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Demande de moyens dans la ZEP de Bagneux (92)

31 mai 2006

Extrait de « L’Humanité », le 30.05.06 : Pas de réussite scolaire sans moyens ambitieux

Éducation.

Les équipes éducatives de plusieurs collèges classés « Ambition réussite » s’inquiètent des incohérences pédagogiques. Exemple à Bagneux.

On aurait pu s’attendre au soulagement des sélectionnés. C’est l’inverse qui se produit. Les équipes - éducatives des établissements « Ambition réussite », label - dernière tendance de l’Éducation nationale, s’alarment les unes après les autres des conséquences pédagogiques de ce nouveau statut (1). Après celles de Seine-Saint-Denis, d’autres manifestent leurs inquiétudes. Comme ces profs du collège Henri-Barbusse de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, qui, peut-être, seront en grève ce matin, en dépit de leurs - espérances premières. De la - réforme des ZEP annoncée en décembre ils avaient espéré quelques changements. Allégement des classes surchargées (certaines, ici, cumulent 28 élèves en dépit du classement ZEP), dédoublement de cours, temps de concertation... rien que du très classique.

Refusé.

Le collège bénéficiera en revanche de deux « super-profs » (enseignants pouvant être déchargés de cours et exerçant à cheval entre le collège et les deux écoles du secteur) et de 6 assistants pédagogiques (surveillants à temps partiel). Par ailleurs, les élèves en difficulté pourront suivre un PPRE (plan personnel de réussite éducative) si besoin est, en faisant appel aux structures extérieures prévues dans le plan Borloo (2). Enfin, des heures d’études seront obligatoires, pour tous, quatre soirs par semaine.

Où le vernis craque.

« Même s’ils y consacraient la totalité de leur temps, les assistants pédagogiques ne seront pas suffisamment nombreux pour assurer les temps de soutien et d’études. On nous demande donc de déposer des dossiers au conseil général pour qu’il finance des HSE (heures supplémentaires d’enseignement). » Exit les projets pédagogiques normalement payés par ce biais, ainsi que l’équité territoriale. « Tous les départements ne feront pas les mêmes choix de financement. »

Quant à la présence des « super-profs », elle ne rassure pas l’équipe de Bagneux. « Leur profil n’a jamais été défini, pas plus que les critères ayant servi à en déterminer le nombre. Ici, ils seront 2, mais 4 à Bobigny. » Surtout, jusqu’à la semaine dernière, le collège Henri-Barbusse se confrontait à une situation ubuesque. Classé « Ambition réussite », sa dotation globale horaire (DGH) n’en régressait pas moins. Résultat, les sections de 5e et 4e perdaient chacune trois heures de cours par semaine et un poste de professeur de mathématiques sautait et « devait être remplacé par l’un des fameux super-profs ! » Après plusieurs alertes, les personnels déposaient un préavis de grève à la date d’aujourd’hui. Vendredi, un représentant académique rencontrait le conseil exécutif du collège. Il assurait que la DGH sera rétablie et que la reconduction du poste de maths n’était plus exclue.

Quant aux enseignants, ils n’avaient pas encore décidé de leur stratégie. Vainqueurs sur la DGH, ils n’oublient pas « que le classement "Ambition réussite" se fait par redéploiement budgétaire (voir encadré) ». Le statut dérogatoire ne leur plaît pas non plus, lequel favorise les groupes de niveaux et autres parcours individualisés. Enfin, et peut-être surtout, les objectifs affichés les laissent pantois. « La circulaire de rentrée le mentionne explicitement : pour les élèves des collèges "Ambition réussite", l’objectif est d’obtenir le brevet. » Le lycée et a fortiori le bac ne sont plus, pour eux, que des ambitions optionnelles.

(1) Le ministère de l’Éducation avait établi une liste de 231 collèges « Ambition réussite ». Les recteurs ont, par la suite, fait une vingtaine de propositions supplémentaires.

(2) Le plan Borloo prévoit des programmes personnalisés de réussite (PRE), lesquels ont obtenu des financements avant les PPRE prévus par la loi Fillon. Les deux dispositifs sont censés se compléter, pour ne pas dire, à terme, fusionner.

Marie-Noëlle Bertrand

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Extrait de « L’Humanité », le 30.05.06 : Principales données de la réforme des ZEP

Près de 900 collèges bénéficient actuellement d’un classement en ZEP. En décembre, le gouvernement annonçait une réforme de ces ZEP. Suivait la création de trois niveaux : le niveau EP3, qui devrait concerner environ 300 collèges, amenés à perdre leurs aides d’ici à 2007.

Le niveau EP2, qui désignera les établissements dont le statut ne changera pas. Et le niveau EP1, appliqué aux 250 collèges les plus en difficultés, désormais baptisés « Ambition réussite » : ils bénéficieront, nationalement, de 3 000 assistants pédagogiques (surveillants à temps partiel) supplémentaires et de 1 000 enseignants spécialisés (les « super-profs »), - financés via un redéploiement budgétaire : tous les élèves de cinquième et de quatrième perdent une demi-heure de cours hebdomadaire à compter de la rentrée 2006.

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