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Répondant aux questions des députés, le ministre précise sa position sur une quinzaine de thèmes dont la maternelle à deux ans et l’éducation prioritaire (ToutEduc)

22 janvier 2018

De la maternelle à deux ans à l’évaluation du système scolaire : les réponses de J-M Blanquer aux députés

Maternelle à deux ans, apprentissage des langues étrangères, missions de l’école, visite médicale, école rurale, éducation prioritaire, recrutement des enseignants, évaluation du système éducatif... le ministre de l’Education nationale a répondu, mardi 16 et mercredi 17 janvier à de nombreuses questions des députés. Voici les éléments saillants et nouveaux de ses réponses, classés selon l’âge des publics concernés.

Ecoles maternelle, continuité 0-6 ans
"Une étude très récente de France stratégie relativise l’intérêt de la scolarisation à deux ans. Pour ma part, je pense qu’il faut faire preuve d’un grand pragmatisme (...) Il faut d’abord veiller à ce que la totalité ou la quasi-totalité des élèves de France puissent effectivement bénéficier d’une scolarisation à trois ans. Ensuite, de façon très pragmatique, il sera possible d’encourager, au cas par cas, la scolarisation à deux ans ou d’autres formules en faveur d’une plus grande égalité (...)
Ces questions renvoient aussi à ce qui se passe en crèche et, plus généralement, à la politique de la petite enfance, de zéro à trois ans. À mes yeux, cette piste est encore plus importante, même beaucoup plus importante, que la scolarisation à deux ans. La complémentarité entre les politiques menées, d’une part, de zéro à trois ans, et, d’autre part, de trois à six ans doit être l’objectif principal du travail que nous allons effectuer dans un cadre interministériel."

"On ne saurait tout fonder sur cette politique de scolarisation dès deux ans – même si à mes yeux, il importe d’en maintenir la possibilité sans pour autant en faire l’alpha et l’oméga de la politique de la petite enfance."

"La mission sur la lutte contre la pauvreté (...) et celle confiée à Boris Cyrulnik sont très complémentaires. Bien entendu, elles doivent travailler de façon cohérente afin que nous puissions définir, d’ici quelques mois, ce chemin de zéro à six ans qui permettra de lutter contre la première des inégalités : l’inégalité devant le langage."

"Les Assises de l’école maternelle, qui se tiendront à la fin du mois de mars, appuyées sur un rapport de Boris Cyrulnik, valoriseront la présence de la musique et d’autres vecteurs culturels à l’école maternelle."

L’apprentissage précoce des langues étrangères
"Je ne voudrais pas opposer la maîtrise du français à celle des langues étrangères. (...) Le fait d’apprendre une autre langue sert à l’apprentissage du français (...) Il est tout à fait démontré que plus cet apprentissage intervient tôt, meilleur c’est pour l’enfant. Cela est bon non seulement pour l’apprentissage de cette langue mais également, plus généralement, sur le plan cognitif. L’on pourrait d’ailleurs faire le parallèle entre l’apprentissage d’une première langue étrangère et celui de la musique ou de tout autre langage, entendu au sens large (...) Ces intervenants en langue maternelle ont un effet positif sur la réussite des enfants en la matière. Ce sera encouragé par le recours à différents supports d’assistants, les nouvelles technologies pouvant jouer là aussi un rôle très important. Je pense non seulement aux programmes existants au travers d’écrans, mais également aux robots et au dialogue possible grâce à l’intelligence artificielle, qui nous ouvrent des pistes pédagogiques extrêmement intéressantes."

"Nous héritons du système ELCO, qui a des avantages et des inconvénients, dont le risque communautariste (...) Puisqu’il s’agit de conventions internationales, nous sommes en train de regarder pays par pays comment nous pouvons renforcer le contrôle des dispositifs ELCO, de façon à être certains que l’on y apprend les langues étrangères et pas autre chose."

Ecole inclusive
"La formation requise pour l’enseignement prioritaire vaut pour tous les enseignants car les méthodes mobilisées dans ces zones valent pour l’éducation dans son ensemble. Je pense notamment à la nécessité de personnaliser les parcours et de prendre en compte les spécificités de tous ordres des élèves. Comme le montrent les systèmes scolaires d’autres pays partout dans le monde, tout cela renvoie au concept d’école inclusive : une école capable d’accueillir les élèves de tous profils, quelles que soient leurs particularités, leurs forces et leurs faiblesses."

Médecine scolaire et visite médicale avant 6 ans
"L’organisation d’une visite médicale avant six ans pour tous les élèves de France concerne le ministère des solidarités et de la santé mais aussi le ministère de l’éducation nationale, car elle vise aussi à lutter contre les inégalités en permettant, par exemple, de repérer les dyspraxies qui touchent souvent le langage. Par ailleurs, entre zéro et trois ans, certains sujets concernent l’éducation nationale, soit du fait de la scolarisation à deux ans, soit du fait de collaborations nécessaires à la cohérence des politiques publiques."

"Un peu plus de 1 500 postes de médecins scolaires sont budgétés, mais seuls 1 000 sont pourvus, ce qui est insuffisant et renvoie à des enjeux d’attractivité (...) Certaines initiatives ont été prises, notamment l’inscription de la médecine scolaire comme spécialité susceptible d’être apprise à l’issue des études de médecine. Plus profondément, avec Agnès Buzyn, nous avons élaboré une stratégie pour parvenir à l’effectivité de la visite médicale, prévoyant en particulier la mobilisation de la médecine non scolaire au service des enjeux scolaires."

"Nous allons faire de grands efforts, mais nous savons bien que ce ne sera pas suffisant par rapport à l’ampleur de l’enjeu (...) C’est que nous devons arriver aussi, en regroupant l’ensemble des professions de santé – je pense aussi aux infirmières scolaires – à atteindre l’objectif (...) : réussir cette visite médicale. Je reconnais que nous n’arriverons pas à 100 % de résultats à court terme, parce que l’enjeu est très lourd et qu’il y a beaucoup de retard, mais nous nous fixons l’objectif d’y arriver à un horizon de moyen terme."

Ecoles rurales
"La défense de l’école rurale (...) doit être marquée par des continuités et des changements. La continuité, ce seront avant tout les conventions ruralité qui ont prouvé leur intérêt. Environ quarante départements ont déjà signé de telles conventions. Nous poursuivrons et mènerons encore plus loin cette politique, avec l’aide du sénateur Alain Duran, qui a accepté de continuer sa mission sur le sujet. Notre objectif est de signer des conventions avec les soixante-six départements potentiellement concernés. Chaque signature d’une telle convention s’accompagne non seulement de la mise à disposition de cinq postes mais surtout de la prise en considération des réalités concrètes du département – chaque situation est en effet particulière –, dans le cadre d’une stratégie pluriannuelle. Celle-ci doit parfois permettre de procéder à des fermetures – mais toujours avec pragmatisme, au cas par cas et sur la base d’un consensus local."

L’académie d’Auvergne "comptera environ 1 000 élèves en moins dans le premier degré l’année prochaine sans aucune suppression de poste (...) Les écoles et les collèges sont encouragés à élaborer un projet éducatif original."

"Les écoles primaires en milieu rural réussissent mieux ou font mieux réussir les élèves que la moyenne nationale. Les classes multiniveaux, par exemple, présentent un véritable intérêt lorsqu’elles sont bien construites pédagogiquement. Pour les collèges, le sujet est un peu différent : il faut une capacité de créativité et d’innovation très forte pour faire dans les collèges ruraux ce qu’on est parfois incapable de faire dans les collèges urbains."

Dédoublements des CP et CE1 en REP et REP+
"Lorsque cette mesure [les dédoublements des CP et CE1 en éducation prioritaire] sera arrivée à sa pleine maturité, en 2019-2020, plus de 300 000 élèves seront concernés. (...) . Au-delà de cette politique de dédoublement, qui se traduit par un taux d’encadrement très favorable pour les élèves concernés, se déploie dans toute la France une politique pédagogique se concentrant sur les savoirs fondamentaux, qui permet une bonne entrée dans la lecture, l’écriture, le calcul – et j’ajoute toujours le respect d’autrui, si important."

"La politique de dédoublement des CP et des CE1 en REP et en REP+ se fera par les moyens supplémentaires que nous avons prévus, comme vous le voyez pour le budget 2018 et comme vous le verrez certainement pour le budget 2019 (...) aucune diminution des moyens de l’éducation prioritaire n’est envisagée."

Ecole du socle
Les décharges horaires accordées aux directeurs d’école "apparaissent parfois comme insuffisantes pour assurer l’ensemble des fonctions qui leur incombent. Des réflexions doivent donc être menées à cet égard. Je suis dès aujourd’hui assez ouvert à des expérimentations qui pourraient avoir lieu dans les temps prochains en la matière et les réflexions peuvent aller dans différentes directions. Pour ma part, j’en privilégie une : celle de la cohérence entre la réponse que nous apporterons et notre conception de l’école du socle commun (...) autrement dit, d’une école qui inclut l’école et le collège. Les collèges [ont] des moyens administratifs qui pourraient peut-être, dans le futur, être mis davantage en cohérence avec le fonctionnement des écoles."

L’éducation prioritaire
La redéfinition des réseaux d’éducation prioritaire "interviendra à la rentrée 2019" et pourra être "l’occasion d’une redéfinition plus générale de nos politiques en matière d’éducation prioritaire pour avoir une vision des territoires. Il sera ainsi peut-être possible de faire droit à une demande que l’on entend parfois : il s’agirait de séparer l’école du collège en la matière, afin qu’une école puisse être en éducation prioritaire même si le collège dont elle relève ne l’est pas. C’est une question ouverte pour 2019 – je n’ai pas la réponse à ce stade –, qui mérite effectivement d’être posée."

Semaine de 4 jours
"Beaucoup d’acteurs de l’éducation ont constaté, au cours des dernières années, que le passage un peu forcé à la semaine de quatre jours et demi – ce n’était pas une mauvaise chose en soi : l’inspiration était même bonne et intéressante –, la façon dont cela a été fait a, en réalité, plutôt nui aux apprentissages qu’elle ne les a encouragés (...) L’un des inconvénients de la précédente réforme est d’avoir creusé le fossé entre scolaire et périscolaire. Nous devons, dès la rentrée prochaine, assurer une plus grande cohérence et une plus grande richesse. C’est pourquoi je prépare un ’plan mercredi’ qui permettra de proposer des activités plus importantes aux enfants le mercredi. Cela pourra résoudre un certain nombre de problèmes, notamment celui du travail des femmes ou des parents en général, et toute une série de sujets sociétaux."

"Avec le ministère des sports et celui de la culture, nous prendrons des initiatives interministérielles permettant de renforcer les activités périscolaires, lesquelles ne dépendent pas uniquement des contrats aidés, mais aussi, comme vous le souhaitez sans doute, d’emplois non précaires, car ce sont là des activités importantes."

Sports
Le sport est une "priorité dans la perspective des Jeux olympiques de 2024, mais aussi, plus généralement, en raison des enjeux en matière de santé et d’épanouissement. Oui, nous visons la création de 1 000 sections sportives supplémentaires."

Le recrutement et la gestion des enseignants
"Nous devons aller plus loin dans le prérecrutement. Cela nécessite de développer les processus initiés par la loi de 2013, qui ne concernent aujourd’hui que quelques centaines d’étudiants par an. Les évolutions prochaines iront dans ce sens. Le déploiement du prérecrutement passe d’abord par les bourses, qui peuvent être octroyées dès le lycée à des élèves exprimant le souhait de devenir professeur. Une autre voie, qui m’est chère, est l’évolution du statut des assistants d’éducation, aujourd’hui au nombre de 50 000 environ en France. Une bonne part d’entre eux envisagent d’être professeur, mais leur statut est davantage un frein qu’un accélérateur, ce qui est paradoxal. Nous ferons évoluer leur statut pour qu’il devienne un avantage et permette aux assistants d’éducation de mieux se préparer à la fonction professorale ; c’est un point important."

"Je prends note que vous [une députée,, ndlr] êtes favorable à l’idée d’un concours en fin de licence ; c’est une option intéressante. La situation actuelle, avec le concours en fin de master 1, ne satisfait pas tout le monde et suscite beaucoup d’interrogations. La réflexion est ouverte. J’ai d’ailleurs demandé au nouveau Conseil scientifique de l’éducation nationale de se saisir de cette question, et il se pourrait que votre proposition soit retenue (...) L’idée d’un concours en master 2 pourrait aussi être défendue. Tout dépend de la nature du prérecrutement organisé en amont du concours."

"Il y a et il y aura toujours des contractuels dans l’éducation nationale en France (...) Aujourd’hui, il y en a un peu plus de 22 000 dans le second degré, et leur proportion dans le premier degré est infime (...) Il y a eu dans le passé, et il y aura probablement dans le futur, des processus de titularisation – nous sommes toujours assez satisfaits de ces mécanismes."

"Nous devons nous atteler à la question de la valorisation de la fonction enseignante, ce qui inclut la question du salaire, mais pas seulement. En la matière, il faut tenir compte du nombre d’heures travaillées, lesquelles ne se limitent pas aux heures de cours."

"Des revalorisations sont envisagées dès l’année prochaine, puisqu’un stagiaire percevra 1 900 euros annuels bruts supplémentaires en entrant dans la carrière (...) À cela s’ajoute tout ce que nous allons faire pour l’accomplissement du protocole PPCR – Parcours professionnels, carrières et rémunérations –, mais aussi la mesure que je pourrai, je l’espère, mettre en application, à savoir le versement d’une prime de 3 000 euros aux enseignants en réseaux d’éducation prioritaire."

"Dans les réformes futures que l’on peut envisager, il y aura certainement des évolutions en la matière [la gestion des affectations et du mouvement, ndlr] (...) Cela suppose une gestion des ressources humaines plus humaine et probablement une vision plus académique, c’est-à-dire plus proche du terrain."

Directeurs d’école
"S’agissant de l’aide aux directeurs d’école, il est exact qu’il y a eu moins de contrats aidés cette année que la précédente. Néanmoins, ce que je vous avais dit en octobre s’est vérifié : l’aide aux directeurs d’école existe encore dans un certain nombre de cas – moins qu’auparavant, mais nous avons veillé à ce que les préfets et les inspecteurs d’académie fassent des efforts particuliers, par exemple outre-mer et dans plusieurs départements métropolitains. Cela devrait toutefois nous inviter, c’est vrai, à réfléchir à la possibilité d’apporter une aide administrative aux directeurs d’école par d’autres biais que les contrats aidés."

Professeurs agrégés
"Pour une gestion rationnelle de notre système, nous devons concentrer [les professeurs agrégés], notamment dans les lycées."

Inspections
"J’ai commandé aux inspections générales un rapport sur leur propre évolution. J’y ai associé l’ancienne doyenne de l’inspection générale d’Écosse, administration réputée pour son efficacité. Les conclusions de ce rapport me seront remises dans quelques jours, et je m’en servirai pour engager une évolution des deux inspections générales de l’éducation nationale en France. Celle-ci sera guidée par l’idée de constituer une inspection chargée de l’évaluation et une inspection chargée de la construction ; autrement dit, il faut sortir d’un système marqué par la prééminence du contrôle, au détriment de l’évaluation."

Evaluation du système scolaire
"Nous avons conservé le CNESCO – Conseil national d’évaluation du système scolaire –, créé par la loi de 2013, qui gagne en scientificité. Quant à la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, elle fournit de bonnes statistiques et jouit d’une bonne reconnaissance. C’est en consolidant le travail de ces institutions renouvelées et rénovées que nous mettrons en place une culture de l’évaluation de notre système."

Les compte-rendus de ces deux séances de questions sont téléchargeables
ici et ici

Extrait de touteduc.fr du 19.01.18 : De la maternelle à deux ans à l’évaluation du système scolaire : les réponses de J-M Blanquer aux députés

 

Réforme de l’affectation et du recrutement des enseignants en vue

En pleine période des mutations, JM Blanquer vient de semer la poudre. Devant l’Assemblée nationale, JM Blanquer a annoncé une nouvelle fois une réforme du recrutement des enseignants. Il promet "une vision plus académique, plus proche du terrain" dans le recrutement et l’affectation. Il annonce aussi un prérecrutement des enseignants dès le lycée et une refonte des concours. Des propos qui font écho à des déclarations tenues cet été où il donnait aux chefs d’établissement la capacité de choisir les enseignants.

Extrait de cafepedagogique.net du 18.01.18 : Réforme de l’affectation et du recrutement des enseignants en vue

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