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La carte 2023 dans le 1er degré : inversion de tendance ; poursuite partielle des dédoublements en GS (Le Café, ToutEduc)

14 décembre 2022

Carte scolaire : Inversion de tendance

Pour la rentrée 2022, le ministère annonçait une hausse significative des « moyens » d’enseignement, particulièrement dans le premier degré. La carte scolaire de la rentrée 2023, présentée le 13 décembre, rompt avec cette tendance. C’est une baisse nette d’environ 1300 postes ETP qui aura lieu à la rentrée. L’enseignement primaire, privilégié jusque-là, subit les plus fortes baisses. Alors que le nombre d’élèves diminue, le ministère récupère des moyens au lieu d’améliorer l’Ecole. Le détail par académie dans cet article.

Plus de transparence

« La baisse est sans comparaison avec l’évolution du nombre d’élèves », dit-on au ministère. Et c’est vrai : cela pourrait être pire ! Mais la rentrée 2023 est marquée par deux inversions de tendance présentées le 13 décembre en CTM ministériel.

La première concerne la transparence budgétaire. Pour la rentrée 2023, on retrouve une évolution en postes qui avait été perdue de vue sous le quinquennat précédent. L’année dernière, le ministère présentait une évolution en « moyens » qui était optimiste. Alors que le budget n’inscrivait aucune création de postes, le ministère comptait 1500 moyens d’enseignement supplémentaire. Cette année, le budget prévoit 1500 postes en moins et le ministère en reconnait déjà 1300.

Le retour à davantage d’orthodoxie budgétaire met d’autant plus en évidence l’évolution négative : le second quinquennat est celui de la baisse avouée des moyens d’enseignement, particulièrement dans le 1er degré, jusque-là préservé. Et on verra ce que cela implique.

Dans le premier degré

Selon le ministère, le nombre d’élèves devrait continuer à baisser. On compterait 64 000 écoliers en moins, du fait de l’évolution démographique. Cela représente environ 2500 postes qui pourraient être libérés. Cette prévision est quand même sujette à variation. En 2022, le ministère avait prévu 20 000 élèves de moins que ce qui a été réalisé.

Le ministère annonce 802 suppressions de postes dans les classes du premier degré, 135 postes étant retenus pour le plan autisme. À la rentrée 2022, toutes les académies étaient dans le vert, avec des créations de « moyens d’enseignement » ou la stabilité. À la rentrée 2023, seulement 6 académies connaissent des créations de postes.

Alors que lors du quinquennat précédent le premier degré a connu des créations de postes, à la rentrée 2023 on aura des suppressions. Les créations des années précédentes étaient justifiées par l’écart de financement du premier degré entre la France et les autres pays de l’OCDE. Cet écart existe toujours : on dépense moins en France que les autres pays pour l’école et plus pour le lycée. La politique de rééquilibrage en faveur du premier degré est cassée net sous le second quinquennat. C’est probablement l’évolution majeure de la rentrée 2023.

Créteil et Versailles recevront 65 et 70 postes supplémentaires. Ce sont des académies avec beaucoup d’écoles en éducation prioritaire, par conséquent bénéficiaires du dédoublement en grande section de maternelle, et avec des classes souvent chargées, donc bénéficiaires aussi du plafond mis à 24 élèves en GS et CP. Mais en 2022, ces deux académies avaient reçu 210 et 313 temps plein : on mesure la chute ! Montpellier recevra 17 postes, Nice 60, la Guyane 74 (contre 127 en 2022), La Réunion 28 (contre 69 en 2022). Mayotte est mieux traité : 168 créations de postes contre 189 en 2022. Il est vrai que la situation scolaire y est particulièrement mauvaise avec notamment une généralisation de l’alternance des classes.

Partout ailleurs, c’est la chute. Clermont-Ferrand avait gagné 5 postes en 2022. L’académie en perd 58 en 2023. Grenoble avait bénéficié de 87 créations en 2022. C’est 0 en 2023. Lille passe de +20 à -150 instantanément, Nancy-Metz de +10 à -85, Nantes de +40 à -78, Orléans Tours de +10 à -81, Rennes de +10 à -60. Paris perdra 155 postes.

En dehors du plan autisme, on se demande comment, avec ces moyens en baisse, le ministère pourra honorer ses décisions. Il est prévu la poursuite des dédoublements en GS, le plafonnement à 24 élèves en GS et CP. Le ministère avait aussi promis, avec la loi Rilhac, d’améliorer les décharges des directeurs. Visiblement ce ne sera pas le cas.

« On n’utilise pas la baisse démographique pour renflouer l’école », nous dit Guislaine David, co secrétaire générale du Snuipp Fsu, le premier syndicat de professeurs des écoles. « On a besoin d’un plan d’urgence pour l’école pour faire face aux effets de la crise de la covid et aussi à la réduction des inégalités. On a besoin aussi de postes pour les remplacements. On voit bien en ce début d’hiver que partout, on a de gros problèmes de remplacement. On aurait pu aussi créer des postes de Rased pour rendre l’école vraiment inclusive ».

Plus simplement, le ministère aurait pu utiliser la baisse du nombre d’élèves pour améliorer le taux d’encadrement. Il promet que le rapport professeur / élèves va continuer à baisser. Mais, si les résultats des élèves français sont si faibles par rapport à leurs camarades des autres pays, c’est aussi parce que les classes françaises sont nettement plus chargées. On compte en France en moyenne 18.4 élèves par classe dans le premier degré. Ils sont 11 en Italie, 13 en Finlande, 13.6 dans l’Union européenne.

Dans le second degré

498 postes sont supprimés dans le second degré. Cette année, le ministère n’annonce pas de « moyens supplémentaires » pour esquiver cette situation.

Ces suppressions de postes ne sont pas justifiées par une diminution du nombre d’élèves. Le ministère prévoit 840 élèves en moins, soit une poussière par rapport aux 5 millions d’élèves du 2d degré.

Supprimer des postes signifie entasser davantage les élèves dans les classes ou réduire l’offre de formation. Le second degré a pourtant connu une hausse continue du nombre d’élèves par classe sous le quinquennat précédent. En collège, on est passé en moyenne de 25 à 26 élèves par classe. Au lycée de 29 à plus de 30. Ces moyennes cachent une nette dégradation des conditions d’enseignement pour les élèves des zones urbaines, les plus défavorisées. La rentrée 2023 verra donc la continuité dans la détérioration de ces conditions alors même que les enquêtes du ministère connaissent la souffrance des enseignants.

Huit académies voient leurs moyens augmenter. C’est le cas de Créteil et Versailles (70 et 55 postes contre 100 et 170 en 2022), d’Aix-Marseille (avec 49 postes), de Lyon (65 postes, 10 fois plus qu’en 2022 !), Montpellier (90 postes), Nice (60 postes), Toulouse (50 postes), la Guyane (60) et Mayotte (150).

Ailleurs, c’est la chute. Besançon perdra 76 postes, Bordeaux 104 (elle en avait gagné 70 en 2022), Dijon 99, Lille 160 (le double de 2022), la Normandie 105, Paris 182 (aucune perte en moyens d’enseignement en 2022), la Guadeloupe 106.

« Encore une année de suppressions d’emplois dans le 2d degré », nous dit Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes Fsu, le premier syndicat enseignant du 2d degré. « C’est la 6ème rentrée consécutive avec des académies durement touchées alors qu’elles cumulent de nombreuses inégalités sociales. Je ne vois pas non plus comment le collège va pouvoir être « réparé » avec cette dotation ».

En résumé

On retiendra de la nouvelle carte scolaire deux faits importants. Le premier, c’est la rupture en ce qui concerne le premier degré. L’OCDE alerte depuis des années la France à propos du sous financement du premier degré. Sur ce point, le quinquennat Hollande puis le premier quinquennat Macron avaient vu le début d’un rééquilibrage. Cette politique est stoppée net sous le 2d quinquennat. Or les inégalités scolaires apparaissent et se creusent au primaire. La France a loupé sa politique pour les moins de trois ans. Elle choisit la régression pour l’élémentaire et la maternelle. C’est clairement une politique qui va mener à la croissance des inégalités, quoiqu’en dise le ministre.

Le second enseignement concerne l’utilisation des moyens dégagés par la baisse démographique. On avait pressenti en 2022, avec l’appel croissant aux contractuels et une modification des concours qui fait chuter le nombre de candidats, que le gouvernement choisissait de boucher les trous avec des moyens provisoires plutôt qu’embaucher des moyens pérennes susceptibles d’améliorer le système d’enseignement. La carte scolaire 2023 confirme cette orientation. La chute du nombre d’élèves ne sera pas utilisée au bénéfice de l’inclusion scolaire ou de la réduction des inégalités. Le sort qui est fait au second degré en est la caricature.

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 13.12.22

 

Quels moyens pour les écoles, collèges, lycées l’an prochain ? (ministère)
Paru dans Scolaire le mardi 13 décembre 2022.
Le ministère de l’Education nationale présente aux organisations syndicales, ce 13 décembre, les moyens dont disposeront les écoles et établissements à la prochaine rentrée. Il fait valoir les évolutions démographiques, à commencer par celles qui ont marqué la rentrée 2022.

Cette année, le premier degré public a perdu très précisément 49 699 élèves et seules les académies de Nice (0,6%), de Guyane (2,3 %) et Mayotte (4,8 %) ont vu augmenter leurs effectifs. Toutes les autres académies sont en négatif, notamment les académies de Lille (-2,3 %) et Paris (- 3,6 %). Le nombre d’enseignants pour 100 élèves est passé à 5,93. Il est supérieur à 5,5 dans toutes les académies sauf celle de Nice (5,39).

A la prochaine rentrée, le ministère attend une nouvelle baisse des effectifs, de 63 748 élèves. Toutes les académies sont en négatif, sauf la Guyane (+ 3 %) et Mayotte (+ 5,3 %). Est prévue une diminution de quelque 1 000 postes, correspondant à 667 ETP, notamment du fait qu’un certain nombre de jeunes enseignants, ayant un Master autre que MEEF, seront à mi-temps et donc comptés pour un emploi mais pour un service devant élèves réduit. Lille perdra 150 ETP, Amiens 77, la Normandie 99, Paris, 155, Reims 58, Nancy-Metz 85, Strasbourg 43, Rennes 40, Nantes 78, Orléans - Tours 81, Dijon 72, Besançon 52, Poitiers 60, Limoges 23, Clermont-Ferrand 58, Bordeaux 30, Toulouse 42, la Guadeloupe 25, la Martinique 35. Plusieurs académies sont à 0 : Lyon, Grenoble, Aix-Marseille, la Corse. Gagnent des postes : Versailles, 70, Créteil, 65, Nice, 60, Montpellier 17 et outre-mer, la Guyane, 74, la Réunion, 28 et Mayotte, 168. Le P/E devrait être supérieur à 5,5 partout, sauf à Nice (5,46), et même supérieur à 7 en Guadeloupe, Martinique, Guyane.

Le ministère entend poursuivre les dédoublements des classes de grande section, sans arriver dès la rentrée 2023 à l’étendre à la totalité des classes de l’éducation prioritaire, la limitation à 24 des autres classes pourrait être achevée à la prochaine rentrée, "sauf cas marginaux".

Le second degré a perdu 10 695 élèves cette année, essentiellement à Lille, Reims, Paris, Dijon, Besançon, Clermont-Ferrand, Guadeloupe et Martinique. Les académies de Versailles et Créteil, Limoges, Toulouse, Montpellier, Lyon, Grenoble, Aix-marseille, Nice, Guyane sont en positif, la Corse est à + 1,12 % et Mayotte à + 2,55 %. Le ministère ne détaille pas par catégorie d’établissement, collège, lycée GT ou lycée professionnel, mais c’est surtout le niveau collège qui a perdu des élèves. Certaines académies ont perdu des emplois, Mayotte (- 23 %) et la Guyane (-9,2 %) notamment, d’autres en ont gagnés, notamment Dijon (+ 2,8 %).

A la prochaine rentrée, le 2nd degré devrait perdre 840 élèves, notamment Paris, la Guadeloupe, la Martinique, tandis que Créteil et Versailles et toutes les académies du sud devraient en gagner. Le second degré va perdre 498 "moyens d’enseignement" : Lille perdra 160 ETP, Amiens 65, la Normandie 105, Paris, 182, Reims 52, Nancy-Metz 54, Strasbourg 40, Rennes 30, Nantes 3078, Dijon 99, Besançon 69, Poitiers 25, Limoges 18, Clermont-Ferrand 25, Bordeaux 10, Toulouse 50, Grenoble 9, la Guadeloupe 106, la Martinique 56, la Réunion 17. L’ académies d’Orléans - Tours est à 0. Gagnent des postes : Versailles, 55, Créteil, 70, Lyon 65, Toulouse 50, Montpellier 90, Aix-Marseille 49, Nice 60, La Guyane 60, Mayotte 150.

Interrogé sur la proportion entre la diminution du nombre des élèves et celles du nombre des enseignants, le ministère invite à calculer sur deux années (2021-2022 et 2022-2023).

Le ministère donne aussi la répartition des 100 emplois de CPE créés à la rentrée 2023 : Clermont-Ferrand, Aix-Marseille, 1, Guyane 3, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Poitiers 5, Versailles, Créteil, Orléans-Tours, Nice, Mayotte 7, Lyon 8 , Nantes, Bordeaux, Grenoble 9. Paris perd 3 postes.

Le ministère annonce encore la création d’ULIS et prévoit 135 ETP pour le déploiement du plan autisme dans le premier degré.

Extrait de touteduc.fr du 13.12.22

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