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L’enseignement catholique pourrait entrer dans "la nouvelle politique d’éducation prioritaire" (Le Monde, Le Café, ToutEduc)

25 septembre 2020

Effectifs en baisse, classes fermées : l’enseignement catholique au défi de la crise sanitaire
Les établissements privés catholiques sous contrat avec l’Etat font eux aussi état d’une rentrée compliquée.

[...] A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, l’enseignement catholique a rappelé son souhait d’être associé à la politique d’éducation prioritaire en cours de refonte. « Nous avons rencontré à ce sujet [le ministre de l’éducation] Jean-Michel Blanquer, a fait valoir M. Delorme. Nous devons encore dans les jours qui viennent rencontrer [la secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire] Nathalie Elimas pour définir, ensemble, les modalités de notre participation. »

L’entrée de l’enseignement privé dans l’éducation prioritaire bousculerait des équilibres anciens : à ce jour, l’enseignement privé bénéficie de subventions selon une règle en vigueur depuis la loi Debré de 1959 : il reçoit 20 % du total des enveloppes de l’Etat puisqu’il accueille environ 20 % des enfants en âge d’être scolarisés.

Extrait de lemonde.fr du 25.09.20

 

L’enseignement catholique devrait bénéficier de la nouvelle éducation prioritaire
"Jean-Michel Blanquer m’a renouvelé son accord". A peine a t-il bénéficié, grâce à la loi Blanquer, de la prise en charge de ses maternelles, que l’enseignement catholique se positionne pour tirer parti de la réforme de l’éducation prioritaire. En présentant la rentrée de l’enseignement catholique, le 24 septembre, Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, a axé son discours sur la solidarité.
Sur un ton très ferme, il a annoncé l’entrée de l’enseignement catholique dans la nouvelle politique d’éducation prioritaire que JM Blanquer va mettre en place. L’enseignement catholique pâtit de la crise économique qui lui fait perdre des familles (- 9000 élèves). Alors que la loi Blanquer prévoit la prise en charge de ses maternelles, il demande de nouveaux soutiens. A l’Etat le bénéfice des financements de l’éducation prioritaire. Aux collectivités locales, celui des aides pour les frais de restauration.

Première chute du nombre d’élèves en 10 ans

La crise frappe particulièrement l’enseignement catholique. Pas tant la crise sanitaire, même si 14 000 élèves ont été mis en quarantaine depuis le début de l’année (0.7%). C’est surtout les conséquences économiques de la crise sanitaire qui touchent les établissements catholiques. Pour la première fois depuis 10 ans, le nombre d’élèves inscrits régresse. L’enseignement catholique compte 8 723 élèves en moins soit -0.5%. La baisse est importante dans le premier degré (-14855 enfants) et l’enseignement agricole (-783) alors qu’on compte 6915 élèves de plus dans le 2d degré. La baisse des naissances (800 000 en 2010, 780 000 en 2013, 760 000 en 2015 et 730 000 en 2017) explique aussi en partie la baisse dans le premier degré.

Cette baisse modeste n’explique probablement pas à elle seule la nouvelle politique, appelée "démarche prospective", qui est lancée par le secrétariat générale de l’enseignement catholique et qui devrait prendre la forme d’un texte d’orientation à la fin de l’année scolaire.

L’accord de JM Blanquer

Tout au long de son discours, P Delorme a décliné le mot solidarité. "L’école catholique se sent plus que jamais solidaire... La solidarité est une volonté ferme... Il y a des éléments sur lesquels on ne transigera pas.. la mixité sociale et scolaire. Nous réaffirmons notre volonté de poursuivre notre politique en faveur d’une plus grande mixité sociale et scolaire.. Nous ne pourrons pas aller plus loin dans la voie d’une plus grande mixité sociale et scolaire sans être pleinement associés à la nouvelle politique d’éducation prioritaire.. Le ministre, JM Blanquer, m’a renouvelé son accord".

L’autre aspect de la solidarité c’est les dispositifs de soutien à la restauration développés par les collectivités locales et l’Etat. L’enseignement catholique veut en bénéficier. Ce serait une aide précieuse : la cantine est la principale dépense des familles dans les établissements catholiques.

Les privilégiés dans l’éducation prioritaire ?

Evidemment on pourrait s’étonner de cette inclinaison pour la mixité sociale et scolaire dans un système éducatif qui est marqué par une très forte discrimination. Une publication du SGEC sur les "Etablissements à moyens éducatifs renforcés" (EMER) (annexe du n°398 de ECA actualités) les présente comme ayant des élèves dont "les caractéristiques sociales, ethniques et culturelles , bien que différentes, entrainent vis à vis de l’Ecole des comportements similaires à ceux des élèves relevant de l’éducation prioritaire". La caractéristique de ces établissements n’est donc pas sociale et reste remarquablement floue. C’est ce qui explique le volume des emplois réaffectés par le SGEC vers ces établissements : 1400 en 12 ans, 50 en 2020 touchant 79 établissements et écoles.

Comme le dit Sylvie Da Costa, chargée du suivi de ce dispositif, de façon plus précise, "les établissements qui ont bénéficié de moyens éducatifs renforcés sont principalement situés en milieu rural... Il s’agit de petites structures regroupant des PCS plus modestes que le milieu urbain. A noter : très peu d’établissements se situent au sein des quartiers fortement paupérisés de certaines banlieues urbaines". Ce dossier EMER donne des exemples : le collège Charles de Foucauld de Lamastre en Ardèche qui souffre de son isolement géographique et où l’accent est mis sur la culture et l’aide à l’orientation. Le groupe scolaire Jeanne d’Arc de Champagnole où là aussi on travaille l’orientation avec une préparation au BTS.

Plus qu’une rupture, une inversion de politique

Ces particularités de l’enseignement catholique, de petits établissements ruraux isolés mais pas socialement défavorisés, entrent tout à fait dans l’évolution que JM Blanquer veut donner à l’éducation prioritaire. Le rapport Azema Mathiot propose de supprimer les Rep et d’affecter leurs moyens localement. Un nouvel indice d’isolement permettrait de rebattre les cartes et de faire entrer les écoles et établissements ruraux dans une éducation prioritaire qui concerne les pauvres. Les établissements catholiques, à CPS généralement favorisés, pourraient donc en bénéficier puisque les critères sociaux seraient mis au second plan.

Le principal point de la loi Blanquer, l’obligation scolaire à 3 ans, a comme effet la prise en charge par les communes des maternelles du privé , ce qui représente entre 50 et 150 millions supplémentaires pour l’enseignement privé. Si la réforme de l’éducation prioritaire va au bout de ce qui est dessiné on aura un transfert massif d’argent des quartiers les plus pauvres vers les zones rurales. Pour la première fois depuis la Libération, l’éducation nationale inversera ses aides au bénéfice de zones rurales quine sont, globalement, socialement pas désavantagées. Et l’enseignement catholique entend profiter de cette redistribution de l’argent public. Avec la bénédiction de JM Blanquer.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 25.09.20

 

L’enseignement catholique réaffirme son attachement à la mixité sociale et scolaire

"La mixité sociale et scolaire est une condition indispensable à l’éducation" affirme Philippe Delorme. Le secrétaire général de l’enseignement catholique, à l’occasion de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, affirme "je ne transigerai pas" à propos de certains "axes incontournables" parmi lesquels donc le désir "d’accroître (la) présence (de l’enseignement catholique) auprès des enfants et des jeunes moins favorisés", ce qui ne pourra se faire si le SGEC n’est pas "pleinement associé à la nouvelle politique d’éducation prioritaire". "Jean-Michel Blanquer (lui) a renouvelé son accord" et il doit rencontrer prochainement Nathalie Elimas, la secrétaire d’Etat en charge de ce dossier.

Il pointe à ce sujet une difficulté. "Si des mécanismes de solidarité permettent de réduire la contribution financière des familles, la question du coût de la restauration demeure un frein." En effet, la dépense n’étant pas obligatoire, elle n’est pas couverte par le forfait d’externat. Toutefois, certaines collectivités locales "ont fait le choix de ne pas faire de différence entre les élèves du public et du privé", mais "dans la majorité des lieux, ce n’est pas le cas", et un repas qui revient à 2€ pour les familles du public en coûte en moins 7,50€ dans le privé.

Moins d’élèves

Cette question de la mixité sociale est l’un des éléments de la vaste réflexion prospective engagée depuis deux ans pour donner à l’enseignement catholique "une vision d’avenir" et qui devrait aboutir à un texte d’orientation à la fin de l’année scolaire. Cette démarche est d’autant plus nécessaire que cette année, l’enseignement catholique perd quelque 8 700 élèves (- 14 855 dans le 1er degré, + 6 915 dans le 2nd degré mais - 783 dans l’enseignement agricole). La démographie explique en bonne partie ces données, mais la crise a pu jouer et des familles se trouvant en situation d’incertitude économique se sont désistées cet été. A noter le cas particulier de la Martinique qui gagne près de 6 % d’élèves, du fait, explique le secrétariat général d’une restructuration des établissements qui les a rendus plus attractifs (mais peut-être aussi d’une grève très dure dans le public qui, combinée avec le confinement, a laissé de nombreux élèves chez eux de janvier à la fin de l’année scolaire, ndlr).

Cette démarche prospective "ne doit pas se faire qu’en fonction de critères économiques ou démographiques" et elle devra prendre en compte un état des lieux réalisé "à partir d’une soixantaine de critères objectifs" sur "l’organisation territoriale, la santé économique du territoire, les services rendus aux familles". Tous les acteurs doivent y être associés, notamment dans le cadre du "conseil d’établissement, qui est un lieu de décision et de partage". Philippe Delorme ajoute que peuvent y être évoquées des coopérations entre établissements, par exemple pour les enseignements de spécialité.

Ecole inclusive

Outre la mixité sociale et scolaire, le secrétaire général estime que deux autres points constituent des priorités. C’est d’abord "l’accueil des enfants en situation de handicap", un sujet sur lequel il dit rencontrer sur certains territoires, il cite les Yvelines, "des difficultés pour obtenir la présence d’AESH". C’est aussi la promotion "des formations professionnelles et de l’apprentissage". Autre point fort de la politique du SGEC évoquée au cours de cette conférence de presse, le dispositif EMER pour "établissements à moyens éducatifs renforcés". En plus du "plan en faveur de la réussite éducative et des mixités" qui, depuis une douzaine d’années, a mobilisé 1 383 postes, une étude menée en 2017 a permis de distinguer 104 établissements qui reçoivent un pourcentage d’élèves de catégories sociales C et D supérieur à ce qu’il est dans les autres établissements, publics et privés du département, qui n’évincent pas leurs élèves les plus faibles et qui ont une "plus-value" positive selon l’indicateur de la DEPP (service statistique de l’Education nationale). Ils ont reçu chacun neuf heures supplémentaires (un demi poste) hors DHG (a dotation en postes destinées à assurer les enseignements, ndlr) et donc pour donner de la souplesse de fonctionnement.

"Grenelle des professeurs" et forfait d’externat pour les maternelles

A noter encore que l’enseignement catholique sera associé au "Grenelle des professeurs", et qu’il s’inquiète notamment des salaires des "maîtres délégués" (les non titulaires) dont les salaires sont nettement inférieurs à ceux de leurs homologues du public. P. Delorme cite le cas d’un enseignant qui percevait 2 300 € dans le public et à qui ont été proposés 1 300 € dans le privé.

Interrogé par ToutEduc sur le forfait d’externat dû par les communes pour les écoles maternelles passées sous contrat, il indique que les négociations "se passent globalement très bien", même si elles ont pris du retard du fait du report de l’installation des conseils municipaux et si les communes sont en attente du document qui précisera, dans les jours qui viennent, les modalités de calcul de la compensation qui leur sera due par l’Etat, sachant qu’elles auront jusqu’au 30 septembre de l’année prochaine pour la demander. En l’état, l’enseignement catholique n’a pas de "vision globale" des montants en jeux (c’est pourtant sur une évaluation du SGEC que s’est fondé le ministère pour estimer la dépense à 50 M€ dans l’étude d’impact de la loi pour une école de la confiance, ndlr).

Extrait de touteduc.fr du 24.09.20

 

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