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Réduire les inégalités : le territoire est-il un outil efficace ?

4 décembre 2006

Extrait de la « Lettre de Prisme » de décembre 2006 : Le territoire est-il un bon instrument de redistribution ?

Le territoire est-il un bon instrument de redistribution ? Dans cet article sous-titré « le cas de la réforme de l’intercommunalité en France », Philippe Estèbe, docteur en géographie et en sciences politiques, tente d’analyser si les progrès entraînés par le regroupement intercommunal ont eu les effets sociaux attendus. Le partage des recettes fiscales entre communes a-t-il conduit à une plus grande efficacité en matière de lutte et de prévention de la ségrégation sociale et spatiale ? L’hypothèse soutenue ici est qu’il « n’existe pas de correspondance directe entre l’équité sociale ». In La Gazette n°24 - novembre 2006

Extrait

(...)

Ainsi, plusieurs éléments, à la fois théoriques et politiques poussent à laisser de côté l’approche territoriale, dont on avait espéré tant d’innovation dans les années 1980, pour renouer avec des approches plus classiques, ciblant les publics. Malgré la force des arguments « anti-territoriaux » (dont la fiscalité n’est pas des moindres), il nous semble que cette dimension territoriale des politiques sociales doit être conservée, pour trois raisons au moins.

La première, parce que, du fait même des logiques de spécialisation sociale qui sont déjà à l’œuvre dans l’espace, même s’il ne constitue pas un concept stable (voir l’article de Laurent Davezies dans le même numéro de Lien social et politiques), le territoire est un instrument essentiel de l’analyse sociale, et même économique. Il permet de repérer les logiques de classement et de diffusion, l’impact des modes de vie, les trajectoires quotidiennes et résidentielles qui constituent la base des questions actuelles de solidarité et d’intégration.

La deuxième, parce que, l’approche territoriale, ou territorialisée, constitue un instrument de l’action, dont la pertinence peut être grande, pour autant qu’on l’utilise pour ce qu’il sait faire. Ainsi, dans une perspective de discrimination positive, l’approche territoriale peut-elle se révéler plus efficace que la construction de catégories complexes et toujours délicates à manier (Sabbagh, 2004). L’expérience engagées par l’Institut d’études politiques de Paris, consistant à ouvrir un concours particulier pour les élèves issus des zones d’éducation prioritaire (ZEP)5, est plutôt intéressante par le caractère « d’euphémisation stratégique » (Sabbagh, 20004) : chacun sait bien que, parmi les « bons élèves de ZEP », la part d’enfants d’immigrés, notamment d’Afrique du Nord, est loin d’être négligeable.

Enfin, l’approche territoriale paraît être, paradoxalement, un meilleur instrument pour les institutions supra locales que pour les institutions locales. On comprend combien, c’est le sens de l’article qui précède, il est difficile localement, d’oeuvrer dans le sens d’une solidarité intercommunale permettant réellement d’accroître les opportunités pour les habitants des quartiers pauvres et / ou immigrés. En revanche, pour les institutions supra locales disposant de certains leviers (sur l’éducation, les transports et l’accès à l’emploi notamment), l’approche territoriale peut constituer un point d’appui pour l’interpellation des autorités locales, en même temps qu’un instrument pertinent de la discrimination positive sociale.

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