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La circulaire de rentrée 2024 (BO du 27.06.24) Extraits

28 juin 2024

Circulaire de rentrée 2024
Ne laisser aucun élève au bord du chemin

NOR : MENE2417753C
Circulaire du 26-6-2024
MENJ - Dgesco

EXTRAITS

[...] Dans cette perspective, l’ensemble des priorités fixées pour la rentrée 2024 peut au fond se résumer à une seule : assurer la cohésion sociale dans l’École et par l’École, pour ne laisser aucun élève sur le bord du chemin. Cette exigence est au cœur du métier et de l’engagement professionnel de chaque personnel de l’éducation nationale. Elle en fait la force et en impose le respect.

1. La cohésion par la progression de chacun : réactiver l’École comme ascenseur scolaire et social

[...] Dans le second degré, une nouvelle ambition est affirmée pour le collège. Souvent dénoncé comme le lieu du « grand écart » entre les élèves les plus à l’aise et ceux en difficulté, le collège unique doit retrouver sa capacité à amener chaque élève au plus haut de ses aptitudes. C’est pour cette raison que, dans le cadre du choc des savoirs, seront mis en place, dès cette rentrée 2024, des groupes de besoins en français et en mathématiques pour les élèves des classes de 6e et de 5e. Ces groupes sont constitués avec une alternance entre des temps d’enseignement en classe de référence et des temps d’enseignement en regroupement selon les besoins des élèves, selon les modalités déterminées par les équipes pédagogiques. Régulièrement redéfinis, ils permettront de répondre au plus près aux besoins des élèves en partant des compétences effectivement maîtrisées. Tous les élèves suivront le même programme, mais, selon les thématiques et les compétences à travailler, ils seront répartis en groupes pour faciliter les apprentissages. Ils auront également des périodes en classe entière afin de maintenir la cohérence des progressions pédagogiques. Si la mise en œuvre organisationnelle de ces groupes peut bien sûr présenter, par son caractère inédit, une certaine complexité, elle permet avant tout une transformation des pratiques d’enseignement et facilite la prise en charge différenciée des élèves. En aucun cas, elle ne saurait aboutir à la constitution de groupes pérennes d’élèves en difficulté, ni constituer une forme de « tri scolaire ». La mise en place des groupes de besoins constitue au contraire une opportunité, pour les professeurs qui les encadreront, de travailler ensemble leurs progressions pédagogiques et d’atteindre l’objectif d’une réelle différenciation pédagogique pour ne laisser aucun élève au bord du chemin.
Cette exigence renforcée sera enfin consolidée par l’évolution du diplôme national du brevet. Après la suppression des correctifs académiques, décidée début 2024 et appliquée lors de la session 2024, les conditions d’obtention seront révisées dès la session 2025. Ce sont les notes attribuées par les professeurs qui serviront au calcul de la note de contrôle continu, tandis que les épreuves terminales compteront désormais pour 60 % de la note finale, au lieu de 40 % actuellement. Le brevet sera ainsi réaffirmé dans sa valeur de diplôme national, et sanctionnera plus fidèlement la maîtrise des compétences du socle. [...]

2. La cohésion par la lutte contre toutes les formes d’assignation

[...] Notre politique en la matière s’appuiera donc sur plusieurs leviers :

- la poursuite de la revalorisation des internats, notamment des internats d’excellence ruraux  : dès cette nouvelle rentrée, 170 internats supplémentaires bénéficieront de la labellisation « internats d’excellence », dont 38 avec le soutien financier de l’État à hauteur de 40 millions d’euros. L’objectif est de permettre à l’ensemble des élèves concernés d’effectuer une scolarité sereine, correspondant à leurs aspirations, indépendamment des contraintes géographiques ou sociales. Notre devoir est de proposer l’internat de manière systématique, alors qu’à ce jour, près d’une place sur cinq est encore disponible. Parallèlement, la mobilisation des territoires éducatifs ruraux (TER), amplificateurs de coopérations autour de l’École et vecteurs de rayonnement pour les territoires, sera poursuivie pour atteindre la cible de 300 TER à la rentrée 2026 ;
- favoriser la diversification et l’excellence de l’offre éducative dans les établissements les moins favorisés ou les plus isolés : l’objectif est que les élèves qui présentent des aptitudes ou compétences spécifiques puissent bénéficier de dispositifs d’excellence de « proximité », sans avoir à rejoindre des établissements réputés plus favorisés qui, historiquement, concentrent déjà les dispositifs dits « d’excellence ». C’est pourquoi l’ouverture de nouvelles sections internationales est désormais systématiquement subordonnée à des critères de mixité sociale. C’est dans le même esprit qu’un nouveau dispositif Sports-études verra le jour à la rentrée, afin de permettre à des élèves ayant des aptitudes sportives élevées de bénéficier d’aménagements de scolarité. Plus de 200 collèges et 150 lycées abriteront des classes de ce type ;
- enfin, en termes de mixité sociale et scolaire et de réduction des inégalités territoriales, l’année scolaire 2024-2025 verra débuter les travaux relatifs à la refonte de la carte de l’éducation prioritaire, et la poursuite de la politique d’ouverture sociale des établissements privés sous contrat ainsi que des établissements publics les plus favorisés. Cette exigence ne se décrète pas : elle devra être travaillée localement, au cas par cas, en fonction des réalités territoriales et en pleine concertation avec les forces vives de chaque territoire, pour être pleinement bénéfique.

[...] À cet égard, notre institution doit d’abord promouvoir les principes et valeurs qui fondent notre contrat social, au premier rang desquels le principe de laïcité. L’ensemble des personnels de l’éducation nationale doit ainsi être intraitable sur le respect de ce principe, qui permet d’assurer et de protéger la liberté de conscience de chacun. Appliquer le principe de laïcité, c’est refuser d’assigner un élève à ses convictions religieuses, réelles ou supposées, pour ne voir exclusivement en lui qu’un élève et un enfant de la République.

[...] Enfin, le corollaire de l’affirmation de ces principes réside dans le respect de l’autorité des professeurs, sans laquelle il ne peut y avoir de transmission de savoirs, et la lutte contre les différentes formes de violence. Sur le premier point, un ensemble de mesures, résultant de la concertation lancée en avril dernier par le Premier ministre, viendra renforcer l’autorité des personnels de notre institution. Sur le second, la lutte contre toutes les formes de violences, qui se nourrissent de l’irrespect et du dénigrement de l’autre, constitue une priorité absolue. Dans cette perspective, les cours d’empathie, expérimentés dans 1 200 écoles cette année, ont vocation à être généralisés à compter de la rentrée 2024 à l’ensemble des écoles maternelles et élémentaires. De même, la lutte contre le harcèlement se poursuivra, avec le renforcement du dispositif Phare, l’ouverture d’une plateforme à destination des parents, notamment les parents élus, et la pérennisation du questionnaire effectué en novembre dernier par tous les élèves du CE2 à la terminale. La mobilisation de l’ensemble des personnels éducatifs, en lien avec l’engagement essentiel des infirmiers scolaires et assistants sociaux, est au cœur de notre réponse commune face à ce fléau. [...]

3. La cohésion autour de l’École et de ses personnels

[...] S’agissant de la protection des personnels, l’ensemble des recteurs, cadres académiques, inspecteurs et chefs d’établissements doivent être guidés par une seule exigence : prévenir et agir pour protéger tous les personnels de l’éducation nationale, sans jamais minorer ou taire aucune atteinte, en lien étroit avec les services de sécurité et de la justice. La République repose sur ses professeurs et les professionnels de l’éducation, parce qu’ils l’incarnent et qu’ils lui dédient leur vie professionnelle afin de permettre à chacun d’aller au plus haut de ses potentialités et de s’épanouir. Il ne peut donc y avoir ni lâcheté, ni faiblesse, ni tiédeur lorsque la sécurité, mais aussi la réputation de nos personnels, notamment sur les réseaux sociaux, sont mises en cause. C’est le sens du plan ministériel déployé pour renforcer la sécurité des élèves, des personnels et des établissements scolaires. Dès la rentrée, une force mobile scolaire sera ainsi créée au niveau national pour apporter, en cas de crise, un appui et des renforts aux équipes académiques en moins de 24 heures. De même, les écoles et établissements, notamment en éducation prioritaire où ce processus est déjà en place, seront invités à constituer des réseaux d’appui éducatif au sein desquels les assistants d’éducation (AED) pourront participer à la sécurisation de l’ensemble des enceintes scolaires du premier et du second degrés. Enfin, au moyen de conventions locales devenues systématiques, les liens seront encore renforcés entre les services académiques, les forces de l’ordre et la Justice, pour assurer le déploiement d’un véritable bouclier républicain autour de l’École et de tous les publics qu’elle accueille.

[...] La réforme de la formation initiale, qui permettra de recruter les étudiants en fin de L3 et de suivre un master professionnalisant sous un statut rémunéré, comme les évolutions de la formation continue constituent un enjeu majeur. La formation continue a vocation à se déployer en dehors du temps de face-à-face pédagogique, ou à donner lieu, en cas d’absence anticipée, à une prise en charge pédagogique des élèves. Il nous appartient, à l’échelle nationale comme académique ou plus locale, de proposer des modalités de formation nouvelles, d’adapter les formations actuelles, de privilégier les formations collectives en proximité, les actions d’observations en classe et donc de renforcer la qualité et de soutenir les professeurs qui souhaitent monter en compétences. Et ce n’est pas aux professeurs d’aller chercher des formations ; c’est à notre institution, et singulièrement aux écoles académiques de formation continue (EAFC), de proposer et « d’amener » les formations jusqu’aux professeurs. De même que c’est à notre institution et à nos EAFC de répondre au plus près des besoins identifiés par les enseignants et les équipes pédagogiques.

[...] Dans cette perspective, la dynamique du CNR éducation – Notre École, faisons-la ensemble sera poursuivie et amplifiée en 2025, dans le cadre du fonds d’innovation pédagogique crédité de 500 millions d’euros sur l’ensemble du quinquennat. Cette démarche n’est pas seulement un soutien financier aux équipes : elle constitue un profond changement des pratiques en ce qu’elle met l’ensemble de l’institution au service des projets des équipes de terrain. Comme tout changement culturel, il demande du temps, mais cette évolution oblige et engage les recteurs, les directeurs des services départementaux de l’éducation nationale (Dasen) et l’ensemble des cadres territoriaux. [...]

4. La cohésion sociale par l’avenir que prépare l’École : construire dès à présent l’École du futur

[...] L’utilisation abusive des écrans a des effets néfastes et démontrés sur la concentration, la socialisation, mais aussi sur l’exercice d’une réflexion autonome et de l’esprit critique. S’il ne s’agit pas de bannir le numérique de la pédagogie, les usages non pédagogiques n’ont pas leur place à l’École. Aussi, dès la rentrée 2024, les outils numériques seront strictement limités et les outils individuels, proscrits à l’école maternelle, et les élèves seront sensibilisés à leur usage raisonné au cours de l’école élémentaire avec l’expérimentation d’un programme PIX dédié aux élèves de cours moyens. Au collège, une « pause numérique » sera expérimentée au sein de collèges volontaires dans chaque département, de telle sorte que l’interdiction de l’usage du portable prévue par la loi soit effective et totale sur l’intégralité du temps scolaire, y compris les espaces interstitiels à risques que sont les changements de classe, les récréations et la pause méridienne.

[...] Sur le second point, le déploiement notamment des aires éducatives, petits espaces naturels marins, forestiers ou fluviaux, dont la gestion est confiée à des classes, doit permettre aux élèves d’incarner leur action dans un territoire proche de leur école ou établissement. Actuellement au nombre de 1 200, ces aires ont vocation à se multiplier pour atteindre les 18 000 aires en 2030. Ainsi, le maillage territorial du service public de l’éducation nationale contribuera au développement de l’éco-citoyenneté des élèves sur l’ensemble du territoire.

Extrait de education.gouv.fr du 27.06.24

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