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Les ZEP particulièrement concernées par les expulsions d’élèves

11 octobre 2006

Dans une ZEP de Vaulx-en-Velin

Extrait de « Libération » du 10.10.06 : Nadjah, sauvée de l’expulsion grâce à une forte mobilisation

Il était 6 h 15 lorsque les policiers ont frappé. Francesco leur a ouvert. « Vous savez pourquoi on est là ? » lui ont-ils demandé. Le boulanger s’en doutait. Depuis quatre ans, Francesco vit avec une femme algérienne, à la santé fragile. Une mère de deux enfants qui se trouve en situation irrégulière.
Nadjah remplissait pourtant les critères pour être régularisée cet été, dans le cadre de la circulaire Sarkozy. Elle a déposé un dossier, mais il a été rejeté. Et ces trois policiers étaient là, jeudi, pour la cueillir à l’aube, avec ses garçons de 11 et 8 ans.
Dès qu’ils sont repartis, Francesco a prévenu un adjoint au maire de Vaulx-en-Velin (Rhône), où ils habitent, près de Lyon. Celui-ci a alerté les enseignants de l’école des enfants, et une course contre la montre s’est engagée. Un réseau baptisé « Elèves Vaulx papiers » fédère les comités mis en place localement dans les établissements accueillant des enfants menacés.

« Mère indigne ».

Prévenus par l’adjoint, des enseignants ont rejoint immédiatement l’école Angelina-Courcelles. Une partie des instits sont partis vers l’aéroport Saint-Exupéry, avec des parents, des élus, et un texte rédigé à l’intention des passagers du vol dans lequel Nadjah serait embarquée. Devant la mobilisation, les autorités ont différé, puis tenté d’organiser discrètement l’expulsion.
Nadjah et ses fils ont passé la nuit au centre de rétention de Saint-Exupéry. Vers 5 heures, le vendredi, des policiers sont dans la chambre. « On se lève et on s’habille », a lancé l’un d’eux. La mère a refusé, réclamé son avocate, et dit à ses enfants de ne pas s’habiller, afin de retarder le départ. Les policiers ont porté les deux garçons, puis l’un d’eux aurait lancé à la mère : « Maintenant, vous faites comme vous voulez. Si vous ne nous suivez pas, on les expulse seuls. » La famille a été conduite en fourgon vers l’aéroport de Marignane, à côté de Marseille. Nadjah raconte qu’elle a crié d’un bout à l’autre, en montrant ses menottes aux automobilistes. Elle en garde les poignets bleuis. A l’avant, ses garçons restaient silencieux, et l’un des policiers, excédé par ses cris, a lâché : « Regardez vos enfants. Ils sont sages et, vous, vous criez. Vous êtes une mère indigne. »

« Des louanges ».

Les autorités comptaient expulser la famille vers Constantine. Mais le Réseau Education sans frontières (RESF) marseillais a pris le relais à Marignane, épaulé par Maurice Charrier, maire (DVG) de Vaulx-en-Velin, qui se trouvait justement à Marseille. La veille, déjà, l’élu avait téléphoné au préfet du Rhône et lui avait faxé une lettre dans laquelle il se portait « d’autant plus garant de cette dame qu’elle fut contractuelle à la mairie de Vaulx-en-Velin et n’a eu, dans son activité professionnelle, que des louanges ».

Après avoir tenté de s’étrangler en route, avec sa ceinture de sécurité, Nadjah a fait un malaise en arrivant à Marignane. Un médecin l’a alors jugée inexpulsable dans cet état, et les policiers ont reconduit la famille vers Lyon. Nadjah a été relâchée avec ses fils, mais les autorités ont conservé son passeport. La mère et ses enfants sont cachés depuis, chacun de leur côté. Samedi après-midi, ils se sont retrouvés dans un parc, avec un luxe de précautions. La mère, épuisée, a raconté son itinéraire.

Captivité.

Nadjah a passé une partie de son enfance en France. Son père, soldat français, avait laissé plusieurs phalanges à la guerre, avant de passer deux ans en captivité en Allemagne. Nadjah était bébé quand il est mort. Elle a grandi dans un bidonville de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) avec sa mère et ses soeurs, qui vivent toujours en France.

Après des études en France et en Algérie, Nadjah s’est mariée là-bas, en 1993. Elle a ensuite vécu dans sa belle-famille, subissant « les belles-soeurs et surtout les beaux-frères ». Elle ne veut pas en dire plus, mais, après une tentative de suicide, sa belle-famille a convoqué des marabouts, qui ont dit que Nadjah était possédée. « Ils m’ont fait boire du sang de coq et je ne devais plus me laver pendant quarante jours. » En 2001, sa mère a réussi à la faire revenir en France, avec ses deux enfants, pour la faire soigner. Nadjah ne pesait plus qu’une trentaine de kilos.

Dépression.

Après une nouvelle tentative de suicide, la jeune femme a été internée plusieurs mois à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, dans la banlieue de Lyon. C’est là qu’elle a rencontré Francesco, le boulanger de Vaulx-en-Velin, qui traversait une sérieuse dépression. « Elle m’a aidé à remonter la pente », dit-il. Ils se sont installés à Vaulx, où les enfants sont allés à l’école à partir de 2002.

La préfecture a délivré deux autorisations provisoires de séjour successives pour Nadjah, puis une carte d’un an lui donnant droit au travail, en raison de sa santé. Elle a alors travaillé dans une école de Vaulx-en-Velin, où elle a ensuite continué le soutien scolaire bénévolement, lorsque la préfecture a refusé de prolonger sa carte, en 2005. Les enseignants décrivent une femme intelligente et investie.

Le 20 juin, une directrice d’école l’a accompagnée pour déposer sa demande de régularisation, dans le cadre de la circulaire Sarkozy.

En septembre, Nadjah est tombée de haut en recevant la lettre de refus. La décision n’était pas motivée, et la préfecture « ne communique pas sur les cas personnels ». Réduits aux supputations, les soutiens de Nadjah pensent que la mère de famille a peut-être été refusée parce qu’elle reste mariée en Algérie. Elle y a pourtant engagé une procédure, mais son mari ne veut pas divorcer.

« Absurde ».

Les garçons, Sid-Ahmed et Aïmen, travaillent bien à l’école. Ils se sont vite intégrés. Mais, depuis jeudi, ils ne veulent plus y aller. Ils ont peur de s’y faire arrêter. « C’est absurde, résume Jean Costil, pasteur et responsable de la Cimade à Lyon. Il y a un an, une circulaire protégeait les enfants scolarisés. A présent, on vient les chercher à l’aube. Il faut inventer autre chose, ce n’est pas possible. On ne peut pas, en France, venir prendre des enfants au petit matin. »

Olivier Bertrand

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Dans la ZEP de Colombes (Hauts-de-Seine)

Extrait du site de RESF, le 11.10.06 : Lycée en grève pour faire libérer Suzilène !

Aujourd’hui au lycée professionnel Valmy de Colombes, les élèves ont quitté l’établissement avec des pétitions en soutien à Suzilène. Ils se sont rendus devant les lycées et collèges des environs afin d’apporter leur solidarité à Suzilène toujours en rétention à Paris en faisant signer la pétition. Leur action s’est déroulée dans le calme. Ils exigent la libération de leur camarade.

Dans l’après-midi, après le départ des élèves de l’établissement, nous avons appris que Suzilène était reconnue ressortissante Cap verdienne par le consulat du Cap Vert, ce qui laisserait présager la possibilté de la délivrance d’un laisser-passer pour son pays d’origine en vue de son expulsion.

Compte tenu de la situation préoccupante dans le département nous avons informé la Préfecture et les autorités académiques de notre inquiétude.
Dans ces conditions RESF demande a être reçu en audience auprès de la Préfecture des Hauts-de-Seine pour évoquer le cas de Suzilène et de tous les élèves et familles sans-papiers du département.

Le RESF appelle donc à un rassemblement devant la préfecture des Hauts-de-Seine le mercredi 11 octobre à 15H.

Il faut que les adultes soient nombreux pour encadrer les élèves.

Nous rappelons aux enseignants que des préavis de grève ont été déposés par la FERC cgt et la FSU 92 pour pouvoir protéger les élèves menacés.

mercredi 11 octobre 2006 à 15 h

RASSEMBLEMENT DEVANT LA PREFECTURE de Nanterre RER Nanterre-préfecture

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