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Quatre collèges en ZEP du 93 sont en grève.

10 février 2005

Extrait du « Parisien » du 09.02.05 : violences scolaires : 4 collèges en grève.

Jets de cocktails Molotov, agression d’une surveillante, multiplication des incivilités ou encore manque de personnel. Un ras-le-bol général des professeurs a touché hier quatre collèges de Seine-Saint-Denis, situés en zone d’éducation prioritaire (ZEP). En grève ou faisant valoir leur droit de retrait à la suite d’actes de violence, les enseignants inquiets ont quitté leurs estrades une journée.

Un mouvement qui intervient alors que se négocie actuellement la dotation horaire globale (DHG) qui prévoit une baisse de 752 heures d’enseignement dans les collèges du département. Pour l’inspecteur académique, Jean-Charles Ringard, ces initiatives sont purement locales. « Ce sont quatre événements distincts. Ces établissements sont en situation de tension pour des raisons diverses. Les incivilités ne sont que le facteur déclencheur », estime-t-il.

Pantin

cocktails Molotov au collège Jaurès. Depuis vendredi après-midi et jusqu’à lundi, le collège des Courtillères a été la cible d’attaques aux cocktails Molotov par une bande de jeunes, dont certains pourraient être des élèves du collège. Près d’une quinzaine de bouteilles incendiaires ont été lancées en direction de la salle des professeurs et sur le parking de l’établissement, sans faire de victime. Lundi et hier matin, les enseignants ont fait valoir leur droit de retrait. Un audit mené par la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) et une audience accordée ce matin par une inspectrice adjointe qui s’est rendue sur place ont mis en évidence des problèmes de sécurité à l’extérieur comme à l’intérieur de l’établissement inauguré en septembre dernier. La police s’est engagée à faire des rondes et l’inspection académique a promis « des aides complémentaires ». Les cours ont repris hier après-midi.

Aulnay-sous-Bois

une surveillante agressée collège Debussy. Le 1er février, une surveillante a été prise à partie alors qu’elle tentait de séparer deux élèves de 6 e qui se battaient dans la cour de récréation. C’est le coup de trop pour les enseignants qui, dénonçant une hausse de la violence, font valoir leur droit de retrait depuis lundi. « Nous avons des bagarres toutes les semaines, des bombes lacrymogènes utilisées quotidiennement. Sans parler de la dernière mode qui consiste à mettre le feu aux cheveux des filles ! » énumère une prof d’histoire-géo avec lassitude. Les enseignants dénoncent par ailleurs des « locaux vieillissants » et réclament une révision de la carte scolaire, car 91 % de leurs élèves sont issus de milieux défavorisés. L’inspection académique s’est engagée à réunir profs, parents et élus locaux lors d’une table ronde.

Aubervilliers

500 incidents depuis la rentrée au collège Jean Moulin. Débordés et las d’avoir à faire la police en permanence, les profs de Jean Moulin étaient en grève lundi et hier. Reçus dans l’après-midi à l’inspection académique, les mécontents sont arrivés hier en cortège et avec une banderole. « Nous avons déjà recensé cette année 1 500 incidents et 13 conseils de discipline ! », avance Stéphanie Grasmuck, prof de français. « Entre le comptage des absences et les intrusions en classe, on n’assure en moyenne que vingt minutes de cours sur une séance d’une heure ! », assure un collègue. En deux ans, le nombre d’incidents dans cet établissement aurait doublé, selon les statistiques de l’équipe pédagogique, qui elle-même a fait l’objet d’agressions physiques. Les profs, qui réclament cinq surveillants de plus ainsi que l’embauche de personnel ATOS (agent technicien ouvrier de service), sont ressortis déçus de leur entrevue avec l’inspecteur d’académie.

La Courneuve

Le collège Jean-Vilar redoute un retour de la violence. Avec 30 élèves de plus sans moyens supplémentaires, les profs de Jean-Vilar, dont 40 % étaient en grève hier, appréhendent la prochaine rentrée. « Nous n’avons plus la place pour créer une classe en plus. Tout est géré à l’économie. Est-ce qu’on attend le retour de la violence pour faire quelque chose ? », s’insurge Laurence Derrey, prof de français. Les enseignants réclament la construction d’un quatrième collège et la modification de la carte scolaire. Depuis la destruction des barres Ravel et Présov aux 4 000 en effet, les déplacements de locataires ont contribué à saturer l’établissement. L’inspecteur académique, qui a reçu les grévistes hier matin, a promis des heures d’enseignement en plus. Satisfaits de ce premier « contact positif », les profs comptent se mobiliser après les vacances de février contre la réforme Fillon.

Marjorie Corcier.

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