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Mixité sociale. Le protocole dans la presse (suite) : le Figaro des 22 et 23 mai

24 mai 2023

« Contrairement à ce qu’affirme le protocole signé par Pap Ndiaye, les bienfaits de la mixité scolaire n’ont rien d’évident »
Par Marion Oury

« Croit-on vraiment, cherche-t-on réellement à nous faire croire, que le prestigieux établissement Stanislas va, à présent, et sur la base de cette profession de foi, choisir des élèves “excellents mais pas trop” ? »

FIGAROVOX/TRIBUNE - Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a signé, le 17 mai, un protocole d’accord sur la mixité sociale et scolaire avec le secrétaire général de l’enseignement catholique. Mais de nombreux points de ce document sont contestables, argumente l’universitaire Marion Oury.

Marion Oury est maître de conférences en sciences économiques à Paris Dauphine-PSL.

Le « protocole d’accord » signé, il y a quelques jours, par Pap Ndiaye et Philippe Delorme, le secrétaire général de l’enseignement catholique, mérite un coup d’œil. On y découvre en effet un surprenant et nouveau catéchisme : « il est essentiel d’assurer dans chaque classe la présence d’élèves issus de milieu sociaux diversifiés mais aussi de niveaux scolaires différents. » Autrement dit, c’est à présent officiel : la mixité scolaire (c’est-à-dire celle des niveaux scolaires) est un objectif à rechercher. Et ce, « à tous les niveaux », précise le document. Elle est « un facteur majeur de réussite individuelle et collective », « une condition essentielle de l’éducation et de la construction de la fraternité entre les élèves », une « priorité » du ministre actuel.

Pour quelles raisons ? Rien n’est dit. On aimerait pourtant ici, de la part des hautes sphères, quelques explications. Car, rappelons cette évidence, les bienfaits de la mixité scolaire n’ont rien d’évident : nombre d’enseignants (dont l’auteur de ces lignes) ont en effet constaté, à un moment ou à un autre de leur carrière, qu’une trop forte hétérogénéité de niveau dans une classe nuit aux apprentissages. (Et cela d’ailleurs pour les bons élèves comme pour les moins bons.) Et il faut ajouter que les études internationales consacrées à ce sujet en Économie de l’éducation présentent des résultats divers et contradictoires : rien donc qui puisse justifier l’optimisme béat du protocole d’accord. Ses affirmations relèvent de l’idéologie chimiquement pure. Ou plutôt sans doute de la pensée magique : car chacun aimerait bien sûr croire que la mixité scolaire n’a que du bon puisqu’elle est statistiquement liée à la mixité sociale. (Ce lien statistique malheureux étant d’ailleurs d’autant plus fort que le système scolaire est déficient.)

Autre question qui brûle les lèvres : la mixité scolaire, de quelle façon ? Le document est à ce titre, il faut le dire, presque drôle : croit-on vraiment, cherche-t-on réellement à nous faire croire, que le prestigieux établissement Stanislas va, à présent, et sur la base de cette profession de foi, choisir des élèves « excellents mais pas trop » ? des profils aussi « divers scolairement » que possible ? Philippe Delorme a sans doute pensé, en signant cet accord, qu’à Tartuffe (ce ministre « croyant non-pratiquant » de la mixité qui a choisi de mettre ses propres enfants à l’abri de ce dont il chante les bienfaits), Tartuffe et demi.

La mixité scolaire, jusqu’à quand ? Autrement dit : à partir de quel âge les différences sont-elles autorisées ? Il y a urgence à nous interroger collectivement sur ce point. [...]

Extrait de lefigaro.fr du 23.05.23

 

« Avec le nouveau protocole de Pap Ndiaye, les derniers bons élèves du public s’en iront dans le privé »
Par Anne Coffinier

« L’égalité des chances ne consiste pas aujourd’hui à mettre tout le monde dans une structure unique fut-elle gratuite, mais à aider financièrement les parents à faire accéder leur enfant à l’école de leur choix. » Francois Bouchon / Le Figaro
FIGAROVOX/TRIBUNE - En augmentant le nombre de boursiers dans le privé, le protocole signé le 17 mai, qui vise à renforcer la mixité sociale dans les écoles privées sous contrat, risque de pénaliser le public, estime la présidente de l’association « Créer son école », Anne Coffinier.

Le ministre Pap Ndiaye et le secrétaire général de l’enseignement catholique ont signé, le 17 mai, un protocole pour renforcer la mixité sociale dans les écoles privées sous contrat. Cela n’était pas prévu dans le programme d’Emmanuel Macron. Si Pap Ndiaye avait annoncé qu’il voulait faire de la mixité sa priorité, il était clair pour tous qu’il s’agissait avant tout de réduire les différences sociales criantes entre les différents établissements publics. La publication en octobre 2022 de l’indice de positionnement social (IPS) est venue perturber la donne politique, en démontrant statistiquement ce que tout le monde savait confusément : la population scolaire aisée est concentrée dans l’enseignement privé, tandis que l’école publique accueille une plus grande part de la population économiquement défavorisée. En effet, les établissements sous contrat scolarisent 40% des élèves très favorisés mais seulement 17% des élèves…

Extrait de lefigaro.fr du 22.05.23

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