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Vaulx-en-Velin ne sait plus s’il y aura une annonce le 22 janvier

16 janvier 2008

Extrait du « Monde » du 16.01.08 : Vaulx-en-Velin sceptique avant la présentation du plan banlieue

Vaulx-en-Velin, Rhône (Reuters) -

Le scepticisme prévaut à Vaulx-en-Velin, dans la région lyonnaise, à une semaine du lancement sur place, par Fadela Amara, d’une "nouvelle dynamique" en faveur des quartiers difficiles.

Ville symbole du malaise des banlieues depuis les émeutes du Mas du Taureau, en 1990, la commune a fait l’objet depuis 1995 d’une restructuration radicale et nombre d’acteurs de terrain redoutent une récupération politique.
Maurice Charrier, maire (ex-PC) depuis 23 ans, se montre philosophe devant les tergiversations gouvernementales sur le rendez-vous de Vaulx-en-Velin : " On accueillera qui viendra, au nom de la tradition républicaine ", sourit-il. " Après, on n’est pas obligé de dérouler le tapis rouge et on peut dire ce que l’on pense."

La secrétaire d’Etat chargée de la politique de la Ville devait initialement dévoiler son plan banlieue dans la commune le 22 janvier en présence du président Nicolas Sarkozy. Mais le chef de l’Etat a reporté cette annonce au mois de février et la réunion de Vaulx-en-Velin a été transformée en forum des associations en présence de plusieurs ministres, dont la venue restait à confirmer mardi. Des responsables d’associations et militants de gauche s’étaient auparavant élevés contre la venue annoncée, puis finalement annulée, de Nicolas Sarkozy.

La socialiste Hélène Geffroy, chef de file de la liste "Renou’Vaulx à gauche", dénonçait la politisation de cette visite en pleine campagne municipale. Ce report "confirme que le plan banlieue ne contenait rien de probant", renchérit Mohamed Atouri, responsable de la section PS de Vaulx-en-Velin.

« Il faut qu’elle parte »

Dans la foulée, il demande, comme Hélène Geffroy et l’association Agora, la plus emblématique de la commune, l’annulation de la visite de Fadela Amara. " Cette visite tourne au ridicule. On ne peut pas travailler avec Nicolas Sarkozy quand on est de gauche, Fadela Amara vient de le découvrir à ses dépens ", dit Mohamed Atouri.

Pour la candidate socialiste, qui chiffre à 150 000 euros le coût du déplacement gouvernemental, " tout cela ne servirait pour finir qu’à organiser un forum des associations que personne n’aura le temps de voir et une déclaration à la presse d’un plan qui ne verra pas le jour."

Morad Aggoun, 36 ans, directeur d’un centre social et militant d’Agora depuis les émeutes du mas du Taureau il y a 18 ans, ironise sur le " plan anti-glandouille " de Fadela Amara, qu’il invite à démissionner : " Elle ne sera bientôt plus au gouvernement, elle est désavouée par tout le monde, par le président, par sa ministre de tutelle. Maintenant, il faut qu’elle parte ", dit-il.

Maurice Charrier, lui, a bien l’intention de présenter son propre plan banlieue à la secrétaire d’Etat. " La politique de la ville a des faiblesses, mais il ne faut pas tirer sur l’ambulance, on ne peut pas dire que ça ne sert à rien, il faut continuer, en mettant des moyens sur le territoire, mais aussi sur l’humain ", avance-t-il.
Dans la commune, les rues sont larges, propres et bordées de jeunes arbres, les constructions contemporaines et aérées, les boutiques pimpantes, les passants pressent le pas sur les trottoirs ou flânent devant les bistrots.
On est loin de l’image donnée par Vaulx-en-Velin avant la restructuration de 1995.

Le centre commercial du Grand Vire, progressivement déserté par les commerces et les clients, a été rasé pour permettre la création de nouvelles rues, de places, d’un jardin, de commerces attrayants et de bureaux.
Le centre-ville, il y a une dizaine d’années sans logement, abrite aujourd’hui 40 000 habitants en location, mais aussi en logements privés. Fait nouveau, les promoteurs viennent à Vaulx-en-Velin planter leurs grues et le prix du mètre carré commence à décoller.

Le mas du Taureau, comme plusieurs autres quartiers de la commune, va lui aussi bénéficier du même lifting grâce à une opération de renouvellement urbain qui prévoit la démolition de 715 logements et leur reconstruction progressive. " Il y a des choses de faites en terme de construction ", reconnaît Morad Aggoun, qui critique néanmoins la politique de la ville conduite ces dernières années. " Le centre ville est propre, mais malgré les masses de fric investies, les problèmes sociaux s’aggravent, on assiste à une véritable paupérisation de la population ", explique-t-il.

Ici, le chômage s’élève à 23% et atteint même les 35% chez les moins de 25 ans. Le nombre des bénéficiaires du RMI s’accroît et le revenu moyen est de 10 300 euros annuel par habitant. " La politique de la ville s’est complètement plantée, ils ont raté le coche parce qu’ils ont oublié de mettre l’humain au centre du débat, ils ont oublié l’école, la prévention, la sécurité ", ajoute Morad Aggoun.

Catherine Lagrange

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