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"L’ascenseur social" est-il davantage en panne en France qu’ailleurs ? (Education & formations) (présentation ToutEduc)

13 juillet 2023

"L’ascenseur social" est-il davantage en panne en France qu’ailleurs ? (DEPP)
"L’ascenseur social" est-il davantage en panne en France que dans d’autres pays comparables ? Même s’il n’emploie pas cette expression, c’est bien la question que se pose Clément Dherbécourt dans un article publié par la revue Education et Formation (DEPP).

Il observe bien "des écarts significatifs d’espérance de revenu selon l’origine sociale". "Un fils d’ouvrier non qualifié gagne environ la moitié du revenu moyen des fils de cadres." Le revenu d’activité moyen des fils d’ouvriers âgés de 30 à 45 ans, qualifiés ou non, correspond à 61 % de celui des fils de cadres âgés de 30 à 45 ans (pour des raisons techniques, l’analyse est limitée aux revenus des jeunes hommes "dont le taux d’activité est plus stable au cours du temps"). Entre 1993 et 2014, "les écarts de revenu selon la profession du père sont globalement assez stables", même s’ils tendent à se réduire "entre fils d’ouvriers qualifiés et fils de cadres, et plus encore entre les enfants d’agriculteurs et de cadres".

Mais il s’agit là de revenus moyens. L’auteur montre qu’il faut compter avec une "forte hétérogénéité des distributions de revenus au sein de chaque catégorie d’origine sociale (...) : 20 % des fils d’ouvriers qualifiés ont un revenu d’activité mensuel inférieur à 1 000 €, 20 % sont au-dessus de 2 500 €." Et quel est le rôle joué par le niveau et la spécialité du diplôme obtenu ? La carrière éducative explique "31 % de la variance des revenus des enfants de cadres, 28 % pour les professions intermédiaires, 29 % pour les employés, 22 % des ouvriers qualifiés et 35 % des ouvriers non qualifiés. Les fils d’agriculteurs sont la seule catégorie pour laquelle le niveau et la spécialité du diplôme expliquent plus de la moitié des écarts (...). Une part importante de l’hétérogénéité des revenus à origine sociale donnée ne s’explique donc pas par le diplôme ou la spécialité (...). Les phénomènes de mobilité ascendante (définie par l’accès à un revenu élevé des enfants d’origine défavorisée) ou descendante (enfants d’origine favorisée à faibles revenus) ne s’expliquent qu’en partie par la carrière éducative."

Certes, comme le montre l’enquête PISA, "les 10 % des élèves français les plus favorisés – au sens de la position sociale de leurs parents – ont un score en lecture 34 % supérieur au score des 10 % des élèves les moins favorisés". D’ailleurs, toujours selon l’OCDE, "l’inertie intergénérationnelle des revenus, soit la part de l’inégalité de revenu entre parents qui subsiste à la génération suivante, est de 53 %" en France, ce qui est important.

Mais a contrario, toujours selon l’OCDE, "la France se classe mieux que les États-Unis et l’Allemagne en matière de mobilité positionnelle des enfants d’origine favorisée et défavorisée", ce qui contredit "l’idée que les familles populaires auraient moins de chances de promotion sociale en France qu’ailleurs". Certes, "selon toute vraisemblance, l’inertie est plus élevée en France que dans les pays scandinaves", mais "la question de l’écart entre la France, les États-Unis et les grands pays européens, en termes d’inertie et de mobilité positionnelle, reste ouverte (...). Il serait pertinent de s’interroger sur l’effet de certaines spécificités du système éducatif français (...), la forte sélectivité sociale de l’accès à l’enseignement supérieur, notamment pour les filières les plus prestigieuses (...), font partie des pistes à explorer pour comprendre le niveau apparemment limité de mobilité intergénérationnelle en France."

 

"Mesurer la mobilité intergénérationnelle et l’inégalité des chances à partir du revenu. Une opportunité pour (ré)évaluer le lien entre éducation et destin individuel",
Education & Formations, n° 105, juillet 2023.

En France, la mobilité sociale est traditionnellement mesurée à partir des professions. Une littérature très riche est disponible notamment sur la force du lien entre la profession des parents et des enfants, et sur le rôle joué par l’éducation dans la reproduction des positions professionnelles (voir notamment Vallet [2017], Collet & Penicaud [2021] et Bouchet-Valat et al. [2016] pour un éclairage récent sur ces questions).

En revanche, le revenu reste encore peu utilisé pour analyser la mobilité entre générations en France. À l’échelle internationale, l’étude de la mobilité intergénérationnelle des revenus est en expansion rapide, notamment en Scandinavie et aux États-Unis, qui disposent de bases de données administratives intergénérationnelles à grande échelle.

Le but de cet article est de présenter l’intérêt des approches de l’inégalité des chances et de la mobilité intergénérationnelle à partir des revenus, pour les chercheurs du champ de l’éducation.

Extrait de cairn.info de juillet 2023

Voir aussi un article publié en 2020 par France Sratégie ici
La mobilité sociale. Que sait-on vraiment

Extrait de touteduc.fr du 11.07.23

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