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COMMUNIQUE de l’OZP sur le plan de relance des ZEP

15 décembre 2005

L’OZP et les quinze mesures sur les ZEP

L’Observatoire des zones prioritaires (OZP) a examiné les mesures pour les ZEP proposées par le ministre de l’Education nationale le 13 décembre 2005.

A. Un projet cohérent : courage, recentrage et pilotage

Courage : il aurait été plus simple pour le ministre de laisser en l’état l’éducation prioritaire, comme l’ont fait ses prédécesseurs depuis cinq années. Les mesures annoncées ne sont que des propositions et de nombreuses questions se posent, mais il s’agit de mesures nouvelles dont on peut espérer une amélioration.

Recentrage : recentrer l’effort sur les zones les plus en difficulté était devenu nécessaire depuis longtemps. L’ensemble des ZEP n’est pas abandonné pour autant puisque le dispositif dans son entier devrait être « redynamisé ». Enfin, le départ progressif de zones dont le maintien dans le dispositif prioritaire n’est en rien justifié est souhaitable, en premier lieu pour les professionnels de ces zones elles-mêmes.

Pilotage : la situation délabrée de l’éducation prioritaire depuis cinq années est d’abord due à un abandon du pilotage : les mesures prévoient d’y remédier et la méthode pourrait s’avérer la bonne.

B. : Des mesures dangereuses : territoires, écoles et lycées

Territoires : le ministre déclare qu’il ne veut plus agir sur des territoires mais sur les individus. Ce risque de dérive, déjà engagé dans la Loi Borloo de décembre 2004, est toutefois atténué par les dispositions prévues pour les « réseaux de réussite ». Pour l’OZP, si une action axée sur les individus est nécessaire et évidente, elle doit être complétée, dans les ZEP, par une action globale en direction du territoire : la recherche l’a amplement démontré ces dernières années, mais aussi le bon sens des enseignants qui ont fait progresser globalement la réussite scolaire là où des succès individuels ne suffisent pas à l’enclencher.

Ecoles : elles ne sont ici considérées que comme des annexes de collèges. Certes, les collégiens engendrent des fantasmes de peur et pas les écoliers. Pourtant, c’est bien à l’école maternelle et élémentaire que s’installent les retards et les difficultés. Les propositions n’envisagent pas de relance des cycles alors qu’on sait que ceux-ci constituent justement un moyen efficace pour favoriser la réussite scolaire de tous : cette absence est à la fois étonnante et grave. Il ne s’agit pas d’inverser la place des écoles par rapport au collège, mais de considérer l’ensemble.

Lycées : la proposition annoncée est difficilement acceptable. Comment peut-on organiser le départ des meilleurs élèves pour des lycées déjà favorisés ? De plus, pour ces élèves déplacés, il n’est pas sûr que le résultat soit positif, on l’a déjà constaté. Au lieu d’une mesure générale de ce type, il eût mieux valu permettre des assouplissements qui, effectivement, pour certains cas, peuvent être bénéfiques.

C. A approfondir : familles, formation des maîtres et nombre d’enseignants annoncé

Familles : que le ministre en parle est positif, après cinq années de silence à leur propos. Cependant, la représentation qu’il en a semble assez éloignée de la réalité : elles ne sont pas massivement non francophones, illettrées et mal à l’aise devant l’école. De nombreuses ZEP ont grandement amélioré, depuis une vingtaine d’années, les relations avec les familles : continuons donc ce travail. Les voies empruntées sont variées, selon les réalités des quartiers ; elles privilégient toujours, en premier lieu, la reconnaissance de la dignité des parents.

Formation des maîtres : représentation discutable, là aussi, de ce qu’il convient d’acquérir de spécifique, pour les ZEP, en IUFM : l’autorité, la gestion de l’hétérogénéité et la capacité d’enseigner le français langue étrangère. Les deux premières qualités sont nécessaires pour tous les enseignants et la troisième a ses professionnels spécialisés (dont il faut en effet augmenter le nombre). En fait, pour l’OZP, ce qui est spécifique pour de futurs enseignants en ZEP, c’est d’acquérir d’une part la conviction de l’éducabilité de tous, même des plus démunis et des plus éloignés de l’école, d’autre part la compétence professionnelle permettant de maintenir les exigences, même avec des élèves que le fatalisme ambiant abandonnerait volontiers à leur sort.

1 000 professeurs expérimentés (et 100 000 étudiants) : l’objectif est louable mais pourra-t-il vraiment être atteint ? L’expérience montre que les avantages financiers ne suffisent pas à susciter des candidatures en nombre. En revanche, la conscience des enjeux sociaux et éducatifs peut attirer des enseignants jeunes ou expérimentés si un projet local cohérent, interdegrés et partenarial est établi et proposé. Les recrutements prévus risquent donc de n’être qu’une annonce.

A Paris, le 14.12.05

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3 Messages de forum

  • > Communiqué de l’OZP sur le plan de relance des ZEP

    16 décembre 2005 15:13, par lea Nordest

    j’adhére parfaitement aux différentes remarques faites dans ce communiqué ; l’absence de discours sur le primaire est étonnant et préoccupant, faciliter le départ des bons élèves vers des bons lycées est contradictoire avec la revalorisation préconisé des établissements de zep ou de secteurs (les bons établissements = établissements avec des bons élèves de CSP favorisées ?) aller dans les établissements de secteurs serait-il le signe de l’échec ?
    par contre il y a beaucoup de bonnes mesures (un référent au ministère chargé de l’education prioritaire, le resserrement de la carte ...l’abandon du redoublement ...)effectivement pour certaines courageuses ; comment les recteurs vont-ils se saisir de tout cela pour les faire vivre effectivement.... il va être important d’avoir des infos à ce sujet de partout pour suivre l’application et tenter d’influencer dans le bon sens leur déclinaison sur le terrain...
    tenter d’être présent et vigilant quand on le peut... à suivre

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  • > Communiqué de l’OZP sur le plan de relance des ZEP

    16 décembre 2005 10:29, par Jean-Pierre Gerbal

    Il est certes logique (recentrage) et courageux (abandon du caractère ZEP pour beaucoup d’établissement) mais il est néosoviétique dans l’âme :
     le Gosplan : 1000 profs expérimentés à la rentrée 2006 ! Une blague, pourquoi irais-je m’enfoncer dans des difficultés sans avantages sérieux (la hors classe promise par Jospin, croyez-en De Robien, vous y aurez droit :-(
     le contrôle social : pour que les profs débutants soient efficaces (ce n’est pas vraiment dit), une inspection annuelle (ce qui est dit, c’est que ça les fera avancer au super mérite) alors qu’aucune étude n’a jamais montré le caractère corrélé entre la réussite scolaire et l’action de d’inspection (ni même sa sélection des profs avançant au mérite).

    Et évidemment, il oublie de faire confiance aux profs et équipes d’encadrement :
     pas d’horaires de travail collectif intégré au service, 15h heures en collège Zep pour tous et 4 ou 5 heures de présence sur place pour le suivi individuel (un élève), l’analyse collective de notre travail, la préparation collective d’activités novatrices, etc :-((
     pas de posture expérimentale a priori pour ces collèges alors que la loi Fillon le permet...

    Enfin il oublie la question centrale et ardente obligation républicaine de la mixité sociale qui seule justifie la contrainte de la sectorisation : alors que les enfants des familles habiles prennent le bus pour aller dans un autre collège, le refus de modifier la carte (prérogative des départements) ou de fusionner des collèges en deux lieux socialement discriminés condamne à accepter la ghettoïsation actuelle, source d’un apartheid inacceptable.

    Pire, il propose de désigner les vrais lycées, ceux auxquels pourront accéder les élèves méritants des collèges ZEP.

    Enfin, après le rapport Thélot, qui avait pour lui d’être construit et réfléchi démocratiquement, après la loi Fillon, après les mesures De Villepin, nous voici affublés d’un autre projet. Décidement, l’éducation est bien mal menée par les politiques français.

    Voir en ligne : Zayste d’Infos

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  • > Communiqué de l’OZP sur le plan de relance des ZEP

    15 décembre 2005 21:26, par Véronique DECKER

    4 critères pour entrer en ZEP EP 1

     >le nombre des élèves qui ont deux ans de retard à l’entrée du collège.
    Mais c’est interdit de faire redoubler les élèves plus d’une fois ? Comment peut-il y avoir des élèves qui ont deux ans de retard à l’entrée du collège ?
     >2/3 de CSP défavorisées : mais les CSP, qui détaillent très bien les catégories supérieures font entrer dans la catégorie employés ou ouvrier tous les gens, précaires ou non, à 1/2 temps de force ou non, travaillant de jour ou de nuit,...comme si tout cela n’avait pas d’importance.. l’intérim, les CES, les CDD,...surtout pour élever des enfants.
     >les élèves non francophones : mais ils ne sont référencés qu’une seule année. les années suivantes, injectés dans les classes "banales", passés au collège souvent (très souvent lorsqu’ils sont NSA) sans les acquis fondamentaux, ils n’apparaissent plus dans aucune statistique
     > l’évaluation 6ème : sauf qu’elle n’a plus de temps de passation et que le même résultat, selon qu’il est obtenu en 1/2 groupe, avec 2 heures de travail ou en classe entière en 1/2 heure n’a pas la même valeur

    Bref : des critères dont je ne vois ni une construction sérieuse, ni une validation claire, et qui risquent de favoriser les quartiers des copains au détriment des villes plus éloignées politiquement. Par contre, pour les ZEP 3, on voit tout de suite bien que les collèges qui vont passer à la trappe sont déjà clairement menacés.
    De là à penser que les moyens seront recentrés sans prise en compte des besoins, il ne reste qu’un pas, que je franchis sans honte ;..

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