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Protestations contre la réforme de l’EP : - le maire d’Allonnes (Sarthe) écrit au recteur - "Ces contrats joueront le rôle de la carotte mais celle-ci risque de nous étouffer" (un blogueur)

30 novembre 2020

Suppression des Réseaux d’éducation prioritaire : le maire d’Allonnes écrit au recteur

Le gouvernement a annoncé, en début de semaine, la suppression de la carte des réseaux d’éducation prioritaire (Rep) en 2022. Des expérimentations seront menées dans les académies de Lille, Marseille et Nantes, dont dépend le département de la Sarthe. Gilles Leproust, le maire d’Allonnes, près du Mans, fustige cette décision.

Extrait de ouest-france.fr du 27.11.20

 

S’étouffer avec des carottes - les risques du métier

Le ministre, empêtré dans les affaires, l’accumulation de promesses non tenues et les contrevérités, poursuit ses réformes. La dernière en date, concernant les Réseaux d’éducation prioritaire, est un moyen de plus pour bâillonner les enseignants et offrir des moyens supplémentaires à l’école privée. Comme d’habitude, le tout est enveloppé dans des discours faussement bienveillants.

[...] Le projet de réforme concernant les Réseaux d’éducation prioritaire (REP) s’inscrit dans cette logique. L’idée, présentée par Mme Elimas (secrétaire d’Etat à l’éducation prioritaire), est de supprimer les réseaux existants et de les remplacer par des contrats passés entre établissements et rectorats. La fameuse souplesse plus proche du terrain. Mais derrière les arguments ministériels d’efficacité et de bon sens se cache, comme d’habitude, la réalité, beaucoup plus amère que leurs discours. En fonctionnant par contrats les établissements se retrouveront isolés. Pour obtenir un contrat de ce type ou son renouvellement ne devront-ils pas faire preuve de docilité et montrer leur soutien aux décisions gouvernementales ? Les établissements avec une forte concentration de syndiqués, de grévistes ou autres récalcitrants seront-ils plus facilement exclus du dispositif que d’autres ? L’intérêt de l’élève sera-t-il vraiment au cœur des décisions ? On peut en douter quand on connait l’école de demain imaginée par M Blanquer : école à plusieurs vitesses basée sur la méritocratie 4 .

On peut rajouter que grâce à cette dilution de moyens l’enseignement catholique privé devrait bénéficier d’une partie des ressources 5. Après la loi de scolarisation obligatoire dès 3 ans qui avait déjà mis les communes dans l’obligation de financer les écoles maternelles privées 6, voilà un nouveau cadeau que M Blanquer fait à l’enseignement privé, au détriment du public.

Ainsi cette réforme a de multiples effets : elle prive les élèves du public d’une partie des moyens dont ils bénéficient au bénéfice de ceux du privé ; elle permet d’accentuer la pression sur les équipes enseignantes qui devront appliquer les bonnes méthodes du ministère avec le risque de se voir privé de moyens en cas de revendications concernant la liberté pédagogique ou simplement celle d’expression ; enfin elle permet également une nouvelle campagne médiatique censée montrer à l’opinion publique combien leur attachement à la réussite de tous est grand, en omettant bien sûr de mentionner quelques détails gênants. Ces contrats joueront le rôle de la carotte mais celle-ci risque de nous étouffer.

La vraie question est que peuvent faire les enseignants pour sortir de cette impasse où on les a acculés. Mais aussi, veulent-ils faire quelque chose ? Les syndicats sont dans une situation peu enviable. Ils sont forcés de négocier avec celui qui feint de croire au dialogue social. Faire partie de ce jeu de dupes ne doit pas être agréable. Certains, comme la CGT 7 , franchissent le pas et rompent les pseudo-négociations et refusent de servir de caution aux campagnes de communication ministérielles. D’autres y sont encore. Pour combien de temps ?

La question qui reste pour l’instant sans réponse est pourtant la plus cruciale : comment mobiliser les enseignants dont un trop grand nombre ne s’intéresse pas à ces questions concernant ce présent épuisant et l’avenir proche désespérant. La résignation semble être le sentiment dominant. Mais il s’agit de l’avenir de nos élèves et de nos enfants. Ils méritent qu’on éveille en nous-mêmes des sentiments un peu plus nobles que la résignation ou la peur.

Extrait de blogs.mediapart.fr/jadran-svrdin du 25.11.20

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