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B* Echanges de savoirs : organiser un marché des connaissances au collège REP+ Evariste Galois de Sevran

6 mai

Un marché... des connaissances !

En ce jeudi 7 mars, l’effervescence est à son comble au collège [REP+] Evariste Galois à Sevran. Et pour cause, aujourd’hui a lieu le marché des connaissances, un des grands rendez-vous de l’année de 6e au collège. Tout le monde s’affaire dans les couloirs sous les yeux bienveillants des adultes du collège.

Un marché qui a commencé en 2019

C’est au cours de l’année scolaire 2019-2020 que le premier marché s’est tenu. Le marché des connaissances, temps fort du projet 6e , a rencontré dès sa première édition un succès qui se confirme d’années en années. Cet événement, attendu avec impatience par les élèves de 6e , est apprécié par l’ensemble de la communauté éducative, tant il permet la coopération à différents niveaux, entre élèves, mais aussi entre adultes de l’établissement.

Le principe en est simple ; ici, on « vend » et on « achète » des connaissances entre élèves. Dans ce marché, toutes les connaissances sont bonnes à prendre ! Qu’il s’agisse d’apprendre à faire un « shuriken » en origami, ou de transmettre une recette de cuisine, comme le pudding autrichien, de connaître l’histoire d’un temple hindou, d’apprendre des rudiments de langage en langue kabyle, d’apprendre à plaquer correctement ses cheveux, chacun peut y trouver son bonheur selon ses envies du moment. Aucune connaissance n’est jugée « inutile » ou « indigne » : c’est là la grande force de ce marché qui rencontre un vif succès auprès des élèves car il se joue bien plus qu’une transmission des connaissances.

Un protocole d’organisation précis

L’organisation pédagogique de ce grand marché de connaissances exige un temps de préparation conséquent, mais ce temps n’est pas vainement dépensé quand on observe l’enthousiasme des élèves, leur investissement et ces allers- retours des « acheteurs » et des « vendeurs » semblable à une grande valse dont la chorégraphie est parfaitement orchestrée. Et cette parfaite mécanique n’a été rendue possible que grâce au travail de l’ensemble des professeurs principaux de 6e qui ont supervisé l’organisation de ce marché d’un bout à l’autre. Se sont associés à eux les professeurs des classes d’UPE2A et de SEGPA dont les classes participent au projet.

En novembre commence un premier travail de sondage auprès des élèves pour recenser les connaissances qu’ils pourront proposer lors de la vente. A ce moment-là, les enseignants insistent : « tous les élèves doivent proposer quelque chose ». Le principe pédagogique : la notion de réciprocité. Le recensement des propositions permet ensuite de créer des pôles regroupant des connaissances associées à un même thème : cuisine, sport, langues, voyage, cultures... On demande aux élèves « vendeurs » de remplir une fiche recensant le matériel dont ils auront besoin pour mener à bien leur vente. Une fois les « stands » identifiés selon leur pôle, leur spécialité en somme, un travail logistique se fait en association avec les personnels de direction et la vie scolaire, pour organiser les allées et venues des élèves selon un planning rigoureux comprenant des adultes chargés de l’encadrement des élèves. Ces derniers s’assurent ainsi que les nouveaux vendeurs prennent place dans la salle qui leur a été affectée. On retrouvera ainsi tous les vendeurs sportifs, cuisiniers, polyglottes dans les mêmes aires pour faciliter le repérage lors de la circulation des acheteurs.

L’exemple type d’un échange des savoirs

Dans une session de vente, le déroulé est toujours le même ; une fois les présentations faites, l’acheteur écoute, réalise, pratique en lien avec les explications liées à l’objet de son achat ou pratique (cours d’origami, recette de cuisine, cours de langue etc.). Les conditions de transmission des connaissances ont été pensées en amont. S’ensuit une vérification de la bonne compréhension du savoir transmis par le vendeur ; quizz, jeu de devinettes, répétition du geste pour les activités sportives, toutes les mises en œuvre sont bonnes pour s’assurer que la connaissance a été acquise. Un « ticket », ou n’importe quel support, joue le rôle d’attestation de réussite. Une fois les deux sessions terminées, les PP retrouvent tous les élèves de leur classe pour un moment de débriefing autour de cette expérience pédagogique. Ces échanges favorisent le développement de leur esprit critique et de leur expression orale.

Des échanges réciproques des savoirs

Chacun y trouve une valorisation de son savoir, et la notion de transmission, entre pairs ou, dans un rapport inversé, entre élèves et professeurs, y trouve tout son sens. Les adultes, s’installant en face des élèves, mais de l’autre côté du bureau, bouleversent la verticalité des rapports de transmission auxquels les élèves, mais aussi les enseignants, sont accoutumés. Les « sachants » redeviennent à leur tour « apprenants ». Au début, les explications sont balbutiantes, mais au fur et à mesure des « ventes », les langues se délient et les démonstrations se font plus précises, avec un ton plus confiant. C’est aussi, la question de l’oral qui est en jeu dans ce projet. Ainsi, la gêne s’évapore et laisse place au plaisir de montrer que l’on « connaît » aussi des « choses ». En fin de compte, une des vertus de ce marché de connaissances est de prouver aux élèves que le Savoir n’est pas élitiste ou simplement scolaire, que chacun d’eux a un domaine d’expertise dont il peut faire profiter les autres. Cette mise en œuvre pédagogique a également le mérite de nourrir l’estime personnelle des élèves en même temps qu’elle leur apprend à gérer les gestes qui accompagnent la transmission du savoir, comme le fait de regarder son interlocuteur, de parler assez lentement et clairement pour être compris et de développer, dans les échanges, une complicité nécessaire à l’adhésion.

Les élèves de CM2 et de 6e journalistes de l’événement

Les élèves du CVC (conseil de la vie collégienne) ont préparé des questionnaires sur le modèle des questionnaires des « incollables », à destination des élèves et des adultes du collège. L’objectif est de mesurer l’impact de ce marché de connaissances sur le rapport des élèves mais aussi des adultes du collège sur cette gestion particulière de la transmission des savoirs. A l’issue des échanges que les membres du CVC auront pu mener, un article rédigé par ces derniers, paraîtra dans le blog du collège.
Parallèlement, deux classes de CM2 de l’école primaire Anatole France, rattachée au réseau, se sont également déplacées pour l’occasion. Dans le cadre de la liaison CM2-6e , les élèves de CM2 participent à ce projet en tant que journalistes en herbe. Munis de leur matériel radiophonique, financé par la cité
éducative, ils déambulent d’un stand à l’autre recueillant les témoignages des 6e sur leur participation à ce marché de connaissances. Les discussions sur le choix du stand, les ressentis des 6e , sur le temps de préparation que cela a exigé… Les liens commencent à se tisser et certaines affinités se créent, certains élèves de CM2, se pliant au jeu des achats par la même occasion.

M. MARCHAL, principal de l’établissement, avait convié Mme KUEHN, DAASEN, ainsi que Mme HUILLERY-PERRIN, IA-IPR correspondante académique pour l’éducation prioritaire, pour qu’elles puissent observer la mise en place de ce marché de connaissances. Elles ont profité de cette occasion pour saluer l’investissement des élèves et de l’équipe éducative dans ce projet.

Pour aller plus loin : S. Connac, Organiser la coopération entre élèves, Fiche 7 : Les marchés de connaissances (2 pages)

Extrait de carep.ac-creteil.fr du 07.04.24

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