Dommage en effet que vous n’ayez rencontré que l’un des interlocuteurs de ce que vous présentez à mon avis à tort comme un combat.
Je suis èvidemment à votre disposition pour rèpondre à d’éventuelles questions concernant ma position, un brin moins caricaturale que celle que vous voulez bien présenter.
Emmanuelle Piquet.
Je suis directrice de l’école Littré.
Le groupe scolaire Littré vient d’apprendre sa sortie du dispositif d’éducation prioritaire. C’est une catastrophe pour notre école car cela signifie la perte de moyens supplémentaires à long terme :
– humains pour accompagner les élèves dans leur parcours scolaire
– financiers pour mettre en place des projets.
De plus, cette année l’équipe enseignante a mis en place un projet riche et ambitieux afin de permettre à chaque enfant de bénéficier d’un parcours d’apprentissage personnalisé. Ce projet novateur a été motivé par la très grande hétérogénéïté de la population accueillie, représentative d’une véritable école de la République.
L’investissement des enseignants est considérable depuis 6 mois pour repenser les modalités d’apprentissage afin que chaque enfant progresse à son rythme. Les enseignants ont créé de nouveaux outils pour que les élèves investissent activement et positivement leurs apprentissages dans un esprit coopératif et de bienveillance.
Le projet de l’école se retrouve en pleine adéquation avec les nouvelles orientations du futur socle commun et des nouveaux programmes.
Au regard des difficultés massives rencontrées par une forte population de l’école, si les effectifs augmentent, ce projet n’est plus viable, et donc les élèves seront voués à l’échec scolaire, bien loin de l’ascenseur social indispensable à la formation de tout citoyen éclairé.
De plus, l’école craint la fuite des élèves issus de milieux plus favorisés dans le privé suite aux déclarations de certaines familles en apprenant cette décision ministérielle. Ceci impliquerait une ghettoïsation de l’école.
Concernant l’équipe pédagogique, l’investissement de ces derniers mois pour un travail de fond sur le long terme ne peut être balayé si facilement. L’école Littré n’est pas demandée au mouvement. Si les conditions se dégradent, les enseignants partiront, et l’équipe ne sera plus composée que d’enseignants nommés au second ou troisième mouvement et donc il y aura un fort turn-over des enseignants. Or le bon fonctionnement de l’école dépend de la stabilité et de la solidité de l’équipe enseignante.
Si les enseignants partent et que les effectifs augmentent, le climat global de l’école et les conditions d’apprentissage se dégraderont rapidement, la violence des années précédentes refera surface.
Certes notre école ne dépend pas d’un collège situé en REP, néanmoins les réalités du terrain ne se réduisent pas à de telles cases. Il se trouve que notre école est bien en situation de REP même si elle est la seule dans sa zone.
Les chiffres de l’école sont éloquents et correspondent aux critères de REP :
plus de 60% des familles font partie de catégories socio-professionnelles défavorisées ;
plus de 10 % des élèves bénéficent du fonds social ;
plus de 20 % ne parlent pas français à la maison ;
35 % nécessitent une prise en charge par une structure d’aide ;
près de 40 % nécessitent un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) ;
un nombre considérable d’équipes éducatives (plus de 60 pour 172 élèves).
L’Inspecteur d’Académie a promis oralement le maintien de certains moyens (notamment le maintien de la prime REP pour les enseignants) pendant 2 ans, afin d’apaiser la situation et la mise en place d’un groupe de travail. Mais nous ne sommes pas dupes : si le groupe scolaire Littré sort de l’Education Prioritaire aujourd’hui, ce n’est pas pour y rentrer de nouveau dans les années futures.
Or ce n’est pas notre motivation première. Ce qui nous préoccupe c’est la réalisation de notre projet sur le long terme et la réussite des élèves de cette école.
Le Président de la République a encore affirmé jeudi 6 novembre à la télévision l’engagement de moyens de son gouvernement pour l’Éducation Nationale. Nous ne pouvons nous résoudre à accepter de condamner ces élèves qui peuvent être en réussite avec un projet solide mais ne le seront pas si les conditions se détériorent.
Madame La Ministre dans un courrier à Mme Lemorton député de la circonscription s’engage (extrait de la lettre) : "Je suis en mesure de vous annoncer que l’école Littré qui accueille un public défavorisé, particulièrement issu de familles itinérantes et de voyageurs et d’enfants allophones continuera à disposer de la part du ministère de l’éducation nationale des moyens relevant de l’éducation prioritaire" Donc pourquoi nous faire enlever le statut éducation prioritaire.
Ce qui nous inquiète le plus c’est le paragraphe concernant les enseignants : "S’agissant des enseignants, leur régime indemnitaire est protégé par la clause de sauvegarde pour une durée de trois ans. Il conserve donc le bénéfice de l’indemnité spécifique qu’ils percevaient. S’ils le souhaitent, les enseignants qui voudront rejoindre un poste comparable où la nouvelle indemnité sera versée bénéficieront d’une bonification d’une bonification de points dans le cadre du mouvement départemental." Ce dernier paragraphe est très inquiétant car cela signifie instabilité de l’équipe éducative donc mort du projet. En sachant que l’école n’est pas ou très peu demandée au mouvement, ce qui entraînera des enseignants sortant de formation, d’années en années, ne permettant plus une cohérence pédagogique et au vu de notre projet d’école, une continuité logique du sens des apprentissages, sans parler des risques de montée de la violence, connue sur l’école il y a quelques années. La fuite vers le privé réduira la mixité sociale qui est une véritable richesse dans une école de la République.
Article de la dépeche du Midi sur l’école Littré, à Toulouse :
http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/11/1988677-ecole-littre-les-parents-font-pression.html
A Toulouse, une école rejoins le mouvement. L’école Littré n’est pas rattachée à un collège REP. (Le collège de rattachement est à 45 minutes de trajet en transport en commun)
Ainsi, cette école sort du dispositif alors que la population répond aux critères REP...
– plus de 60% des familles faisant partie de catégories socio-professionnelles défavorisées
– plus de 10% des élèves bénéficiant du fond social
– plus de 20% des élèves ne parlant pas français à la maison
– 35% des élèves nécessitant une prise en charge par une structure d’aide,
– près de 40% des élèves nécessitant un programme personnalisé de réussite éducative
Démonstration d’une loi qui ne prend pas en compte ce type de particularité.
Disparité de territoire, en NPDC, on ne peut pas être à la fois coordo et directeur...
Ce n’est pas une heure perdue de temps en temps qui fait plonger dans l’échec. Ce n’est pas d’être présent dans une salle de cours qui permet d’apprendre : il faut être attentif et avoir une démarche active pour mémoriser.
Par contre, la France est le pays où on perd le plus de temps à faire de la disciple, où les élèves se plaignent le plus du climat scolaire.
Mon avis est que ce texte se base sur une analyse fausse. Il faut le temps de présence en situation d’écoute dans la classe.
Mon avis est que stigmatiser les profs à tort de cette manière ne permet pas d’avoir une ambiance propice au travail.
Il faudrait donner les moyens de faire une véritable politique d’améliorer l’ambiance scolaire et arrêter de refuser de voir les conséquences pour les autres élèves quand on oblige les profs à garder les perturbateurs quoi qu’il arrive.
Merci beaucoup !
Nous avons ajouté à l’article des liens vous permettant d’obtenir des informations sur le programme en question.
Bonjour,
L’article cité ne donne aucune information sur le programme en question, et je n’ai pas trouvé d’autre ressource. En connaissez vous ?
Bonne journée
Julie Meunier
Qu’en est-il des personnels de direction qui sont en 1ère ligne pour le pilotage de la refondation de l’éducation prioritaire et pour qui l’entrée en REP+ dès la rentrée 2014 a naturellement occasionné un surcroit de travail. heureusement que la pondération 1,1 n’est pas applicable aux chefs d’etablissement car cela aurait un réel coût pour le ministère. En ce qui concerne la prime ECLAIR elle s’élevait à 2000€ pour 3 ans , ce qui est dérisoire au regard de certaines primes ECLAIR annuelles pouvant aller jusqu’à 2400€ !!!
Y at’il des avancées sur ces deux questions ?
Non, pas pour l’instant
Mais peut-être d’autres coordonnateurs ont-ils des infos plus précises ?
l’OZP
Qu’en est-il des indemnités des secrétaires de comité exécutif ou coordonnateurs REP ? On parle du triplement de l’indemnité pour ces personnels ici & là. L’ozp a t’elle des infos à ce sujet ?
Cet article, comme d’autres de cette revue de presse, tout au long de l’année, montre qu’il est temps pour le ministère, de redire publiquement et en terme très simples ce qu’est l’éducation prioritaire.
Les fluctuations dans les attributions du label "prioritaire" en 1999 - 2006 - 2008 etc. laissent des enseignants, des parents d’élèves, des élèves de lycée, des partenaires... dans un flou qui permet tous les fantasmes :
– Il y a un acte de violence ? Entrons dans l’éducation prioritaire et tout ira mieux.
– Il y a un nouvelle vague migratoire locale ? Entrons dans l’éducation prioritaire et tout ira mieux.
– Il y a un manque de moyens matériels ? Entrons dans l’éducation prioritaire et tout ira mieux.
– Un jour ce sera "La tête de cet élève ou de ce prof ne me revient pas : Entrons dans l’éducation prioritaire et tout ira mieux."
On a besoin d’un définition simple, claire et diffusée de la nature et de la fonction de l’éducation prioritaire. On peut trouver ça sur ce site et sur celui du ministère, reste qu’elle doit être redite et diffusée.
Le travail de l’école Rucklin sur le climat scolaire a été mis en valeur au niveau national sous le lien suivant :
http://www.cndp.fr/climatscolaire/article/une-carte-mentale-pour-ameliorer-le-climat-scolaire.html
Vous oubliez plusieurs faits essentiels dans votre article.
En premier lieu, le plan de rénovation des collèges de Seine-Saint-Denis, 720 M€ repose essentiellement sur un financement de partenariat public-privé (PPP) dont on connaît les risques. Doublement des sommes des contrats, entretien à minima pour ne récupérer, au bout de 20 ans que des ruines...
En second lieu, le conseil général de Seine-Saint-Denis dit parier sur le numérique. Cocasse quand on se souvient qu’il a supprimé l’aide au collégiens de 6e pour acheter un ordinateur.
On est face à une tartufferie. Dans laquelle nombreux se sont laissé prendre.