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Les 4 lycées de Seine-Saint-Denis conventionnés avec Sciences-Po constatent des améliorations

9 juillet 2007

Extrait du « Figaro » du 06.07.07 : Les classes expérimentales des lycées de ZEP font des émules

Les quatre établissements de Seine-Saint-Denis constatent une baisse des redoublements et du décrochage scolaire.

Avec ses casques dernier cri, ses ordinateurs flambant neufs imbriqués dans les tables et ses murs lambrissés, le laboratoire de langues a fière allure. Un luxe auquel le lycée Alfred-Nobel, à Clichy-sous-Bois, n’est pas habitué. Cette salle, l’établissement la doit à la dernière initiative en date pour les banlieues de l’iconoclaste directeur de Sciences Po Paris, Richard Descoings.

Avec Auguste-Blanqui à Saint-Ouen, Jacques-Feyder à Épinay-sur-Seine, et Jean-Renoir à Bondy, l’établissement fait partie des quatre lycées de Seine-Saint-Denis sélectionnés depuis la rentrée 2006 pour participer à un dispositif expérimental. Une main à nouveau tendue par Sciences Po aux périphéries les plus défavorisées, six ans après les « promotions ZEP », ces jeunes de banlieue intégrés sans passer le sacro-saint concours.

Flash-back. Après les émeutes de l’automne 2005, Richard Descoings réunit dans une commission proviseurs, professeurs, associatifs et éducateurs de Seine-Saint-Denis autour d’une question aussi complexe qu’ambitieuse : réfléchir « au lycée de leurs rêves ». En trois mois, le collectif met au point un projet pédagogique à partir d’initiatives réussies recensées sur le terrain. « Plutôt que de créer un lycée »plaqué or*, on s’est dit qu’il était plus intéressant de travailler dans des lycéens existants : c’est la meilleure façon de dupliquer, à terme, ce qui marche », assure Cyril Delhay, responsable « égalité des chances » à Sciences Po.

Petite révolution

Une quinzaine de classes de seconde, regroupant 500 élèves, sont devenues les laboratoires de méthodes pédagogiques nouvelles. Travail en groupes réduits ou cours interdisciplinaires, les carcans habituels de la classe ont été brisés. Le rapprochement entre le monde de l’entreprise et l’univers scolaire s’est développé, par le biais de tutorat, de stages, et de visites d’entreprises. Clou de l’expérience, les projets pédagogiques, de la création de journaux à l’organisation de voyages : grâce à eux, 400 élèves ont franchi les frontières de l’Europe.

Pour favoriser cette petite révolution, des équipements supplémentaires ont été fournis. Le projet s’est donné les moyens de sa réussite. Le rectorat de Créteil a octroyé 18 heures supplémentaires par an à chaque lycée, la Région Ile-de-France a débloqué 2,6 millions d’euros. Et le fonds mécénat de Sciences Po a accordé environ 150 000 euros à chaque lycée.

Quel bilan tirer de cette expérience ? « Les élèves ont une autre vision du savoir et de l’école, leur comportement a changé, nos rapports sont pacifiés », se réjouit Alexia Acquiez, prof à Alfred-Nobel. Dans toutes les classes expérimentales, l’absentéisme et le décrochage scolaire sont proches de zéro. À Jean-Renoir, le redoublement a chuté de 40 %. Malgré tout, certains déplorent la stagnation des résultats scolaires. « Le bilan est extrêmement positif en termes qualitatif ; pour le reste, il est trop tôt. Si un déclic se produit, l’augmentation du niveau suivra », assure Philippe Destelle, professeur à Jean-Renoir. Ces réserves n’empêchent l’expérience de se poursuivre et de s’étendre. À la rentrée, entre trois et cinq autres lycées en province et en Seine-Saint-Denis se mettront à la méthode Descoings.

Anne-Noémie Dorion

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Extrait du « Figaro » du 07.07.07 : Des expériences sont déjà tentées en ZEP comme dans les grands lycées

Redoublement banni, enseignants aidant les collégiens à affronter la sixième : les initiatives sont multiples.

Xavier Darcos souhaite recenser les bonnes pratiques d’autonomie existant dans les établissements scolaires. Les zones d’éducation prioritaires (dont les 249 collèges ambition réussite), qui bénéficient de moyens financiers accrus, ont mis en place des expérimentations souvent originales.

Le principal d’un collège d’Asnières (Hauts-de-Seine) a instauré des cours intensifs de français pour la moitié de ses élèves de sixième à la rentrée dernière. Quitte à déplacer et même à alléger d’autres matières. D’anciens instituteurs sont recrutés pour enseigner au collège afin de faciliter la transition souvent périlleuse entre primaire et secondaire. D’autres établissements ont banni le redoublement.

Apprentissages fondamentaux

À Guîtres (Gironde), Xavier Darcos a récemment visité un établissement dans lequel seuls 45 % des jeunes décrochaient le brevet il y a cinq ans. Après avoir changé ses méthodes, l’établissement est passé à 60 % de réussite. Écoles, collèges et lycées sont dotés, en France, comme dans la plupart des pays occidentaux, d’une autonomie croissante depuis une vingtaine d’années, selon Gilles Combaz, auteur d’Autonomie des établissements et inégalités scolaires (Éditions Fabert, 2007).

Dans les collèges scolarisant un public défavorisé, le surcroît d’autonomie est souvent utilisé pour canaliser les adolescents turbulents ou en difficulté et leur permettre de reprendre en profondeur les apprentissages fondamentaux.

À l’inverse, dans les établissements favorisés, les marges de manoeuvre dégagées offrent fréquemment l’occasion d’entreprendre des activités originales qui permettent l’accès à une culture « très élaborée », selon l’auteur. Ainsi, au prestigieux lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg (Bas-Rhin), les élèves ont accès à des cours de philosophie dès la classe de première ou peuvent étudier l’histoire et la géographie en anglais.

Autant d’expériences très différentes qui engagent de coûteux moyens budgétaires.

Marie-Estelle Pech

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