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Lettre d’information n°15, octobre 2024 - "Le travail personnel"
Voilà l’année lancée et les marques prises…Les premières évaluations ont été faites ou posées et il est question maintenant d’organiser le travail personnel des élèves.
Mais qu’entend-t-on réellement derrière cette appellation ? Si l’on s’en fie à l’étymologie, le mot « travail » désignait à l’origine un instrument de torture appelé « tripallium », écartelant ses victimes et les laissant périr dans d’atroces souffrances. Bien évidemment, l’évolution du mot, à fortiori dans le domaine scolaire, s’est, fort heureusement, bien distancié de cette définition originelle.... Comme on peut le trouver sur le site de l’Ifé, " Le travail personnel des élèves renvoie à l’ensemble des processus mobilisés de façon autonome et personnelle par l’élève pour s’approprier les objets d’enseignement".
Le travail personnel est cependant un vaste sujet qui a souvent occasionné des divergences de positionnement. La question de l’efficacité de celui-ci n’a pas toujours été évidente ; dans quelles mesures peut-il se révéler efficient et pertinent,et surtout, porteur de réussite ?
Cette question est d’autant plus prégnante au prisme des réalités des réseaux d’éducation prioritaire. De fait, les élèves scolarisés en éducation prioritaire ne jouissent pas tous d’un environnement socio-culturel qui leur permet un accompagnement idoine dans la conduite de leur travail personnel. Dans ces conditions, dans quelles mesures le travail personnel permet-il de réduire ou amène-t-il à renforcer les inégalités scolaires ?
L’objectif premier du travail personnel est de répondre aux besoins des élèves, qui ne sont pas tous égaux face à leurs apprentissages. Tous les élèves n’ont sans doute pas les mêmes besoins en la matière, notamment quand ils ont des besoins éducatifs particuliers. La piste de la différenciation, en l’occurrence, s’avère sans doute judicieuse, si ce n’est nécessaire. Il faut néanmoins garder à l’esprit que le travail personnel ne saurait, à lui tout seul, réduire les inégalités, mais qu’il se situe dans l’ensemble des leviers possibles pour diminuer leurs impacts. La véritable question sur le travail personnel est en lien avec les évaluations des apprentissages ; peut-il permettre de mieux les préparer ? A quelles conditions ?
C’est précisément la modalité des mises en œuvre du travail personnel qui reste déterminante quant à son efficacité. Les types (productions écrites, exercices, récitations, exposés…) peuvent varier pour répondre aux enjeux des évaluations. Mais ces modalités de mise en œuvre du travail personnel demeurent plus efficaces lorsqu’elles sont envisagées à partir d’une analyse des besoins réels.
En effet, dans quelles conditions les élèves travaillent-ils ? Comment effectuent-ils ces tâches, en classe et en dehors de la classe ? Les dispositifs actuels, tels que « devoirs faits » ou encore l’accueil élargi 8h-18h, offrent un encadrement efficace surtout lorsqu’il se conjugue au travail coordonné des enseignants et des assistants pédagogiques.
Néanmoins, les conditions de travail en dehors de l’établissement restent également déterminantes ; on connaît le miroir aux alouettes de Chat GPT et d’autres formats propres à l’IA (intelligence artificielle) , mais ne peut-on pas y voir, au contraire, nos meilleurs « enamis », des alliés intéressants lorsque les conditions de la collaboration sont éclaircis ?
L’IA peut-elle aider au lieu de freiner les mécanismes cognitifs ? Comment la solliciter sans sacrifier le développement des capacités cognitives des élèves ? L’IA peut-elle suppléer aux lacunes associées aux inégalités socio-culturelles dès lors qu’on songe au travail personnel réalisé à la maison ?
Il est en tous les cas certain que le travail personnel est une sorte d’interface entre les deux espaces, publics et scolaires. Les familles, lorsqu’elles en ont les capacités, peuvent assurer un encadrement. Mais le risque du « brouillage » demeure quand le hiatus entre les pratiques enseignantes et les pratiques parentales est trop important.
Dans quelles mesures le fait de s’appuyer sur les familles peut-il dérouter la démarche installée avec les élèves en classe ? Cette question se pose également quand les parents ont recours au soutien personnel des aînés de la famille, ou bien un soutien payant, qui peut lui aussi brouiller les effets du travail personnel de l’élève, travail qui n’est alors plus si « personnel »…
Si l’on en revient aux intentions pédagogiques du travail personnel, elles sont claires. Elles visent clairement une amélioration des mécanismes cognitifs des élèves en situation d’apprentissage. En somme, il s’agit d’apprendre aux élèves à mieux réfléchir, pour mieux apprendre, en s’appuyant sur leurs propres capacités. Expliciter les enjeux du travail personnel permet sans doute d’engager plus facilement les élèves dans cette démarche autonome de travail en classe ou en dehors de la classe.
Il s’agit donc de découvrir dans cette lettre d’information les dispositifs existants pour optimiser la prise en charge du travail personnel, mais aussi pour en redéfinir les contours. Vous trouverez également des ressources plus pointues qui vous permettront de mettre en perspective les effets de l’encadrement pédagogique de ce moment d’autonomie pour les élèves.
● Focus sur l’observatoire du CAREP dédié au travail personnel hors la classe
- Objectifs et enjeux de l’observatoire sur le travail personnel hors la classe
Un observatoire sur le travail personnel hors de la classe avait été mené par le CAREP en 2015-2016. L’objectif de ce travail était de mettre en lumière les pratiques qui “seraient en mesure de rompre la courbe ascendante des inégalités”, pour citer un extrait de l’introduction du rapport de cet observatoire.
Cet observatoire a décidé de limiter son analyse au travail demandé explicitement par les enseignants des écoles et des collèges de REP et REP+, réalisés par les élèves en dehors du temps de la classe. Sont donc exclus, de facto, les temps de travail personnel périphériques dans l’établissement mais aussi l’ensemble de la prise en charge du soutien scolaire par des organismes privés.
Cette volonté de resserrer l’étude sur ce temps “hors la classe” a permis de se recentrer sur ce qui fonde le travail en autonomie de l’élève, en dehors de l’enceinte de ses salles de cours. Il s’agit, in fine, de comprendre la façon dont l’élève gère son autonomie peut être déterminée par son contexte socio-culturel. L’observatoire propose ainsi une meilleure inclusion des familles par l’explicitation des enjeux du travail personnel.
- Quelle est la démarche de cet observatoire ?
L’idée est de partir de l’expérience des réseaux et de leurs réalisations, afin de proposer des recommandations. Pour ce faire, il s’agit de mutualiser ces pratiques et de proposer des pistes d’actions opérationnelles. Il y a dans cet observatoire, au total, douze recommandations, réparties selon des entrées thématiques.
L’objectif ultime est de permettre aux réseaux de mieux cibler, avec finesse, leur diagnostic sur leurs besoins, au prisme des priorités du référentiel de l’éducation prioritaire.
- Comment cet observatoire est-il organisé ?
Cet observatoire aborde trois thèmes :
- Comment se l’approprier ?
Chaque page propose :
- Focus sur quelques recommandations
Nous vous invitons à vous plonger dans les conclusions de cet observatoire dont les recommandations vous permettront d’ajuster vos pratiques. Nous vous proposons ici un focus sur deux recommandations ; ces synthèses ne sont qu’une porte d’entrée vous incitant à une consultation plus précise de cet outil précieux.
• Thème 1 : Le travail personnel : pour qui ? pour quoi ?
– Recommandation n°3 : Recentrer le travail personnel des élèves sur les apprentissages en les aidant à développer leur autonomie
Le travail personnel est envisagé comme “rattrapage” ou comme “compensation” du temps perdu en classe. Les élèves l’associent à une sanction, et y rattachent un fort sentiment d’injustice. Lors des séances de correction, non suffisamment étayées, mais plutôt imposées, le sentiment d’échec face aux erreurs, face aux”fautes” est grandement accru.
Recentrer le travail personnel des élèves sur les apprentissages en les aidant à développer leur autonomie.
Plus l’élève apprend à considérer ses erreurs comme des leviers de progrès, plus il se sent sécurisé pour aborder de nouveaux apprentissages. Quand il expérimente lui-même des méthodes d’apprentissage qui lui sont propres, il en retire de la fierté.
Plusieurs pistes à plusieurs échelles :
• Thème 3 : Comment remettre en cohérence tous les acteurs éducatifs ?
– Recommandation n°9 : rendre le travail personnel des élèves, ses attendus, ses visées d’apprentissage et son évaluation plus explicites et plus lisibles
Les familles, a fortiori défavorisées, attendent de l’école qu’elles fassent réussir leurs enfants. Cependant l’implication des familles n’est pas facile à obtenir, en dehors des moments jugés “cruciaux”, l’entrée en CP ou l’année diplômante de troisième. L’incompréhension des parents, éloignés des codes scolaires, vis-à-vis de la diversité des méthodes enseignantes, de la quantité de travail elle-même variable d’un enseignant à l’autre et de façon plus générale, est fréquente. Ils ont tendance à rattacher ce traitement à une forme de “mépris” caché pour ces élèves issus des quartiers prioritaires (enseignants nommés inexpérimentés, remplacements trop rares...)
Donner aux familles une vision plus claire du travail personnel des élèves, de ses attendus, de ses objectifs en termes d’apprentissages et surtout quand il s’agit de la question de l’évaluation.
Des écoles ouvrent les classes aux parents selon des périodicités différentes. Des espaces de rencontres et d’échanges sont créés. Cela rassure parents qui voient les enseignants à l’œuvre et cela sécurise les enfants voyant leur enseignant discuter avec leurs parents.
Plusieurs pistes à plusieurs échelles :
● Pour réfléchir
- Le travail personnel : une politique éducative
• Le travail personnel au prisme du socle commun
Sur les cinq grands domaines qui composent le socle commun de connaissances, les devoirs sont définis dans le Domaine 2.
Le Domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre » vise à enseigner aux élèves à apprendre de façon autonome ou collective, en classe ou en dehors, pour réussir dans leurs études et se former tout au long de la vie. Il met l’accent sur la gestion du travail personnel (planification, mémorisation, résolution de problèmes), l’utilisation des outils numériques pour la recherche et la production de contenu, et le développement de compétences comme l’attention, la concentration et la coopération. L’objectif est de rendre les élèves autonomes et capables d’organiser leur apprentissage à l’aide d’outils pratiques (prises de notes, fiches, cartes mentales, etc.)
⭢ Le socle commun de connaissances de compétences et de culture
• Le Vademecum « devoirs faits » est conçu comme un outil de pilotage
Après quatre ans de mise en œuvre, « Devoirs faits » est devenu un levier pédagogique majeur pour favoriser l’égalité des chances et améliorer la réussite scolaire des élèves, particulièrement celles et ceux en difficultés. Basé au début sur le volontariat des élèves,« Devoirs faits » est rendu obligatoire depuis 2023 pour tous les élèves de 6e.
« Devoirs faits » a pour objectif de permettre aux élèves de faire leurs devoirs dans de bonnes conditions au collège, de développer leur autonomie et de renforcer les savoirs fondamentaux. Ce dispositif est piloté par chaque établissement et encourage l’implication des familles. Une évaluation continue de ce dispositif est proposée afin d’en mesurer les effets et d’ajuster les pratiques en fonction des besoins des élèves et des contextes locaux. + Mission académique (aurélie)
• Le temps scolaire du travail personnel : focus sur l’accueil élargi 8h-18h
Ce dispositif, dénommé « Accueil élargi 8h-18h » a fait l’objet d’une expérimentation au cours de l’année scolaire 2023-2024 dans 195 collèges et a permis de constater des effets positifs sur la réussite scolaire des collégiens qui y ont participé ; il constitue par voie de conséquence un levier pour garantir à chaque élève une offre péri éducative de proximité, porteuse des valeurs de l’École de la République.
L’offre d’activités riches, essentiellement proposées par des personnels de l’éducation nationale, appelle désormais une
mobilisation étendue pour renforcer l’accueil de 8h00 à 18h00 dans les collèges de l’éducation prioritaire et ce, en mettant en place les conditions favorables à sa réalisation.
Vous trouverez des informations complémentaires sur cette page ainsi que plusieurs exemples d’emplois du temps ci-dessous
⭢ « Accueil élargi 8h-18h »
⭢ Exemple d’emploi du temps 8h-18h
• La mission académique de l’accompagnement des élèves
Une mission académique dédiée à l’accompagnement des élèves engage des axes de réflexion et de travail sur cette
question. Nous vous invitons à la consulter pour découvrir les nombreuses ressources qui vous sont proposées
• “Mais en fait, à quoi ça sert les devoirs ?” Une vidéo pédagogique à montrer et commenter avec les plus petits (cycle 1 )
Cette courte vidéo a pour objectif essentiel d’informer les plus jeunes élèves sur les enjeux des devoirs. La vidéo a le mérite d’adopter un ton, un rythme et un visuel qui rassurera grandement les élèves. Elle rappelle la fréquence, la durée et l’inscription du temps des devoirs dans la fin de journée typique d’un enfant scolarisé dans les classes du cycle 1 notamment. Elle pourra être montrée aux élèves dans le cadre d’un échange sur leur organisation personnelle à la maison à la fin de la journée
⭢ Vidéo Lumni
- Le travail personnel au prisme des sciences cognitives
• Comment engager les élèves dans les apprentissages ?
Pour cette rentrée, le site Canopé propose un dossier sur l’engagement des élèves dans le travail et propose un cycle de
formations et conférences autour de thématiques. Motivation, coopération, autonomie, gestes professionnels agissant comme des leviers...Les entrées sont nombreuses !
Nous attirons votre attention sur la conférence de Céline Buchs sur les activités coopératives comme levier d’engagement qui aura lieu le 25 novembre (Des structures coopératives pour soutenir l’engagement de tous les élèves - CanoTech) et sur un webinaire consacré aux outils qui favorisent l’autonomie des élèves dans leur travail personnel (Des outils pour favoriser l’autonomie des élèves dans leur travail personnel - CanoTech).
Pour participer à ces conférences et formations une inscription est nécessaire.
• La métacognition au service du développement de l’autonomie des élèves
Dans ce document de synthèse, Joëlle Proust explore la métacognition comme un élément fondamental du processus d’apprentissage, soulignant son rôle dans le développement de l’autonomie des élèves. L’école est envisagée non seulement comme un lieu de transmission de savoirs, mais aussi comme un espace où les élèves apprennent à réguler leur propre apprentissage et à résoudre des problèmes de manière autonome.
Le rôle des enseignant est essentiel pour guider les élèves vers une prise de conscience métacognitive, leur permettant d’évaluer et d’ajuster leurs stratégies d’apprentissage.
Un enseignement plus explicite permet aux élèves de se concentrer sur les objectifs d’apprentissage plutôt que sur les tâches à réaliser.
Cependant, des défis subsistent, notamment pour les élèves de milieux populaires, qui peuvent avoir des représentations biaisées de l’apprentissage. Il est donc impératif de les accompagner dans le développement d’une vision claire de leurs capacités et de leurs valeurs personnelles. En somme, la métacognition émerge comme un levier essentiel pour favoriser l’engagement dans le travail personnel, nécessitant une approche pédagogique réfléchie et inclusive qui valorise l’autonomie des élèves.
⭢ La métacognition, enjeux pédagogiques de la recherche
• La métacognition au service de la régulation des apprentissages
Dans cette capsule, découvrez une capacité essentielle permettant aux élèves de réguler leurs apprentissages : la métacognition. Développer cette compétence, c’est apprendre aux élèves à "penser à leur manière d’apprendre". Pour cela, le développement de connaissances métacognitives (ce que sait l’élève de ses propres processus d’apprentissage) et d’un contrôle métacognitif (la capacité à planifier, surveiller et ajuster ses stratégies pendant l’apprentissage) est nécessaire. La métacognition permet d’aider les élèves à mieux comprendre comment ils apprennent, à identifier leurs points d’appui et leurs fragilités, et à adapter leurs stratégies d’apprentissage aux objectifs.
Encourager les élèves à développer leur métacognition leur permet de devenir des apprenants plus autonomes et efficaces. Cela favorise leur réussite en les rendant acteurs de leur apprentissage.
• Les enseignants des réseaux d’éducation prioritaire développent davantage de stratégies éducatives fondées sur les capacités métacognitives selon la Depp
Une enquête sur les pratiques enseignantes spécifiques aux contenus (Praesco) réalisée par la Depp en 2021 auprès d’enseignants de français de troisième, neuf enseignants sur dix considèrent les écarts de niveaux entre les élèves et le temps pour aider les élèves en difficulté comme des facteurs rendant difficile leur enseignement. Les résultats de cette enquête mettent également en évidence des liens entre les caractéristiques individuelles et contextuelles des enseignants et les trois dimensions pédagogiques observées.
Les enseignants qui exercent en éducation prioritaire adoptent plus fréquemment que les autres enseignants interrogés des pratiques qui visent à prendre en compte l’individualité des élèves. Nous vous invitons à découvrir les multiples conclusions de cette enquête dans cet article
• Conférence d’Elise Huillery au Collège de France : comment lutter contre les inégalités scolaires en aidant les élèves à devenir autonomes et à s’appuyer sur la coopération et la confiance en leurs capacités ?
Les politiques publiques visant à réduire les inégalités sociales et à favoriser la réussite scolaire par l’ajout de ressources supplémentaires échouent essentiellement parce qu’elles oublient les déterminants psychosociaux dans le comportement humain et qu’apporter des ressources n’implique pas nécessairement que les gens vont s’en saisir.
C’est le point de départ des recherches sur les compétences sociales et comportementales, à savoir la confiance en soi, le sentiment de contrôler ce qui nous arrive, l’optimisme vis-à-vis de la capacité à progresser, ou encore la capacité à coopérer.
Cette contribution s’attache dans un premier temps à établir le déficit français dans les compétences sociales et comportementales, puis dans un deuxième temps à présenter leurs impacts sur la réussite scolaire et l’insertion professionnelle, et enfin dans un troisième temps à discuter les actions possibles dans les établissements scolaires pour augmenter ces compétences.
• Métacognition et réussite des élèves : un dossier qui propose quelques séances didactiques
Les Cahiers pédagogiques proposent un dossier qui pose la question des conditions de l’efficacité de la mise en activité. Suffit-il de mettre les élèves en activités en classe pour qu’ils s’approprient les savoirs, savoirs faire sur lesquels est construite la séance qui leur est proposée ? Après avoir rappelé les concepts clés liés à la métacognition, le site propose 4 séances didactiques visant à amener les élèves à prendre conscience des stratégies d’apprentissage qu’ils peuvent mettre en œuvre, en particulier dans la mémorisation des leçons.
- Le travail personnel face aux nouveaux enjeux du numérique
• L’IA dans l’accompagnement des apprentissages fondamentaux
Des services numériques s’appuyant sur l’intelligence artificielle sont disponibles pour les enseignants du cycle 2 afin de mieux accompagner les élèves dans les apprentissages des savoirs fondamentaux en français et en mathématiques. Ces services ont été développés par des entreprises et des laboratoires de recherche à partir des retours d’expérience des professeurs lors d’une phase de recherche et développement.
Plusieurs services mis à disposition des enseignants, pour le français et les mathématiques notamment, vous sont proposés. Il s’agit essentiellement de logiciels qui permettent une personnalisation des approches pédagogiques dans la l’acquisition des apprentissages.Ils peuvent également être utilisés pour certains en autonomie par les élèves.
• Et si l’intelligence artificielle contribuait ou renforçait au renforcement des inégalités ?
Réalisée par Hélène Gaudreau et Marie Michèle Lemieux, ce rapport juge que l’intelligence artificielle est d’autant plus incontournable en éducation qu’elle est déjà bien installée dans le système éducatif. "L’intelligence artificielle est utilisée depuis déjà un certain temps en éducation, et ce, de plusieurs façons, dont les systèmes tutoriels dits intelligents, les systèmes d’évaluation automatique, les environnements d’apprentissage collaboratif et les jeux visant l’apprentissage", disent les autrices. L’IA réorganise aussi le marché du travail en supprimant des emplois, particulièrement chez les moins diplômés. Les autrices ne pensent pas que les emplois des enseignants soient menacés car une machine ne sera pas capable des interactions que les enseignants pratiquent. Cependant, elles pointent un écueil : "Le profilage et le catalogage des personnes peuvent conduire à une surdétermination des profils d’apprentissage et à une uniformisation des parcours. Enfin, l’utilisation des données personnelles entraîne des risques de biais ou de renforcement des discriminations et peut conduire à l’accroissement des inégalités – dont l’accès à l’éducation – et à la concentration du pouvoir." Elles craignent au final une "standardisation des apprentissages et de l’évaluation ce qui pourrait laisser les prochaines générations démunies devant un monde en constant changement".
- Travail personnel et coéducation
• Ce que le confinement a révélé sur la difficulté du travail personnel à la maison
La période du confinement a été un laboratoire à grande échelle pour expérimenter l’articulation entre les contenus pédagogiques conçus par les professeurs et leur mise en application à distance par les élèves et leur famille. Elle a permis de mettre en lumière les difficultés accrues de certains élèves dans la mise en place de leur travail personnel dans ce contexte, tout en révélant, par leur absence, les interactions et situations pédagogiques propres à l’enseignement en classe.
⭢ Etude du Centre Alain Savary
• L’aide aux devoirs : dans quelles mesures agit-elle en faveur de la réussite scolaire ?
Cet article présente l’analyse d’un dispositif d’aide aux devoirs au travers des deux grands systèmes de contraintes auxquels il est soumis. L’étude du premier de ces systèmes nous permet de mettre en évidence différentes sources de tension venues de la classe (faible maîtrise des notions, opacité des consignes, etc.) qui se cumulent et dessinent une situation initiale très déterminée. Le second, propre au dispositif, découle des partis pris qui y sont mis en œuvre, en particulier de la forte individualisation du travail et du contexte de son organisation. Dans les quartiers populaires où l’enquête a été menée, ces deux systèmes entrent en résonance et laissent peu de liberté aux intervenants, dès lors moins enclins à centrer leur action sur les apprentissages qu’à développer des stratégies de survie dont le bénéfice pour les élèves n’est pas toujours évident.
• “Faire ses devoirs”, enjeux cognitifs et sociaux d’une pratique ordinaire, sous la direction de Patrick Rayou
Cet ouvrage est un recueil d’articles qui explorent la question du travail scolaire à la maison et son impact sur les élèves, les familles et l’école. La question des inégalités scolaires renforcées par certains contextes socio-culturels dans la prise en charge de ce travail personnel à la maison est abordée . La finalité même des devoirs est également questionnée, dans la mesure où les devoirs occasionnent des tensions au sein du cercle familial.
Une revue sur cet ouvrage sera prochainement intégrée dans la bibliothèque virtuelle du CAREP.
• Quand faire ses devoirs à la maison défait le travail du professeur en classe
Cette ressource est consacrée aux devoirs à la maison. Elle met en lumière les facteurs d’inégalités dans la réussite scolaire et la place des devoirs à la maison, tant dans le parcours de l’élève que dans les représentations que les parents peuvent s’en faire.
Des élèves qui travaillent le soir à la maison à leur bureau, qui reprennent les exercices vus en classe et approfondissent les notions demandées relèvent de la fiction d’un imaginaire social. Les devoirs sont souvent sources de tensions à la maison et sont rarement le prolongement vertueux de ce qui a été fait en classe. Pourtant c’est bien l’école qui impose une continuité de la classe dans l’espace domestique, loin du contrôle et de l’aide des enseignants.
Dans les milieux défavorisés, les parents sont souvent démunis, ils ne comprennent plus les attendus de l’école et se retrouvent doublement impuissants face à l’attitude de leur enfant « qui n’a pas compris ce qu’il fallait faire ». Pire, ils pourraient être considérés comme responsables de l’échec (ou de la réussite) de leur enfant.
Cet article du Centre Alain Savary montre que pour ne pas creuser les inégalités, c’est à l’école d’apprendre progressivement aux élèves à comment faire les devoirs, et ne pas prendre cela pour un processusnaturel. L’implication des familles est là encore essentielle.
• Séverine Kapko, Les devoirs à la maison, Mobilisation et désorientation des familles populaires
Cet ouvrage questionne la place et la pertinence des devoirs à la maison dans la mesure où ces derniers peuvent accentuer les inégalités sociales et scolaires. S’appuyant sur des enquêtes ethnographiques menée auprès de familles d’origines diverses, Séverine Kakpo souligne le désarroi et l’impuissance de certaines familles face aux attentes enseignantes. La multiplicité des angles de vues permet à l’auteure de donner, de façon nuancée, des axes de réflexion sur ces fameux “devoirs à la maison”.
Une revue sur cet ouvrage sera prochainement intégrée dans la bibliothèque virtuelle du CAREP
- Représentations du travail personnel et inégalités
• L’œil du pédagogue : faire son travail personnel à l’école permet de ne pas trop creuser les inégalités scolaires
Dans cet article issu du dictionnaire de Meirieu, le pédagogue revient sur les représentations familiales, sociétales et institutionnelles des devoirs à la maison. Il pointe les écueils associés à l’externalisation des devoirs scolaires ; les familles les plus précaires au niveau socio-culturelles ne peuvent encadrer le travail de leurs enfants, ce qui peut ainsi contribuer au renforcement des inégalités. Philippe Meirieu plaide pour une externalisation du travail scolaire qui resterait néanmoins dans l’enceinte de l’établissement, sécurisant ainsi davantage les élèves.
• François Dubet, Najet Vallaud-Belkacem, Le Ghetto scolaire, pour en finir avec le séparatisme
Cet ouvrage explore les inégalités et la ségrégation dans le système éducatif français. La France reste tristement célèbre pour le déterminisme social qui affecte les parcours scolaires des élèves comme en attestent les enquêtes internationales. La “ghettoïsation” de certains établissements a réduit l’ouverture culturelle nécessaire pour élargir et consolider les savoirs fondamentaux.
Ce livre propose la solution de la mixité sociale ; elle a fait ses preuves en apportant des améliorations tangibles. Il s’agit ainsi de lutter contre le séparatisme social qui détruit l’école.
Une revue plus détaillée sur cet ouvrage sera bientôt disponible dans la bibliothèque virtuelle du CAREP.
• Dossier de veille de l’Ifé mené par Rémi Thibert, chargé d’études et de recherches, sur les représentations et les enjeux du travail personnel
Les devoirs « à la maison » sont à la fois une pratique commune essentielle au métier d’élève et un sujet de controverse récurrent. La note de synthèse de l’IFE montre d’abord comment l’évolution du cadre scolaire, de sa temporalité, de ses personnels et de ses pratiques a redéfini ce que devait être le travail personnel de l’élève, le réduisant souvent au travail à la maison, c’est-à-dire aux devoirs, en autonomie. Vision erronée, qui laisserait à penser que les élèves ne travaillent pas en classe… L’article amène ainsi à reconsidérer l’articulation entre le temps réel d’effort et d’implication en classe
et la capacité de l’élève à réinvestir hors la classe ce qui a été fait, tout en interrogeant le rôle des enseignants, des parents, ainsi que de différentes pratiques pédagogiques dans le développement de cette capacité.
⭢ Dossier
• Le curiculum invisible ou la source des malentendus socio-scolaires selon Julien Netter
Le travail de Julien Netter et de son équipe enrichit l’approche de la question de la reproduction des inégalités à l’école. Leur analyse se porte sur les instants où les enseignants, ou différents intervenants, instaurent des situations d’apprentissage qui ne sont pas décryptées de la même manière par tous les élèves.
Si certains vont être capables d’identifier les attentes en terme de posture, de travail, d’objectifs, parce qu’ils disposent de ce "curriculum invisible", d’autres ne vont pas comprendre les attendus du professeur et peuvent se retrouver en échec sans en comprendre la cause. Parce que les situations scolaires reposent sur un ensemble de codes, de connaissances et de savoir-faire qui ne sont pas suffisamment explicités, voire même identifiés par les enseignants, Julien Netter montre, par l’analyse de différentes pratiques pédagogiques comment la méconnaissance de cette "culture de l’école" défavorise dès le départ un certain nombre d’élèves.
• Quand l’absence de matériel scolaire accentue les inégalités scolaires : témoignages d’enseignantes du premier degré en REP
Cet article du café péda propose le témoignage de deux enseignants en REP ainsi que leur stratégie face au manque de matériel des élèves
• Quelle efficacité de l’aide aux devoirs ?
Pour compléter la ressource précédente, vous pouvez écouter dans ce court extrait d’un séminaire académique de l’Académie de Poitiers l’intervention de Julien Netter. Ce dernier revient sur différentes études qui mettent en avant les effets de l’aide aux devoirs.
Il pointe les limites et les difficultés de l’aide aux devoirs, notamment dans le premier degré. Les devoirs sont une sorte de compromis social “qui ne satisfait personne mais qui convient à tout le monde” car les devoirs sont une “vitrine scolaire” et une façon de terminer le programme, donc une sorte d’extension de l’école. Enfin, il s’agit d’une façon de faire intégrer l’importance de l’école et rendre aux enfants la responsabilité de leurs apprentissages.
⭢ Extrait
• La conférence de consensus du Cnesco le 5 et le 6 novembre
La conférence de consensus du CNESCO portera cette année sur les “nouveaux savoirs et les nouvelles compétences des jeunes”. Dans un monde en évolution permanente, l’acquisition de savoirs et de compétences par les jeunes pour une meilleure insertion sociale et professionnelle, mais aussi pour la construction d’une société équitable et innovatrice est fondamentale. La façon dont l’école appréhende ces enjeux l’est donc tout autant.
- Le travail personnel dans la vie des réseaux
• Déplacer le travail personnel des élèves dans l’espace scolaire : et si on allait dehors pour travailler ?
Dans cet article disponible sur le site du CAREP, deux enseignantes du collège Evariste Galois, à Sevran, Marine Gosselin, professeure de Physique-Chimie et Nidal Khernane, professeure de SVT détaillent les modalités d’une mise en œuvre pédagogique qui les a menées à déplacer les élèves à l’extérieur de leur salle de classe.
Initié au printemps 2024, ce projet a pour objectif de permettre aux élèves de parcourir une multitude de modalités d’apprentissages dans un environnement extérieur, en s’appuyant sur les besoins et les demandes des élèves,
actualisés à la lumière de leur progression. Des points d’étape en concertation avec les élèves sont prévus pour affiner les
priorités de travail et rendre visible les bénéfices pour les élèves.
Vous pourrez puiser dans cet article des pistes concrètes pour mettre en place de même type d’expériences et renouveler ainsi le regard des élèves sur leur travail personnel.
• Préparer les élèves sortant de CM2 au travail personnel avec « des cahiers de vacances faits maison »
Dans une démarche innovante de continuité pédagogique, les professeurs de mathématiques et de français du collège René Descartes ont créé un cahier de vacances maison, spécialement conçu pour tous les élèves de CM2 des six écoles de ce réseau d’éducation prioritaire. Parmi elles, on retrouve les écoles Jean Macé, Édouard Vaillant ou Jules Guesde... Véritable pont entre l’école élémentaire et le collège, cette initiative valorise une liaison inter-degré riche et variée sur ce réseau. Grâce à l’engagement des enseignants du collège et sous la houlette de la cheffe d’établissement, ce cahier a pu voir le jour et être distribué en Juin 2024 et ce pour la 2nde année consécutive. Ce projet ambitieux a été élaboré en étroite collaboration avec l’inspectrice de l’Éducation nationale du 1er degré, la conseillère pédagogique et la coordonnatrice du REP.
Lettre d’information n°15, octobre 2024 (23 pages)