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La querelle sur les méthodes de lecture masque-t-elle la volonté du ministre d’accroitre l’autonomie des établissements ?, se demande le Café pédagogique

28 août 2017

Et si on prenait les propos de JM Blanquer au sérieux ? Dans le Nouvel Observateur, en annonçant le recrutement des enseignants par les chefs d’établissement, le ministre de l’éducation nationale ouvre un nouveau chantier, celui de la gouvernance du système éducatif. Alors prenons le au sérieux. Quelles sont les idées de JM Blanquer en ce domaine ? Comment peut-il les pousser ? Bref à quoi faut-il s’attendre ?

Quelle sont les idées de Blanquer sur la gouvernance ?
Alors prenons JM Blanquer au mot. Et cherchons ses idées sur la gouvernance de l’Education nationale.

Faire recruter les enseignants par les chefs d’établissement n’a pas fait partie du programme Macron. Par contre l’idée est bien développée dans "L’école de demain", le livre programme publié par JM Blanquer en 2016.

"Il faut repenser les mécanismes d’affectation et de mouvement qui constituent l’un des freins majeurs à la transformation du système éducatif", écrit-il."Le recrutement sur profil pourrait être généralisé... comme c’est le cas dans l’enseignement privé".

Ce que propose Blanquer c’est déjà de distinguer le concours et l’affectation. Après le concours les candidats enseignants devraient trouver un poste par eux mêmes en sollicitant les établissements. Le concours ne serait plus qu’une "habilitation à enseigner", précise JM Blanquer, "le recrutement étant de la responsabilité du chef d’établissement". Pour lui c’est même le minimum, ou le premier pas vers l’autonomie.

Jean-Michel Blanquer défend l’idée d’un chef d’établissement "véritable responsable" de son établissement, assisté d’une équipe de direction de 5 à 10 personne comprenant des enseignants. Le chef d’établissement évaluerait les enseignants, les inspecteurs ayant en charge des audits d’établissement. La direction déciderait de la paye de chaque enseignant, celle ci étant composée d’une partie récompensant "le mérite". Le service des enseignants serait annualisé de façon à faciliter les remplacements.

JM Blanquer voit dans ce système l’avantage de favoriser la cohésion des équipes et l’adhésion au "projet" de l’établissement. "Ce système offre une liberté nouvelle aux professeurs qui peuvent candidater à des postes qui correspondent davantage à leur projet". A noter que ce système ne serait pas mis en place que dans l’enseignement du second degré. Dans le primaire , JM Blanquer imaginait en 2016 des directeurs chefs d’établissement ou des circonscriptions associant collège et écoles de secteur.

Ce qu’on sait des pays où ce principe s’applique, la Suède ou les pays anglo saxons, c’est que se crée une hiérarchie des établissements, les enseignants jugés les meilleurs se dirigeant vers les établissements les plus gratifiants. Au lieu d’un recrutement par affinité, qui n’existerait que si les établissements étaient égaux, on obtient une aggravation des écarts entre établissements, ceux des quartiers populaires récoltant les enseignants les moins bien formés.

Une nouvelle structuration de l’Ecole
Pour JM Blanquer,l’établissement doit disposer d’une large autonomie. Dans son livre JM Blanquer fustige "l’égalitarisme" dans les mêmes termes que dans Le Nouvel Observateur. Chaque établissement aurait une large autonomie en ce qui concerne les enseignements. Mais il serait soumis à un contrôle de ses objectifs. C’est cette logique de contrat que Blanquer imagine partout, dans les relations entre Etat et établissement comme entre celui-ci et les professeurs.

Mais la réflexion de JM Blanquer ne s’arrête pas au niveau de l’établissement. Il propose aussi de revoir l’organisation territoriale de l’Education nationale. Dans son livre il dessine trois niveaux de gestion. Celui des 13 académies, le département et une nouvelle circonscription taillée sur celles des IEN et regroupant primaire et secondaire. C’est gommer la vingtaine d’anciennes académies qui aujourd’hui gardent leurs compétences.

Que va retenir JM Blanquer de toutes ces idées ? La totalité ? Une partie ? Une chose semble certaine : c’est que la violence de ses attaques , dans le Nouvel Observateur, montre que le ministre est déterminé à aller loin et fort. Il semble décidé à affronter l’opposition des enseignants et des "pédagogistes".

A quoi sert la querelle des méthode de lecture ?
C’est peut-être l’autre élément qu’il faut retenir de cet entretien de rentrée. JM Blanquer affirme avoir le complet soutien de Macron. Le fait qu’il n’y ait pas de conseiller éducation scolaire à l’Elysée (mais un conseiller enseignement supérieur et scolaire) va en ce sens. La nomination de son directeur de cabinet et du nouveau Dgesco aussi.

Le ministre n’hésite pas à relancer la guerre des méthodes de lecture. On se rappelle à quel point l’offensive menée par Robien et son directeur adjoint de cabinet, JM Blanquer, en 2006 a affaibli l’école , dressant les parents contre les professeurs des écoles. On sait aussi que cette querelle est totalement artificielle et qu’il n’en sortira rien que des violences inutiles.

C’est pourtant cette manoeuvre que JM Blanquer tente en ce moment. C’est peut-être sa façon de montrer sa détermination et de créer un rapport de force politique qui affaiblisse le monde enseignant. Dans tous les cas, il faut s’attendre à une rentrée offensive quai de Grenelle. Première étape le 29 août ou avant ?...
François Jarraud
Extrait de cafepedaggqique.net du 27.08.17 : Blanquer va-t-il changer la
gouvernance de l’éducation nationale ?

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