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Apprentissage, bourses au mérite, internat d’excellence. Gérard Aschieri (FSU) : une politique de tri social

11 novembre 2005

Extraits de « L’Humanité » du 10.11.05 : « C’est une politique de tri social »

Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, dénonce les mesures élitistes du premier ministre :

Dominique de Villepin a décidé d’abaisser l’âge de l’entrée en apprentissage de seize ans à quatorze ans, de multiplier par trois les bourses au mérite et les internats d’excellence. Qu’en pensez-vous ?

Gérard Aschieri. C’est une politique de tri social. Ces mesures ne prennent en aucune manière compte de la gravité de la crise que vivent l’école et les jeunes dans ces quartiers difficiles. Il n’y a strictement rien sur la prévention de l’échec et sur la lutte contre cet échec au sein de l’école. Il n’y a rien sur la fracture scolaire, c’est-à-dire la ghettoïsation de toute une série d’établissements qui concentrent toutes les difficultés. Au contraire, les bourses au mérite et l’apprentissage à partir de quatorze ans accentuent le tri social et l’exclusion d’un certain nombre d’élèves. L’apprentissage à quatorze ans signifie que l’on place des jeunes de manière irrémédiable dans une voie d’échec scolaire. On va former des jeunes de quatorze ans qui sont censés travailler quarante ans. Paradoxe extraordinaire : la loi Fillon instaure un socle soi-disant commun, par ailleurs largement insuffisant. Avec cette mesure, les jeunes n’auront même pas le droit à ce socle, puisqu’ils partiront avant. De notre côté, nous pensons qu’il faut porter la scolarité obligatoire à dix-huit ans. On en est loin !

De quoi souffre actuellement l’école ? Est-ce une question de moyens, de fonctionnement ou des deux ?

Gérard Aschieri. Plusieurs phénomènes se combinent : un échec scolaire extrêmement fort lié, bien évidemment, aux problèmes sociaux. On sait qu’un des facteurs les plus déterminants dans la réussite scolaire, c’est l’origine sociale. Ces établissements cumulent ces difficultés sociales, mais les moyens de l’éducation prioritaire ne les compensent pas. Deuxième phénomène : avec la mise en concurrence des établissements, entre autres, liée à la ségrégation urbaine, des établissements sont de plus en plus ghettoïsés. Ceux qui peuvent contourner la carte scolaire partent et les autres, qui ne le peuvent pas, restent. On sait que ces établissements concentrent les problèmes de violences et d’incivilités : environ la moitié des incivilités est signalée dans 10 % des établissements, essentiellement en ZEP. De plus, leurs personnels sont souvent précaires et jeunes. C’est difficile pour les élèves, en situation d’échec, et pour les personnels. Or, le premier ministre ignore cette situation. Il se contente de dire que certains élèves ont des difficultés. Pour ceux-là, ce sera l’apprentissage. Les autres bénéficieront des bourses au mérite. Au final, on nous répète que l’école doit assurer l’intégration des jeunes, qu’il faut les former aux valeurs de la République, au « vivre ensemble ». Mais on refuse cela à de nombreux élèves. Or, on sait que les jeunes de ces banlieues, encore plus ceux issus de l’immigration, ont beaucoup de mal à trouver des stages en apprentissage.

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Entretien réalisé par Vincent Defait

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