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Le témoignage désabusé d’une professeure documentaliste en ZEP

14 juin 2008

Extrait du Monde du 10.06.08 : Carrière des fonctionnaires : « Tout se déroule à l’ancienneté, malgré ma note administrative élevée »

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• Je me sens très nettement sous-employée, par Dominique Fromentin

Professeure certifiéé de lettres classiques, j’ai eu un début de carrière confortable : collège urbain de mon choix, élèves motivés puis détachement à l’étranger en Norvège où j’enseignais en second cycle. A mon retour en France, en 1987, les choses se sont gâtées : impossibilité d’avoir un poste fixe dans mon académie d’origine, Reims, puis poste en collège avec des compléments de service à droite à gauche. Mon travail me pesait de plus en plus et l’enseignement des langues anciennes et de la langue française périclitaient de plus en plus. Un chef d’établissement m’a proposé de devenir documentaliste, ce qui me convenait parfaitement.

J’ai obtenu un congé de formation d’une année, j’ai repassé le concours de documentaliste avec succès. La préparation du concours ne m’a rien apporté sinon l’art de manier un jargon prétentieux inventé par les inspecteurs de l’éducation nationale. J’ai été nommée en collège ZEP où je passe mon temps à régler de problèmes de discipline et où le travail pédagogique en équipe est quasiment inexistant. J’aimerais être en lycée mais c’est impossible vu que je n’ai guère de points d’ancienneté... Je tue le temps en lisant Le Monde, en parcourant les journaux et en attendant que le temps passe. Mes compétences linguistiques et littéraires ne sont guère utilisées...

L’Etat forme à grand prix des fonctionnaires de catégorie A dont il ne sait tirer profit. Je me sens très nettement sous-employée...

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