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Anciennement impliqués dans des rixes, des jeunes de Choisy-le-Roi se mobilisent autour d’Adama Camara en créant un court-métrage (France3 regions)

31 octobre 2023

Anciennement impliqués dans des rixes, des jeunes de Choisy-le-Roi se mobilisent
Pour sensibiliser aux conséquences des affrontements entre bandes rivales, des jeunes choisyens livrent leur témoignage en vidéo. Ils présenteront leur court-métrage, réalisé avec Adama Camara, ce vendredi soir à partir de 19 heures dans la salle du Royal à Choisy-le-Roi.

"Quand ils pensent aux rixes, les jeunes ne voient que la bagarre mais ils oublient les familles brisées, les jeunes blessés ou handicapés à vie. En échangeant avec eux, on les met devant cette réalité", raconte Adama Camara. Depuis 2019, celui qui a fait de la prévention contre les rixes son combat anime des ateliers de sensibilisation et d’écriture avec son association SADA, le nom de son petit frère assassiné en 2011.

Depuis près d’un an, Adama Camara, originaire de Garges-Lès-Gonesse (Val-d’Oise), intervient auprès des jeunes de Choisy-le-Roi pour sensibiliser sur les conséquences des rixes. Des moments d’échanges qui prennent un autre tournant lorsqu’en janvier dernier un adolescent de 16 ans est assassiné à l’arme blanche à Thiais par un jeune de Choisy : deux villes où des bandes rivales s’affrontent depuis plusieurs années.

Un court-métrage réalisé par des jeunes
C’est à la suite de cela que les jeunes de la ville de Choisy-le-Roi, sous l’impulsion du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), décident de passer des mots aux actes avec la réalisation d’un court-métrage, encadré par Adama Camara.

Incarcéré pour avoir voulu venger la mort de son petit frère en 2014, il sort de prison en 2019 et se met à sillonner les routes de France à la rencontre des jeunes. Dans sa série Rixes, il part à la rencontre des familles qui ont perdu un proche dans ces combats.

"On a très vite mesuré l’impact positif de ce court-métrage. On observe une certaine prise de conscience, une maturité qui se transmet à d’autres jeunes."

Yani Habhab
"Avec quelques jeunes de Choisy, nous nous sommes réunis toutes les semaines pour réaliser un spot de sensibilisation aux rixes qui sera diffusé ce vendredi soir", détaille Adama Camara, ravi des retombées de ce projet. "Il a fallu un peu de temps pour se connaître, pour échanger. Depuis, on voit beaucoup de changements chez eux, plus d’ouverture d’esprit."

Un constat partagé par Yani Habhab, coordinateur du pôle loisirs éducatifs à la ville de Choisy-le-Roi : "On a très vite mesuré l’impact positif de ce court-métrage. La plupart d’entre eux ont commencé une formation BAFA pour devenir animateurs depuis. Certains travaillent pour la ville pendant les vacances de la Toussaint. On observe une certaine prise de conscience, une maturité qui se transmet à d’autres jeunes. L’idée est de créer des leaders positifs."

La vidéo qui sera présentée ce vendredi soir a été réalisée avec une dizaine de jeunes du quartier du Mouloudji. Eux-mêmes impliqués dans des rixes il y a deux ans. "Dans ce clip, chacun évoque les raisons pour lesquelles il est entré dans une rixe. À la fin, ils délivrent un message de prévention", détaille Julien Carayon, responsable du CLPSD. Après la diffusion du court-métrage, un débat ouvert à tous se tiendra afin d’"échanger face à ce problème qui touche de nombreuses villes en France".

Travail de longue haleine
La prévention contre les rixes est un axe majeur de la politique du CLSPD qui a déployé depuis mars 2022 cinq médiateurs qui assurent un rôle de relais entre les jeunes et la ville, et permettent également de prévenir les rixes par un dialogue du quotidien.

Des animations comme un tournoi interquartiers de foot ont été mises en place. "Notre conviction c’est que plus on apprend à se connaître, et moins il y a de problème", souligne Yani Habhab. "D’ailleurs nous n’avons plus du tout de phénomènes de rixes entre les jeunes de Choisy, il y a une bonne osmose", confie-t-il.

D’autres initiatives ont récemment vu le jour, comme la "journée citoyenne" qui permet de renforcer le lien entre la population et la police au travers d’ateliers où les forces de l’ordre présentent leur métier.

Malgré ces efforts du quotidien, l’équilibre reste fragile. Les émeutes urbaines en juin dernier en sont l’illustration. "On ne peut pas sauver tout le monde. On fait de la sensibilisation, mais derrière il faut un suivi, admet Adama Camara. Parfois il suffit d’un regard, d’une bousculade pour que tout s’embrase. C’est à l’image de notre société."

Pour aller plus loin

Extrait de france3-regions d’octobre 2023

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