- De l’école publique au privé : ces parents qui virent de bord (une enquête du Pélerin) - rappel de l’étude de 2017 (Education & formations)

9 juin 2023

De l’école publique au privé : Ces parents qui virent de bord
Alors qu’un protocole pour renforcer la mixité sociale conclu fin mai entre le ministère de l’Éducation nationale et l’Enseignement catholique vient d’être signé, l’attractivité de ce dernier ne se dément pas. Des parents qui ont grandi hors de la sphère catholique et ont toujours cru dans le public se tournent désormais vers le privé.

Maxime et Sophie, avec leur fille Anaé (6 ans) et leurs jumelles Manon et Lise (3 ans) découvrent la cour de l’école privée Sainte-Opportune, de Saint-Père-en-Retz (Loire-Atlantique) que les filles intégreront en septembre.

[...] Alors que Jalelle est musulman et Christine athée, la famille ne considère pas l’enseignement religieux comme une priorité. "Seule compte l’excellence que semble offrir le privé", poursuit, en aparté, la mère d’Ambre. Une famille dont le profil se retrouve de plus en plus dans le paysage scolaire privé. "Il y a vingt ou trente ans, 99 % des élèves étaient catholiques, se souvient Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique (lire l’interview). Ce n’est plus le cas de nos jours, la société a évolué." [...]

Un phénomène confirmé par Christophe Bansard, le proviseur du lycée Jeanne-d’Arc. S’il assure "ne pas vouloir relancer la guerre scolaire avec le public", il reçoit souvent des parents n’ayant pas grandi dans une communauté chrétienne et pourtant "séduits par son offre pédagogique". "L’attractivité de l’enseignement catholique semble désormais une affaire de marché scolaire plutôt que de raisons religieuses", confirme François Dubet, sociologue et spécialiste de ces questions.

Au fil des ans, l’ancien clivage idéologique autour de l’école s’effacerait-il petit à petit ? Les guerres scolaires entre les camps "laïc de gauche" propublic et "catholique de droite" proprivé, qui connurent leur point d’orgue lors des manifestations de défense de l’école libre en 1984, semblent appartenir à l’histoire ancienne. "Les jeunes parents nés dans les années 1980- 1990 mettent aujourd’hui leurs enfants dans le privé alors qu’ils avaient eux-mêmes fait leurs études dans le public et qu’ils s’affirment de gauche", analyse le politologue Jérôme Fourquet, auteur de L’archipel français (Éd. Seuil, 2019). [...]

[...] Une question de suivi
"Le privé est devenu le refuge contre le sentiment de déclin général de l’Éducation nationale", décrit à ce propos le politologue Jérôme Fourquet. Refuge ou fuite, selon les points de vue, le manque de suivi imputé au public semble être un argument de poids des familles. "En voyant les copains dont les enfants sont dans le privé, on remarque vite qu’ils sont mis dans la boucle. Nous, à la maternelle publique, on en est à réclamer des rendez-vous avec l’instit", explique Sophie Richet, de Pornic.

Extrait de lepelerin.fr du 06.06.23

Qui choisit l’école privée, et pour quels résultats scolaires ?
Denis Fougère (1) , Olivier Monso (2) , Audrey Rain (3) , Maxime Tô (4)
1 OSC - Observatoire sociologique du changement (Sciences Po, CNRS)
2 DEPP - Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance
3 CREST - Centre de Recherche en Économie et Statistique
4 UCL - University College of London [London]

Éducation & formations, 2017,

Extrait de hal.science de mars 2023

Sur le site OZP Deux études des panels DEPP en collège sur la mixité sociale ou ethnique : - La concentration d’élèves d’origine étrangère - Qui choisit l’école privée et pour quels résultats scolaires ? (Education & Formations, déc. 2017)

Rubriques

Mots-clés

- De l’école publique au privé : ces parents qui virent de bord (une enquête du Pélerin) - rappel de l’étude de 2017 (Education & formations)

Répondre à cet article

Dans la même rubrique