée clandestine à Marseille, alors qu’il est jeté hors du camion par le passeur en pleine nuit, son voyage en train jusqu’à Paris et le coup de fil sauveur à l’oncle Hassan qui va l’héberger. Aram -c’est son prénom-est un des élèves de la classe d’accueil de lycée professionnel confiée à Nadine Croguennec-Galland, une classe qui compte en début d’année scolaire sept garçons et deux filles, venus du Mali, du Nigéria, de Chine, de Colombie, d’Afghanistan, du Tibet et du Sri Lanka.

Bateau classe
Dans une démarche d’empathie, l’enseignante elle aussi fait part de ses appréhensions, de ses doutes et de ses enthousiasmes avant la rentrée et tout au long de son année scolaire. Son témoignage alterne avec des lettres d’Aram à son ami Omar resté au pays natal jusqu’au départ à Noël pour un « nouveau lieu de vie » trouvé par l’Aide sociale à l’enfance à ce lycéen afghan en attente de droit d’asile. Le regard ainsi porté sur l’expérience douloureuse d’Aram donne une autre idée des capacités d’adaptation dont doivent faire preuve chacun des adolescents ici scolarisés d’autant qu’en milieu d’année, une « nouvelle vague »,-cinq élèves originaires d’Ethiopie, du Bengladesh, du Zimbabwe et de Chine-, arrive dans la classe. Ces derniers viennent de passer six mois en classe de français intensif avant de rejoindre la classe d’accueil. Un moment très délicat que l’enseignante redoute en ces termes : « notre bateau-classe va tanguer sur les eaux de ‘l’intégration’ des nouveaux arrivants par les ‘anciens nouveaux arrivants’. Notre classe comme un modèle réduit de la société ! ».

Expériences précoces
Et Nadine Croquennec-Galland ne dissimule pas les tensions entre les élèves nées de cette situation nouvelle, ni les préjugés ou les rejets d’élèves « pas comme les autres » manifestés par certains. Elle insiste surtout, à travers des récits restitués à la première personne, sur les morceaux de vie, antérieurs à l’arrivée en France, souvent tragiques, qui peuvent surgir de façon inattendue au cours d’un stage photographique ou d’un atelier d’écriture. Ces témoignages vrais sur les circonstances d’un départ précipité, d’un exil forcé et d’une arrivée voulue en France, mêlés au journal de bord de l’enseignante, offrent, dans leur forme subjective et lyrique, un hors champ à « La cour de Babel », sur ce que la cinéaste suggère sans le montrer : la force de l’engagement de la pédagogue, l’énergie déployée par de jeunes migrants pour trouver « la classe au bout du voyage » et le chemin de leur intégration en France.

Samra Bonvoisin

Extrait de L’Expresso du 19.03.2014 : La classe au bout du voyage : Une autre "Cour de Babel"

 

Voir aussi La cour de Babel

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