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Continuité pédagogique. Débat sur la privatisation de l’école et le numérique éducatif : Alain Bouvier, Paul Devin, Bruno Devauchelle

10 avril 2020

Paul Devin : le temps des prophètes : la crise annonce-t-elle la fin de l’Éducation nationale ?

Les crises incitent toujours à l’expression de discours visionnaires. Quand la réalité n’est que doutes et incertitudes, il est toujours quelques esprits qui pensant disposer de capacités d’analyse leur permettant une vision de l’avenir, en profitent pour donner une formulation prophétique à ce qui reste, en fait, leur idéologie libérale habituelle de privatisation de l’éducation.

Extrait de mediapart.fr/paul-devin.fr du .9.04.20

 

Pour Alain Bouvier, la crise sanitaire va faire évoluer le statut des enseignants
Dans un second texte envoyé à des correspondants, curieusement non publié sur son blog, Alain Bouvier revient sur la crise sanitaire et ses effets. Evoquant l’Ecole d’après, il annonce un enseignement en présentiel et à distance plus individualisé et des enseignants coachs sous la surveillance des parents.

Extrait de cafepedagogique.net du 09.04.20

 

Alain Bouvier : Avec le Covid-19, la privatisation de l’éducation ?
L’École pourra t-elle rester comme avant après le Covid-19 ? Auteur d’un article précurseur au moment de la pandémie du H1N1 en 2009, Alain Bouvier, ancien membre du HCE, rédacteur en chef de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, analyse les effets que pourrait avoir le Covid-19 sur l’École. Pour lui, c’est la fin de l’éducation nationale uniforme et un grand pas vers la privatisation.

Extrait de cafepedagogique.net du 190.320

 

Bruno Devauchelle : Chronique d’un confinement 4
La crise va t-elle raviver les consciences , demande Bruno Devauchelle. "La prise de conscience de notre fragilité d’humains va probablement être à la base de nombreux débats, échanges, recherches, dans les temps à venir, mais pour l’instant nous sommes en expérience "in vivo", sachons l’observer". Dans ce 4ème journal du confinement il évoque le bac, la personnalisation, les états généraux du numérique et nos consciences…

[...] 3 – Les Etats généraux du numérique

Dans la longue liste de ses prises de parole, Le 5 avril le ministre s’exprime à France Inter : "Je monterai des états généraux du numérique éducatif à la rentrée, pour faire le point sur les enseignements positifs qu’on veut tirer de ce qui s’est passé.". En interne on sait aussi qu’on s’interrogera sur les points négatifs, les fameux "trous dans la raquette" (une expression qui va devenir culte). Il est vrai que la crise du coronavirus a mis à terre le grand projet poitevin "In Fine" avec sa cohorte de colloques, marchands, Edtech et autres contempteurs du numérique éducatif (dont votre serviteur d’ailleurs).

Du coup l’idée lui est venue de faire quelque chose à Poitiers en fin septembre début octobre. Cette annonce en a surpris plus d’un qui en étaient encore à l’abandon d’InFine de début juin et à la gestion de la crise du Covid-19. Là encore on sent l’improvisation, ou plutôt pour parler politiquement correct, l’adaptation, la réactivité, l’intelligence adaptative.... L’idée de ces états généraux risque de se traduire par des débats difficiles autour des inégalités. Pascal Plantard, à deux reprises dans le journal le Monde, les a largement analysées. Mais surtout elles manquent en fait d’une analyse préalable qui sera bien plus importante et nécessaire : les états généraux de l’enseignement/apprentissage face à un cadre de vie quotidienne jusqu’alors inconnu. Le numérique serait alors une des variables à analyser, mais peut-être pas la principale. Il serait intéressant de questionner l’autonomie des élèves face aux apprentissages.

4 - Personnaliser... la chance de la situation actuelle avec le numérique, oui mais pas individualiser l’apprentissage

Personnaliser c’est permettre à chaque personne de faire son chemin dans les apprentissages. Individualiser c’est apporter à chaque individu un parcours différent selon ses caractéristiques d’apprenant. Pour personnaliser un enseignement, il faut une interaction entre l’enseignant et les apprenants (et pas forcément un seul). Avec la situation d’enseignement à distance, les enseignants découvrent plus largement que les parcours dans les apprentissages ne se révèlent pas de la même manière que dans la classe. De nombreux échanges, quand les élèves le peuvent ou le veulent, entre eux et avec leurs enseignants sont porteur de cette possibilité de personnalisation. La compétence principale d’un enseignant, adapter ses propositions aux élèves, est ici renforcée, pour peu qu’il soit à leur écoute. Avec la mise à distance l’écoute est différente et les traces fournies particulièrement intéressantes. Dans nos travaux précédents sur l’enseignement à distance en lycée, avec les enseignants nous avons repéré l’intérêt de ces retours personnels parfois de groupe (les élèves rapportent leurs échanges et leurs interrogations) sous la forme écrite. Le fait de recevoir un écrit n’est pas de même nature que lorsqu’un élève pose une question en classe. D’ailleurs en classe l’effet groupe est parfois étouffant, réduisant les interactions à de simples rituels...

Les moyens numériques apportent cette possibilité nouvelle que la classe traditionnelle ne permet pas ou difficilement. Ainsi on peut espérer qu’une réflexion plus large sur la personnalisation dans l’enseignement se développe après la crise actuelle. On peut espérer qu’elle prendra la place des travaux sur l’individualisation qui sont souvent marqués par un fond idéologique libéral de concurrence entre élèves. Personnaliser les apprentissages peut s’appuyer sur le numérique et en particulier sur l’hybridation qu’il permet : associer synchrone et asynchrone, pourquoi pas ?

Extrait de cafepedagogique.net du 10.04.05

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