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A Toulouse, premier bilan positif du dispositif de mixité sociale mis en place par le conseil départemental avec l’appui de la Dasen (revue de presse)

7 octobre 2021

Additif du 04.11.21

Mixité scolaire : à Toulouse, un cas d’école

En 2017, dans le sillage d’expérimentations encouragées par l’Education nationale, la préfecture de Haute-Garonne fermait deux « collèges ghettos » du quartier du Mirail et affrétait des bus vers des établissements mieux cotés. Un pari audacieux qui, quatre ans plus tard, a fait mentir les sceptiques.
Une ola s’imposerait presque. Voilà qu’une expérimentation locale, pour améliorer la mixité sociale au collège, semble porter ses fruits. Cela se passe à Toulouse, en Haute-Garonne. Un projet qui avait tout d’un casse-pipe : fermer deux collèges enclavés du quartier du Mirail et acheminer les ados, par bus, dans les collèges chics du centre-ville et des zones pavillonnaires. Le temps de reconstruire deux nouveaux établissements, mieux situés et permettant plus de mixité. « Un dispositif d’une telle ampleur, avec une cohorte entière que l’on a pu suivre, c’est rarissime, s’enthousiasme Choukri Ben Ayed, professeur de sociologie. Les résultats chiffrés, de réussite au brevet et de ce que nous voyons sur le terrain, sont extrêmement positifs. Ça marche. » En fait, il n’en doutait pas une seconde : « Je l’ai toujours dit. Il n’y a pas de fatalité. »

[…]
Dans une interview à Libération, Julien Grenet se réjouissait de constater que la mixité avait bien progressé sans faire fuir les familles CSP + vers le privé Il racontait aussi les galères du démarrage, ces parents fous de rage, qui demandaient à être indemnisés pour la perte de capital sur leur logement qui allait, selon eux, perdre de la valeur parce qu’il n’était plus sectorisé dans le bon collège. Avec le temps, les colères se sont tassées. A Toulouse aussi, les premiers résultats persuadent les plus sceptiques. Et encouragent peut-être d’autres à essayer. Peut-on copier-coller ces expérimentations ? A cette question, Choukri Ben Ayed répond d’abord par un silence. Rien n’est jamais simple. Mais « la dynamique locale, oui, elle peut inspirer et être copiée. Les façons de travailler aussi : coopérer entre services du département et du rectorat, comme cela a été fait à Toulouse ». Il rêve de l’acte II. En optimiste, il y croit. « Ces expérimentations montrent que c’est possible. Continuons. S’il est un domaine où la continuité de l’Etat doit être affirmée, c’est bien celui de la lutte contre les ségrégations. »

Marie Piquemal

Article

Extrait de demain-lecole.over-blog.com du 03.11.21

 

A Toulouse aussi, la mixité sociale au collège réussit à tous
La mixité sociale dans les collèges c’est bon pour tous les élèves. Une nouvelle démonstration vient d’être faite en Haute-Garonne où Georges Méric, président (PS) du conseil départemental de Haute-Garonne, a présenté le 6 octobre le premier bilan d’une politique volontariste conduite depuis 2016. La première cohorte d’élèves venus du quartier défavorisé du Mirail à Toulouse et scolarisés dans 11 collèges favorisés de l’agglomération entre en seconde. Ses résultats au brevet sont nettement meilleurs. L’orientation des élèves aussi. Pour cela il a fallu l’obstination du conseil départemental. Et, il faut le souligner, le soutien sans faille de l’Inspection académique depuis 2017.

Un engagement politique

"La mixité sociale pour nous c’est faire vivre la République". Georges Méric, président (PS) du conseil départemental de Haute-Garonne est fier de présenter, le 6 octobre, les premiers résultats d’une politique de mixité sociale unique en France. Pour lui, la mixité sociale des collèges est un facteur d’égalité des chances et aussi "l’engagement de respecter chacune et chacun".

Ce n’était pas donné au départ. La nouvelle majorité héritait en 2015 de 5 collèges ségrégués dont 2 situés dans le quartier ségrégé du Mirail. Ces deux collèges, Badiou et Bellefontaine, comptaient 85% d’enfants défavorisés. La décision a été prise en 2017 de fermer par étapes ces collèges et de réaffecter les enfants des écoles du Mirail sortant de CM2 dans 11 collèges favorisés de Toulouse. Pour cela la ville a mis en place des bus gratuits avec un accompagnateur éducatif pour emmener et ramener le soir les enfants. Plus de 1000 jeune sont ainsi été transplantés loin de leur quartier dans des collèges où ils ont retrouvé des camarades plus favorisés. L’objectif c’était qu’aucun collège ne dépasse le taux moyen départemental d’enfants défavorisés, soit 35%.

Premier bilan en fin de collège

Quatre ans après la rentrée 2017, un premier bilan de cette politique peut être fait. Ils se lisent dans les résultats au brevet. 63% des élèves venus du Mirail ont eu leur brevet, soit nettement plus que la moyenne des collèges du Mirail (50%). Un tiers d’entre eux a eu plus de 12 de moyenne. Les meilleurs ont dépassé 18. Ils se voient aussi dans l’orientation. 94% des élèves vont en lycée, 52% en seconde générale et technologique, 35% en seconde professionnelle en 1er voeu et 7% vont en Cap. 4 sur 5 ont choisi un lycée proche de leur collège plutôt que le lycée proche du Mirail.

Pour Etienne Butzbach, coordonateur du Réseau Mixités à l’école du CNESCO, qui a suivi de près cette politique, "l’environnement nouveau où ont évolué les élèves a été très favorable à leurs apprentissages".

Choukri Ben Ayed, professeur de sociologie à l’université de Limoges, a suivi de près également cette politique. Il estime que les résultats au brevet montrent un net progrès car les difficultés rencontrés par les élèves portent sur le controle continu. Les élèves se sont trouvés face à un niveau d’exigence plus élevé et ont réussi à avoir finalement un meilleur score.

Du courage politique

Comment expliquer le succès de cette politique ? Etienne Butzbach comme Choukri Ben Ayed soulignent le courage politique du Conseil départemental. "C’était inimaginable en France de fermer deux collèges et de répartir les élèves dans une agglomération. C’est le seul cas en France", nous a dit C Ben Ayed.

Et il y a surtout la conduite politique du projet. "Cette politique n’a pas été imposée. Le conseil départemental a amené les gens à cheminer avec eux". Il aura fallu pour cela une centaine de réunions publiques, "du jamais vu" note C Ben Ayed. Les réunions ont fait modifier le projet de départ. Aujourd’hui les élèves venus du Mirail construisent leur avenir scolaire dans toute l’agglomération. Cette façon de faire est une des clés du succès. Les familles concernée sont respecté leur secteur d’affectation. Le taux de respect de la carte scolaire frole les 80% contre 60% en moyenne pour la ville.

Ce courage politique a eu un coût. Le conseil départemental consacre 56 millions à cette politique. Elle paye le transport des élèves dans 17 navettes. Mais aussi des accompagnateurs dans les bus et à l’intérieur des 11 collèges d’accueil des ateliers thématiques durant la pause méridienne. Dans chacun des collèges deux résidents en service civique interviennent 10 à 15 h par semaine. Enfin le département a modifié les crédits pédagogiques versés aux collèges en fonction de leur mixité sociale. Au final 57 collèges publics ont vu leurs versements augmenter. 38 ont gardé le même forfait élève. Et un collège public s’est vu appliquer un malus. Aucun collège privé n’a vu ses versements augmenter. 8 ont eu leur forfait maintenu. Et 13 établissements se voient appliquer un malus. Il y a donc eu une redistribution des crédits pédagogiques vers les collèges jouant le jeu de la mixité sociale.

Un soutien constant de l’Education nationale

Mais il ne faut pas oublier la part de l’Education nationale. Mathieu Sieye, Dasen de Haute Garonne, voit dans cette politique "une avancée très importante et la nécessité pour nous de poursuivre".

L’éducation nationale aide la politique de mixité sociale déjà par un soutien matériel. "Les négociations avec l’éducation nationale ont abouti à ce que les classes de 6ème comptent un maximum de 25 élèves. C’était la clé du dispositif", explique C Ben Ayed. "Les enseignants qui accueillaient les élèves du Mirail ont compris qu’ils auraient de bonnes conditions de travail". Le dasen estime que cela correspond à 17 postes supplémentaires.

L’académie a aussi dédié 6 postes de professeurs des écoles à temps plein pour faire la liaison école collège. Ils ont préparé en amont dans les écoles le passage des élèves dans les collèges aidé les principaux et professeurs à les accueillir. Des formations à la pédagogie différenciée et un accompagnement pédagogique a été mis en place.

"Dans les collèges une attention particulière a eu lieu pour que les élèves du Mirail ne soient pas réunis dans les mêmes classes", explique C Ben Ayed. Ils ont été répartis entre 11 collèges et n’ont jamais été plus de 5 par classe. "Cela a contribué à ce que les enseignants n’aient pas l’impression d’accueillir des élèves différents", nous dit C Ben Ayed.

Un nouveau défi

Cette politique de mixité sociale n’est pas pour autant terminée. Dans les 3 collèges Rep+ qui ne sont pas fermés, car pas dans des quartiers ségrégués, le conseil départemental investit pour attirer des élèves plus favorisés.

Pour remplacer les deux collèges fermés, le conseil départemental ouvrira à la rentrée 2022 deux collèges neufs de 700 élèves, soit un investissement de 43 millions. Ces deux nouveaux collèges ne seront pas au milieu de la cité mais à cheval sur le Mirail et les quartiers pavillonnaires environnants. Il va donc y avoir une resectorisation générale des collèges de l’agglomération. C’ets là où on verra si le pari de la mixité sociale a convaincu. "Les gens des pavillons vont-ils jouer le jeu ? C’est un pari pour une politique qui se joue sur le long terme", di Choukri Ben Ayed.

François Jarraud

Liens à cliquer sur le site du café
Etienne Butzbach sur Toulouse
Choukri Ben Ayed sur Toulouse
A Paris le succès de la politique de mixité sociale
Un autre bilan
Dossier du Cnesco sur la mixité sociale (2015)

Extrait de cafepedagogique.net du 07.10.21

 

Expérimentation de la mixité sociale dans les collèges haut-garonnais : un premier bilan positif

C’est un premier bilan qui a été présenté comme "positif", hier mercredi 6 octobre 2021 par le Conseil Départemental de Haute-Garonne, de l’expérimentation menée sur plusieurs collèges pour améliorer la mixité sociale. Les élèves de deux collèges situés dans des "ghettos", constitués par 85 % de familles défavorisées contre une moyenne de 35 % au niveau du département, sont les cibles de ce dispositif qui a été élargi depuis cette rentrée aux CM2 sur la base du volontariat. Cette expérimentation a consisté à "déplacer" les nouveaux collégiens vers 11 collèges favorisés, avec des mesures d’accompagnement spécifiques. Ce sont des navettes gratuites avec un accompagnateur, des actions de médiation dans les établissements d’accueil assurées par l’AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) sur les pauses méridiennes ou en classe avec les enseignants, pour ce qui concerne les mesures portées par le Département. Elles représentent un investissement annuel de 900 000 euros sur un budget total de 56 millions d’euros. Des mesures ont été par ailleurs portées par l’Éducation nationale, partenaire de l’expérimentation : 25 élèves par division, notamment en 6e, contre une moyenne de 27 dans le département (soit 17 divisions fléchées sur l’ensemble des moyens du 2nd degré), 6 postes à temps plein de professeurs des écoles dédiés à la liaison écoles-collèges, un professeur référent dans chacun des 11 collèges d’accueil pour l’accompagnement personnalisé et l’aide au travail personnel, et des formations. Lancé dès la rentrée 2017 pour le premier niveau (des 6e) de l’un de ces collèges (Raymond Badiou), le projet a vu ainsi sa première "cohorte" d’élèves ayant bénéficié de ces réaffectations, une centaine, entrer au lycée à cette dernière rentrée. Au total, ce sont 1140 élèves qui sont concernés par cette expérimentation (lire ici et ici).

Ainsi, au niveau des résultats scolaires, ce sont, selon les données livrées ce jour par le CD31 et l’Éducation nationale, 63 % des élèves qui ont obtenu leur DNB "là où la proportion n’était que de 50 % de réussite pour les élèves scolarisés à Badiou", soit 13 points de plus, 21 % qui ont eu entre 11 et 12 "là où ils n’étaient que 11 % à Badiou" (+10 points) et 33 % qui ont eu plus de 12, "là où ils n’étaient que 4,6 % à Badiou" (+28 points).

Une orientation "accompagnée" et "visiblement choisie"

Mêmes tendances "positives" visiblement pour l’orientation, même si ces éléments n’ont pas fait en revanche l’objet de comparaisons chiffrées. Mais le directeur académique des services départementaux de l’Éducation nationale, Mathieu Sieye, juge, d’une part que c’est une orientation "accompagnée" et "visiblement choisie", puisque 94 % des élèves sont entrés au lycée, 52 % en seconde générale, un taux, certes "en dessous de la moyenne départementale mais au-dessus des collèges prioritaires", et 35 % en lycée professionnel, "avec une proportion plus forte en seconde et non en CAP" (7 % ont choisi un CAP). En outre, tous les élèves ont été affectés, "et quasiment tous au premier tour et sur leurs premiers vœux", indique-t-il encore.

Autre objet de satisfaction pour les partenaires : 4 enfants sur 5 ont choisi d’entrer au lycée du secteur rattaché au collège où ils avaient été accueillis, malgré les temps de transport supplémentaires que cela implique pour eux, et non une orientation sur le secteur d’origine.

Des enjeux sociologiques également en cours d’évaluation

À ces premières analyses qui doivent néanmoins être installées "dans la durée", précise Mathieu Sieye, s’ajoute une évaluation menée par une doctorante en "Sciences de l’éducation et de la formation" auprès de 60 personnes, sur des "enjeux sociologiques" (évolution des comportements et rapports sociaux entre élèves, implication des familles, travail des équipes pédagogiques...). Le rapport doit être rendu au Département en fin d’année 2021. Dans les tendances qui se dégagent déjà figurent le sentiment d’appartenance aux établissements d’accueil, le recours aux réseaux d’entraide entre élèves, l’autonomie des élèves dans les moyens de déplacement et l’ouverture culturelle.

Le dispositif est "exemplaire" à divers titres, selon Étienne Butzbach, le coordinateur du Réseau Mixités à l’école du Centre national d’étude des systèmes scolaires (CNESCO), et pourrait servir de modèle à l’échelle nationale. Étienne Butzbach a notamment salué "l’ampleur" du dispositif (11 collèges, plus de 1000 collégiens de zones prioritaires et 6000 concernés en tout), un "investissement massif qui a donné sa crédibilité au projet", et, "autre force de l’expérimentation", selon lui, "son caractère multidimensionnel", ce à quoi s’ajoute sa capacité à mobiliser le tissu associatif et l’Éducation nationale. De plus, le dispositif a permis, indique-t-il, de "faire revenir des enfants (des quartiers défavorisés, ndlr) vers le public", alors que n’a pas été constatée par ailleurs de stratégie d’évitement sur les 11 collèges d’accueil.

Une concertation pour la carte scolaire du nouveau collège qui remplacera les 2 jusque là concernés par les réaffectations

Le président du conseil départemental Georges Méric a indiqué que la mixité sociale était "une priorité politique" du CD 31, parce que c’est "un moyen de lutter contre les inégalités" et le "déterminisme social". Celui-ci a rappelé que "les débuts de l’aventure [avaient] été difficiles car il [avait] fallu convaincre". Ce qui a été fait par la concertation : 130 réunions se sont tenues sur plus de 6 mois, dont 80 "citoyennes", notamment dans les quartiers et auprès de 1000 personnes, et ont permis de recueillir, selon le président, "l’accord de 95 % des parents".

Cette méthode doit être reconduite dès le 11 octobre pour définir la carte scolaire de la rentrée 2022 du collège Saint-Simon qui remplacera ceux de Badiou et Bellefontaine concernés par cette expérimentation, et qui sera situé "hors du ghetto" pour favoriser une mixité proche de la moyenne départementale. Cette concertation citoyenne concernera également un autre nouveau collège, le collège Guilhermy. Cinq réunions publiques sont déjà programmées dans les secteurs concernés. Cette nouvelle sectorisation doit être adoptée en janvier 2022 par le Département.

Le Département avait également élargi sa politique en faveur de la mixité sociale en instaurant un dispositif d’incitation financière, de bonus/malus, en fonction de l’engagement des établissements sur des projets de mixité. Enfin, trois autres collèges, classés REP+ dans des secteurs relativement mixtes mais qui subissent un phénomène d’évitement, font de leur côté l’objet de travaux importants pour favoriser le retour des populations plus favorisées.

Camille Pons

Extrait de touteduc.fr du 07.10.21

 

A Toulouse, un dispositif de « mixité sociale » dans les collèges jugé satisfaisant
A Toulouse, un dispositif de « mixité sociale » dans les collèges jugé satisfaisant
Initiée en 2017, cette expérimentation mise en place par le conseil départemental vise à scolariser dans des collèges du centre-ville des élèves issus des quartiers populaires, principalement du Mirail.

« A la fin des cours, certains élèves me disent “merci madame”. Je n’avais jamais entendu ça auparavant ! » Aurélie Rodes, professeure d’histoire-géographie du collège Michelet, en plein cœur de Toulouse, voit le dispositif de « mixité sociale », mis en place depuis quatre ans dans la ville, comme « une expérience plus que positive ». « Les gamins s’adaptent vite, sont motivés et obtiennent des résultats », ajoute-t-elle.

Dans ses classes de 6e et 5e, elle accueille, depuis la rentrée 2017, cinq enfants qui habitent loin de là, au bout de la ligne du métro, au Mirail – un grand ensemble issu des années 1970. Dans onze autres collèges de la ville dits « favorisés », cette mixité a également été instaurée, contre les règles habituelles de la carte scolaire et pour « favoriser l’ascension sociale et la lutte contre les déterminismes », souligne le président du conseil départemental, Georges Méric.

Depuis quatre ans, 1 140 élèves des secteurs de La Reynerie et de Bellefontaine ont ainsi été scolarisés dans ces collèges d’accueil de l’agglomération toulousaine. Un programme d’une ampleur unique en France, de par son budget (56 millions d’euros), le nombre d’élèves concernés et le processus suivi.

Fin 2015, la collectivité a décidé de détruire deux collèges situés dans le quartier du Mirail et d’en réhabiliter trois autres. « Il a fallu convaincre tout le monde, à l’issue de plus de 130 réunions, dont 80 au Mirail. Mais aujourd’hui, 95 % des familles adhèrent au projet », se félicite M. Méric. Un ensemble de mesures d’accompagnements ont été instaurées. En premier lieu, il fallait régler la question des transports, pour des enfants peu habitués à franchir la rocade vers le centre-ville. Dix-sept navettes, qui permettent un transport direct et gratuit vers leur collège d’accueil, sont en service, et les élèves bénéficient d’une carte gratuite pour le métro.

Classes limitées à 25 élèves
L’éducation nationale, au travers de l’inspection académique départementale, a joué le jeu. Dès le début du programme, elle a instauré la limitation des effectifs à 25 élèves dans chaque classe de 6e des onze collèges d’accueil, contre 30 dans certaines autres classes. Les principaux des collèges et les enseignants sont accompagnés par six « maîtres mixité sociale », qui font le lien entre les écoles primaires du quartier et les collèges. Deux personnes faisant leur service civique interviennent dans chaque collège et certaines associations prennent en charge les enfants en dehors du temps scolaire.

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Les élèves issus du Mirail « n’ont pas été choisis selon des critères de revenus ou ethniques, tient à préciser Mathieu Sieye, directeur académique de la Haute-Garonne. Ils viennent des écoles primaires des quartiers concernés et sont dispatchés en “cohorte” vers le centre-ville. » Quatre années plus tard, le dispositif semble satisfaire l’ensemble des acteurs. « Certains élèves sont effectivement très faibles en termes de niveau scolaire et on constate parfois un grand écart avec nos élèves habituels, constate le principal du collège Michelet, Bernard Vigouroux. Mais les mesures prises par l’éducation nationale – classes à 25 et appui des maîtres mixité sociale – nous permettent d’élever nos expertises pédagogiques et didactiques. »

Pour la professeure d’histoire-géographie Aurélie Rodes, « ce n’est pas un bloc homogène, il y a différent profils, certains sont brillants. L’avantage, c’est le travail en commun qui se met en place dans les cours. Cela fait aussi le plus grand bien aux enfants plus favorisés qui ne sont pas tirés vers le bas. Les échanges sont très riches ». Surtout, les parents des enfants du Mirail, souvent intimidés ou apeurés au début, seraient de plus en plus investis. « Plus reconnaissants envers l’école aussi », note Mme Rodes.

« On réduit vraiment les écarts »
Ce premier bilan est également loué par Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Eric Pinot, son vice-président départemental, se dit « très satisfait de cette volonté politique et des efforts financiers et d’accompagnements investis ». « On a de vrais résultats, on réduit vraiment les écarts entre quartiers », affirme-t-il. Certains chiffres sont effectivement éloquents : 63 % des élèves concernés ont obtenu leur brevet, quand la proportion n’était que de 50 % de réussite pour les élèves scolarisés à Badiou, un des deux collèges détruits ; 94 % d’élèves entrent en lycée et seuls 3 % redoublent ; 52 % d’entre eux entrent en seconde générale.

Le département, qui doit livrer vingt-deux collèges d’ici 2027, en inaugurera deux en 2022 « en frange de quartier, afin de pouvoir procéder à une sectorisation qui permette un équilibre social dans les effectifs », précise Georges Méric. « Les ghettos sont le fruit de la politique de la ville et nous n’avions pas notre mot à dire dans une ville toujours gouvernée par la droite », pique le président socialiste. « L’éducation et la mixité, ce sont les fondements de notre République », estime-t-il.

Extrait de lemonde.fr du 06.10.21

 

Mixité sociale dans les collèges
Depuis janvier 2017, le Conseil départemental a lancé, en collaboration avec le Rectorat de l’académie de Toulouse, un plan ambitieux d’amélioration de la mixité sociale dans les collèges haut-garonnais pour un budget de 56 millions d’euros. L’objectif ? Lutter contre le déterminisme social en favorisant la réussite de tous. Une large concertation citoyenne a été mise en place pour accompagner ce projet.

La situation en Haute-Garonne
Si, en moyenne, les collèges haut-garonnais sont plutôt équilibrés, on constate des disparités sur l’agglomération toulousaine. Le constat fondé sur la répartition des élèves dans le secteur public, selon la catégorie socio-professionnelle, montre que les collèges toulousains sont légèrement plus défavorisés par rapport à la moyenne départementale, mais que les élèves issus de catégories socio-professionnelles défavorisées sont concentrés dans le secteur public Au total, on se rend compte que les collèges dépendent de leur environnement.

Il existe aujourd’hui des collèges sur les territoires de relégation qui subissent la ségrégation urbaine et dans lesquels sont concentrés les élèves issus d’un milieu défavorisé, tandis que les élèves issus d’un milieu favorisé se concentrent dans les collèges situés sur des territoires favorisés.

Ces écarts de composition sociale des établissements s’accompagnent en outre d’écarts en termes de performance scolaire : Toulouse compte à la fois les collèges ayant les meilleurs résultats scolaires et ceux ayant les plus faibles résultats du département. Donc la sectorisation « classique » telle qu’elle existe aujourd’hui étant basée sur le territoire de proximité, ne peut pas seule corriger les effets de la ségrégation urbaine qu’elle subit de plein fouet

Extrait de haute-garonne.fr

 

Éducation : le conseil départemental présente un bilan positif de la mixité sociale dans les collèges

Le conseil départemental de la Haute-Garonne a présenté, ce mercredi 6 octobre, un bilan positif de son dispositif de mixité sociale dans les collèges lancé en 2017. Plus de 1 000 élèves issus des secteurs de la Reynerie et Bellefontaine sont aujourd’hui accueillis dans onze collèges toulousains dits "favorisés".

Selon plusieurs études, "l’origine sociale des élèves conditionne très fortement la réussite scolaire en France". C’est sur la base de ce résultat que le conseil départemental de la Haute-Garonne, en collaboration avec l’inspection académique, a lancé son expérimentation en 2017 pour la mixité sociale dans les collèges. [...]

Extrait de ladepeche.fr du 06.10.21

 

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Coll. départem. (gr 3)/

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