La communication de cette liste a donné lieu à une situation des plus ubuesque ce vendredi 12 décembre à Strasbourg. Alors que les syndicats avaient été conviés à un groupe de travail à 14h dans une annexe éloignée pour examiner les critères retenus et la liste des REP et REP +, qui en découlait, elles ont appris de source officieuse que le rectorat avait avancé la date de la conférence de presse annonçant la dite liste au même après midi 15h. Les délégués syndicaux dont j’étais ont été réunis à 300 mètres de l’endroit où le recteur faisait sa conférence de presse. Nous avons vite compris que rien ne serait communiqué à ce groupe de travail avant l’annonce officielle et avons donc claqué la porte pour rejoindre le rectorat et faire le pied de grue sous les fenêtres du recteur où les journalistes ont fini par nous communiquer la liste des heureux élus. A ce jour, à 48h du Comité technique académique censé avaliser cette liste, et malgré nos demandes insistantes, nous n’avons toujours pas eu accès aux chiffres ayant présidé à l’étonnante liste établie. Plus fort encore : surlr site officiel du rectorat on peut lire ceci : "La méthodologie retenue a fait consensus et a permis au Recteur d’arrêter un projet de liste des REP+ et REP pour la rentrée 2015" !Cherchez l’erreur...
Toute cette agitation est bien curieuse. Tout le monde parle de moyens et personne d’obligations pédagogiques. Dans mon collège, en 1990, nous avons voté en CA l’intégration dans l’éducation prioritaire. Trois ans plus tard, le même CA en a voté la sortie. Pourquoi ? Parce qu’en 1990 on nous avait bien parlé de mise au point d’un projet de zone impliquant des adaptations pédagogiques à la population de la commune, mais, surtout, on savait qu’il y avait quelques moyens à la clé, dont des indemnités de sujétion spéciale pour nous. Nous sommes donc entrés en fanfare dans l’éducation prioritaire. Mais ensuite, quand il a fallu changer notre manière de faire, considérer les parents comme autre chose que des moins que rien (puisqu’on était en ZEP), s’astreindre à des réunions pédagogiques, s’inscrire à des stages de formation permanente, appliquer le projet de zone... nous avons collectivement estimé qu’il valait mieux continuer nos petites affaires comme avant et nous avons voté la sortie de ZEP. Ne croyez pas qu’on se moquait des élèves pour cela, le travail était sérieux, il n’y a pas eu de relâchement lors de la sortie. Mais nous nous sommes libérés d’obligations professionnelles supplémentaires liées au dispositif d’éducation prioritaire. Les moyens (dont les ISS) ont été gardés quelques temps puis ont un peu diminué mais nous n’étions pas envieux vis-à-vis des courageux collègues qui travaillaient plus et mieux que nous, parce qu’en éducation prioritaire. Aujourd’hui, curieusement, cette question n’est jamais abordée, si j’en juge la lecture du site OZP. Question : n’y a-t-il plus aucune contrainte d’ordre pédagogique lorsqu’on est en REP aujourd’hui ?
Du calme, collègue ! C’est vrai, mais un peu vif ! Et puis, il faut distinguer syndicat et syndicat car on les met dans le même sac alors que tous n’ont pas appelé à l’extension du nombre de REP.
Je vous comprends : ces absurdités clamées au nom des enseignants nous choquent mais c’est là une limite à la liberté de parole et un effet du fonctionnement de la démocratie. Celle-ci laisse le champ libre à la démagogie. mais, vous en conviendrez avec moi, c’est quand même mieux qu’une société totalitaire.
La semaine commence : bon courage.
Mario
Trois collèges de l’oise Romain Rolland de Mouy, Pierre Mendes France de Méru et le collège de Crevecoeur le Grand et les écoles primaires dépendant des ses trois collèges sont en grève depuis le 01 Décembre parce que éjectés de leur REP respectif. Des lycées de l’oise vont faire grève la semaine prochaine. La colère gronde chez les parents d’élèves qui adhèrent au mouvement de contestation . Les mouvements se fédèrent !
Maintenant qu’on termine les élections, les conneries syndicales vont probablement finir ! Tout le monde en ZEP, assurément ! Priorité à tous ! On ne peut pas faire plus con !
Esteban.
Alors, "Tout le monde en ZEP ?"
Cela ne rappelle-t-il pas un peu "Knock, ou le triomphe de la médecine " ?
MJ
"Qui en éducation prioritaire ?"
Bonjour, Merci de votre témoignage argumenté qui permet la discussion.
Vous partez de votre expérience personnelle. Vous avez fait le choix de rester dans le même collège malgré les crises violentes et le contexte social dégradé et d’être solidaires de populations fragiles et stigmatisées. Et vous vivez la sortie de l’éducation prioritaire comme une expulsion.
La note qui vous a choquée est basée sur 3 idées :
1) L’éducation prioritaire est destinée aux territoires menacés de relégation sociale où le service public ne parvient pas à remplir normalement sa mission. Un fonctionnement en réseaux écoles-collèges, le partenariat avec le milieu environnant, un projet éducatif et pédagogique, le travail collectif des enseignants peuvent contribuer à retrouver une situation normale. Dans les plus difficiles, les 350 REP+, un coordonnateur, 4 professeurs référents, un temps de service affecté à la formation continue et au travail collectif, les maîtres en plus dans le primaire représentent des moyens importants, beaucoup plus décisifs que 2 ou 3 élèves en moins par classe. Dans les autres REP, ces moyens sont beaucoup plus limités.
L’éducation prioritaire est donc bien autre chose qu’un verrou limitant le nombre d’élèves par classe.
2) L’école ordinaire doit être capable d’accueillir normalement et de faire réussir les enfants des classes populaires (je préfère ce terme à celui de « catégories défavorisées » de la nomenclature officielle). Les indicateurs qui servent à déterminer les territoires en éducation prioritaires ne sont pas automatiques : c’est l’importance de la précarité qui est clivante, or elle n’est bien identifiée que localement. Est-ce le cas de votre quartier de Montreuil ?
Que des moyens horaires plus importants soient attribués aux territoires où les classes populaires sont plus nombreuses est nécessaire. Nous avons demandé, lors de la consultation de l’été 2012, que les moyens soient répartis proportionnellement aux difficultés sociales et scolaires. La ministre s’est engagée à la mettre en œuvre pour limiter les effets de seuil entre ZEP et hors ZEP. J’espère n’être pas trop naÏf en pensant que le ministère et les recteurs seront capables de l’appliquer malgré les protestations probables de ceux qui sont actuellement privilégiés.
3) C’est l’ensemble du système qui doit être refondé. Les perspectives sont beaucoup plus floues.
Cordialement F R Guillaume
Voici une tribune libre et... technocratique. Accuser les parents de ne pas avoir compris les enjeux de la réforme, c’est avant tout omettre la complexité d’un système jargonnant et opaque pour un profane.
Ensuite, je pense qu’il est de bon ton que les gens de terrain informent ceux qui, manifestement, s’en tiennent trop éloignés. Aujourd’hui, le principal grief de ceux qui s’opposent à cette nouvelle carte pour l’école primaire, c’est l’obligation d’un collège de rattachement. Les cartes scolaires sont parfois trompeuses : on trouve, bien heureusement, des collèges dans lesquels cohabitent des enfants issus d’écoles très défavorisées et d’autres issus de milieux très favorisés. On peut d’ailleurs se féliciter de cet état de fait. Avec la réforme actuelle, aussi nécessiteuse soit l’école, si le collège est mixte, l’école ne peut accéder aux moyens de l’EP. Voici plusieurs années que l’enjeu se trouve ici. Il a deux origines :
1/ La volonté de coordonner l’intégralité de la scolarité obligatoire, ce qui est plutôt louable.
2/L’éducation nationale ne dispose d’aucun chiffre utilisable sur la situation sociale des écoles primaires. Au collège, on a le taux de boursiers, et les CSP déclaratives à l’entrée en 6ème, qui, bien que bancales (elles sont déclaratives !) offrent une vision souvent assez juste des situations des collèges.
Reste la politique de la Ville et ses analyses, le quotient familial dont disposent les mairies. Ces chiffres sont à la disposition du ministère, mais, au grand regret des municipalité et des sous-préfets en charge de la politique de la ville, l’éducation nationale ne les utilise pas.
Ce manque de clairvoyance et de coopération conduit à des situations de terrain où des écoles primaires, situées en zone urbaine sensible, dont tous les indicateurs sociaux sont au plus bas, vont devoir se contenter de maigres compensations suite à leur éviction de l’EP.
Mon école a des indicateurs au niveau des REP+, mais est menacée de sortie. Alors, oui, pour les parents, les effectifs sont un combat. L’autre combat, c’est la stabilité des équipes. Comment vais-je pouvoir empêcher mon équipe de quitter une école dans laquelle les effectifs vont augmenter, dans laquelle les projets seront contraints (interventions en EPS, en musique, projet périscolaire renforcé, scolarisation des 2 ans, je tiens la liste à votre disposition !)et pour laquelle ils seront moins payés ? Certes, nous aurons une close de sauvegarde de 3 ans pour préparer notre départ et regarder nos collègues de REP dont la prime augmente de 50%, mais comble du cynisme pour les parents, nous aurons aussi le droit à une bonification de points pour quitter l’établissement rapidement, et intégrer un réseau qui, lui, aura eu la chance de rentrer dans le cadre technocratique.
Qui pourra demain demander à intégrer cette école, à part de jeunes enseignants inexpérimentés ? Qui voudra demain de la direction d’une école pour laquelle j’étais déjà le seul postulant il y a 3 ans, avec les moyens de l’EP ? Je ne souhaite à aucun IEN de devoir venir s’expliquer dans quelques mois au conseil d’école, lorsqu’il faudra gérer les conséquences.
Vous le savez surement, ces écoles sont des lieux d’engagement, dans lesquels les rencontres humaines forgent des projets et des fonctionnements qui font la richesse de nos établissements. Cette force du travail d’équipe et ce sens de l’engagement, on le le mesure pas dans des tableaux excel et des notes de synthèse.
Si vous souhaitez en humer l’atmosphère les portes de mon école vous sont ouvertes.
Bien à vous,
Alexandre, directeur d’école RRS.
Je trouve injuste que les professeurs documentalistes soient exclus de la pondération.
Je le vis avec une certaine amertume...
Par ailleurs, serons-nous concernés par la revalorisation de la part fixe à la rentrée 2015 ?
Myriam
Bonjour
Pour commencer à vous répondre je vais partir de mon experience personnelle car votre logique comptable me heurte profondément. J’enseigne depuis plus de 20 ans en Seine st Denis. Je n’ai fait que deux établissements tous deux bénéficiant de multiples labels de l’éducation prioritaire.
Le 2ème celui ou j’enseigne actuellement vient d’être exclu de l’EP. Ce que vous dites dans votre papier est extrêmement choquant. En effet vous semblez dire que les personnes mobilisées actuellement (dans mon etablissments le corps enseignant dans son ensemble edt en Greve depuis Le 20/11. Effectivement nous sommes inquiets pour nos effectifs car le bas montreuil limitrophe de Paris connait une croissance démographique sans précédent liee à 3 phénomènes superposés : l’attractivité de sa situation, sa relative accessibilité /Paris et le boom des naissances de l’an 2000. Chaque année nous refusons des inscriptions et cest le fait d’être en zep qui maintien nos effectifs à 24 par classe. L’explosion de ces derniers dans les années a venir n’a rien d’une chimère monsieur. Vous m’expliquerez ensuite s’il vous plait comment dans ces conditions nous pourrons intégrer nos élèves issus de classe d’accueil (juste francophones) en classe normale par exemple avec des effectifs à 28. J’ajoute que sur la question des effectifs /classe un récent rapport a été transmis à la ministre insistant sur son rôle determinant dans la réussite des élèves. Ce dernier étrangement a été ignoré.
Mais j’en reviens à mon cas personnel. Cela fait donc qq années maintenant, presque une demie carrière que je m’investis avec mes Collegues aupres des élèves du 93. Nous faisons des projets, pour lesquels chaque annee il faut se battre pour conserver les heures qui permettent de les mener à bien. Nous restons en poste malgré les crises violentes liées ici à un contexte social degradé. Nous faisons face avec les miettes que nous laisse l’institution. Continuons à nous battre pour accueillir des populations fragiles et stigmatisées. La question des effectifs n’est pas la seule en Jeu pour nous monsieur. Nous n’avons pas l’œil rive sur notte calculette sinon nous n’aurions pas consenti à tant d’efforts. Et pourtant pour nous remercier de cet investissement aujourd’hui l’éducation nationale nous éjecte comme des malpropres de l’EP. Aucune negociation aucun préavis, la décision est Tombee comme un couperet et nous en avons ete les derniers informés. Alors que perd un école qui perd la ZEP ? Je crois que si vous lisez attentivement mon témoignage je crois qu’en spécialiste de l’EP vous comprendrez qu’elle perd autre chose et perdra autre chose que le verrou qui limite le nombre d’élèves par classe. votre discours est celui d’un pilote en ressources humaines. Il est surplombant et pose le postulat que la politiqe de l’EP redefinie se fait sur des critères valides. Soyons sérieux. Vous savez sans doute qu’ils posent un nombre de pb important. Par ex. Pour mon college 10% des familles n’ont pas renseigné leur CSP. Par ex le revenu médian du quartier ou j’enseigne est de 1500 € par mois par foyer fiscal. La pédagogie les projets la formation nous la prenons en main nous enseignants. Quand l’état cessera t-il de dépouiller les pauvres en les culpabilisant de surcroit pour aider les plus démunis ?
Votre note est bien lacunaire et est tres choquante je le réitère pour les acteurs de terrain et les parents qui le soutiennent fermement
Bien cordialement.
V servat clg Eluard Montreuil 93. En Greve depuis 12 jours.
très belle synthèse, à envoyer à la rédaction de France Inter qui ce matin a laissé raconter, on ne va pas dire n’importe quoi, mais de grosses erreurs à une parente d’élève.
bonne continuation !
Franck IRJUD
coordonnateur REP+
Chères collègues,
Que vous souhaitiez conserver vos moyens de fonctionnement, c’est normal, c’est heureux. Mais que vient donc faire l’éducation prioritaire là-dedans ?
Ségolène a foutu un bordel monstre dans ce domaine en 1998 et nous le payons aujourd’hui. Qu’il y ait des problèmes sociaux dans un quartier et on se sent "de droit" d’être en éducation prioritaire. C’est idiot.
Les ZEP ont été créées en 1981 pour sortir des écoles et des collèges d’une situation infernale où l’Education nationale ne parvenait pas à assurer ses missions élémentaires à cause d’un cumul de problèmes sociaux, urbains, d’exclusion sociale, de santé... On a créé 350 ZEP, ce qui était déjà bien exagéré car il n’y avait (heureusement) qu’une centaine de situations de ce genre, impossibles à maintenir en l’état.
En 1990, on est passé à 558 ZEP et ce nombre, finement analysé en 1996 dans un rapport non publié de l’Inspection générale, était considéré comme trop élevé.
L’horreur est arrivée avec Ségo qui a laissé faire : on est passé à 1189 ZEP en 1999 ! Démago, mais surtout absurde. A cette époque, la DEP a eu les moyens de savoir précisément où se trouvaient les enfants de la classe ouvrière et les ZEP (ou REP) sont devenues les territoires où se trouvaient les enfants du peuple. Un dispositif d’exception est devenu un dispositif (22 %) de scolarisation pour les enfants du peuple ! L’Education nationale n’a-t-elle été créée pour lui ?
Aujourd’hui, évidemment, ceux qui sont en éducation prioritaire et travaillent pour ces enfants du peuple ont l’impression qu’on leur enlève un "droit" à avoir des moyens suffisants de travail.
C’est le foutoir conseptuel. De Robien avait annoncé en décembre 2005 qu’il publierait en juin 2006 trois listes : les REP+ (je reprends le vocabulaire de 2014), les REP et ceux qui sortaient du dispositif. Prévision : 100 REP+, 250 REP et 800 sorties. Il n’a jamais rien publié de la sorte, ni les ministres suivants.
Là, en 2014, on ne fait pas l’opération vérité nécessaire, on fait juste quelques petits progrès et c’est la révolution ! Et les protestations sont compréhensibles puisque le sens de l’éducation prioritaire a été dévoyé en 1999. On ne sait plus ce que c’est. La lecture des articles nombreux publiés sur ce site le montre.
Je soutiens mes collègues qui réclament les meilleurs moyens possibles pour eux et pour les élèves mais pas au nom de l’éducation prioritair.
Mario
Chère collègue bonjour,
Je ne peux que compatir...
Je suis également directrice et mon école (Paul Fort à Vitry-le-François, Marne) est exactement dans la même situation, nos chiffres sont très proches... Tous les critères sont réunis pour que l’école reste en Éducation prioritaire, indépendamment du collège.
Il faut absolument que collège et école soient dissociées pour ces cartes de REP.
Pour le projet dont tu parles, il en est de même pour l’école : nous avons un maitre supplémentaire, ce qui nécessite un investissement dans le temps. Comment maintenir une équipe stable dans ces conditions ?
Je partage les mêmes craintes et compte vraiment sur les politiques locaux, sur les syndicats, sur l’IEN faire en sorte que soient réétudiée la situation des écoles situées dans des quartiers sensibles.
Bon courage...
P.Lemut
Madame
Vous avez parfaitement raison sur le fond. Sur la forme, il s’agissait de signaler à nos lecteurs, en quelques mots, une émission qui pouvait les intéresser.
Votre attaché(e) de presse n’avait pas jugé bon de nous adresser votre livre, ni RTL de nous prévenir de cette émission, je n’avais pas votre contact, et je devais publier en urgence cette brève, avant que l’émission ne soit diffusée.
Nous plaidons donc les circonstances atténuantes. Mais nos colonnes vous sont ouvertes pour une tribune en réponse.
Cordialement
P Bouchard
ToutEduc (redaction@touteduc.fr)
La présentation de cette émission que nous avons publiée sur notre site ne fait que reprendre intégralement (et avec son autorisation) le texte de celle du site "Tout Educ".
Cordialement
Le Quotidien des ZEP