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Colloque du Conseil des sages de la laïcité : des annonces de N. Belloubet et des interventions de membres du Conseil (ToutEduc)

18 mars

20 ans de la loi sur la laïcité à l’école et des lycéens auprès du "Conseil des sages de la laïcité"

Vendredi 15 mars, à l’occasion d’un colloque célébrant les 20 ans de la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse, trois mesures ont été annoncées par la ministre de l’Education nationale.

Un conseil des jeunes de la laïcité sera créé d’ici fin 2024, appuyé sur des élèves de seconde et de 1ere année de CAP. Elu pour deux ans, il aura pour rôle d’alimenter le travail du conseil des sages de la laïcité. L’épreuve orale du concours interne et du 3ème concours des personnels de direction évaluera, dès 2025, la capacité du candidat à incarner le respect des valeurs de la République et la laïcité. Enfin, sera mis à jour le “coffret républicain“ numérique au travers de fiches pratiques présentant l’ensemble des ressources existantes sur la laïcité à l’école. Nicole Belloubet a ajouté que ces questions “seront prioritaires“ dans le nouveau plan de formation initiale des professeurs qui sera dévoilé par le président de la République.

En dehors de ces annonces, le colloque a permis de revenir brièvement sur la fondation de la loi de 2004, adoptée même si “un tel consensus sur cette législation n’avait rien n’évident“, selon la ministre.

Sociologue et membre de la commission Stasi ayant préludé à son élaboration, Jacqueline Costa-Lascoux indique d’ailleurs qu’au départ une seule personne sur les 20 qui la composaient était favorable à l’idée d’une loi, pour 19 au final. Selon elle, Gilles Kepel voulait “absolument“ que des filles voilées fassent partie des 140 personnes auditionnées pour que la commission soit “crédible“. Ghislaine Hudson, alors proviseure se rappelle de son côté avoir eu peur de voir partir en masse des élèves se sentant stigmatisés, mais “ça ne c’est jamais produit“, assure-t-elle.

Elle indique qu’un tiers des élèves interrogés ont exprimé une certaine souffrance, un sentiment de ne pas être reconnus, mais elle a constaté au fur et à mesure un cheminement dans la compréhension des fondements de cette réflexion. S’ils étaient dans l’ensemble favorables aux 36 recommandations, souligne-t-elle enfin, les élèves ont cependant fixé comme conditions l’importance de la formation et la nécessité du dialogue.

Laurence Marion, directrice des affaires juridiques au ministère des armées, qui a contribué à un rapport du Conseil d’Etat en 2004 sur 100 ans de laïcité, explique justement que la commission Stasi a permis de comprendre pourquoi il était nécessaire de légiférer. Alors que la loi de 1905 est “une loi de divorce“, qui traite des problèmes de son temps, celle de 2004 “s’inscrit avant tout dans les grandes lois de l’école“, comme la loi Ferry, en donnant “un mode d’emploi avec une règle claire“.

Seulement “les problèmes que nous avons avec la laïcité sont toujours politiques“, estime Dominique Schnapper (présidente du Conseil des sages de la laïcité), ajoutant que ceux-ci ne sont “jamais totalement résolus“. D’ailleurs qu’en est-il aujourd’hui ? La rectrice de l’académie de Grenoble raconte comment elle a vu resurgir le problème au printemps 2022 avec l’arrivée d’abayas dans un lycée suite à des événements apparus dans la ville. Elle pointe, malgré l’effet bénéfique de la loi et des circulaires déjà en vigueur, un débat similaire à ceux de 1989 et 2004, ce qu’elle “n’arrive pas à comprendre“, avant de souligner, comme plusieurs intervenants, le rôle des réseaux sociaux dans l’amplification du phénomène.

De plus, “en dépit de son ancienneté et de sa clarté“, la loi de 2004 ne serait “pas comprise partout“, veut croire Mathieu Clouet, IA-IPR. Sa recherche de “points de blocage“ lui fait entrevoir des “arguments récurrents“, comme le besoin de laisser les élèves s’habiller comme ils veulent, avec l’idée que la laïcité serait une interdiction venant toucher à la promesse de liberté. Mais Edouard Geffray (DGESCO au ministère de l’Education nationale) tient à rassurer en expliquant que 97 % des cas (les dernières données ici) sont résolus par le dialogue.

Et alors que la laïcité et les valeurs de la République seraient désormais plutôt mises en danger par des contestations et refus d’enseignement, Mathieu Clouet invite à “se souvenir que l’école ne vise pas la seule obéissance à la loi“. Il relève 3 axes d’actions : pour “faire du commun“, la loi doit s’inscrire dans le fonctionnement ordinaire de l’école, il faut ensuite la faire comprendre pour ce qu’elle est, et s’il faut pour finir “tenir“ sur son respect, il convient néanmoins “d’éviter un durcissement non prévu par la loi qui viendrait la dénaturer“.

Extrait de touteduc.fr du 16.03.24

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