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Occupation de lycées : « Les ZEP, l’une des illusions des années 90 »

7 avril 2005

Extrait de «  Libération » du 07.06.05 : la planète école ne tourne pas rond

L’occupation de lycées par les élèves marque une nouvelle étape dans le malaise de l’éducation.
(...)

Résistance.
Inutile de demander combien plus précisément : les seuls indicateurs disponibles au ministère s’intéressent aux mouvements classiques. Les mobilisations locales et spontanées ne font l’objet d’aucun recensement. Cet automne, par exemple, il n’y a eu nulle trace de la grève du lycée Delacroix de Drancy (Seine-Saint-Denis) contre des fins de contrat touchant six personnels administratifs, ni de celle des enseignants du collège Travail de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) contre des actes de violences, ni de celle des enseignants du lycée Jean-Pierre-Timbaud d’Aubervilliers contre la suppression de deux postes d’aides-éducateurs, etc.

La mobilisation ne s’éteint en fait quasiment jamais sur la planète Ecole. Cadres de l’Education, observateurs et syndicalistes datent à 1998-1999 le début de ces mouvements « atypiques », « désorganisés », « insaisissables », « protéiformes ». Selon Gérard Aschieri, patron de la Fédération syndicale unitaire (FSU), « depuis Allègre, les enseignants ont non seulement l’impression de ne pas être aidés dans l’exercice quotidien de leur métier, mais, en plus, de prendre des coups ». La fin des années 90 a aussi été celle de certaines illusions, des ZEP aux plans antiviolence, en passant par les dispositifs d’incitation pour les professeurs envoyés en zone difficile. L’incapacité du système à marier massification et démocratisation est devenue patente. L’école est comme entrée en résistance, sourdement, quotidiennement, essentiellement contre le manque de moyens et la violence du côté des enseignants, contre les suppressions de postes du côté des parents ¬ parfois capables d’enclencher de vastes contestations, comme dans le Gard et l’Héraut en 2000 ¬ et contre les menaces (réelles ou supposées) sur l’égalité des chances.

Dans le même temps, les règles du combat social ont muté, avec l’émergence de nouvelles formes de lutte, à commencer par le « droit de retrait ». Invoqué pour la première fois en avril 1998 au lycée Romain-Rolland de Goussainville, ce droit, accordé à tout salarié, permet de cesser le travail sans avoir à se mettre en grève s’il est soumis à un danger « grave et immédiat ». Son usage par les enseignants porte une lourde charge symbolique : la menace n’est pas matérielle, mais humaine ¬ les enseignants refusent de facto de prendre en charge certains élèves jugés trop violents. Depuis, des dizaines d’établissements ont suivi.
(...)

Emmanuel Davidenkoff.

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