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Dans une tribune au Monde, un collectif d’anciens Dgesco estime que les groupes de niveau sont un dispositif trop rigide et « centralisé » pour être efficace

4 avril

Groupes « de niveau » au collège : « Les établissements se retrouvent contraints tant par le texte officiel que par le manque de moyens »
TRIBUNE
Collectif

Si la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, a raison de parler de « groupes de besoin » plutôt que « de niveau », l’arrêté du 17 mars détaille la mise en œuvre d’un dispositif trop rigide et « centralisé » pour être efficace, estime un collectif d’anciens directeurs de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale.

Le « choc des savoirs » revendiqué par Gabriel Attal a au moins obtenu un premier résultat : ébranler l’éducation nationale au point qu’il est peu d’enseignants et de responsables du système éducatif, à tous les niveaux, qui ne manifestent une grande inquiétude. Ce qui a d’abord retenu l’attention, c’est le débat sur les classes ou groupes « de niveau », tant l’expérience autant que les recherches montrent qu’il s’agit d’un dispositif à la fois injuste et inefficace.

Avec raison, la nouvelle ministre, Nicole Belloubet, a préféré parler de « groupes de besoin » : gérés avec suffisamment de flexibilité pour répondre de façon transitoire et réversible aux difficultés spécifiques de certains élèves. Les groupes de besoin peuvent en effet corriger ce que la classe traditionnelle a de trop rigide. Mais, comme l’expliquait déjà en 1982 le rapport de Louis Legrand sur les collèges, cette solution ne peut fonctionner qu’à plusieurs conditions. Elle suppose que soient réunis les moyens et les compétences pédagogiques nécessaires. Elle implique un travail de concertation important et le volontariat des enseignants concernés. Elle ne peut suivre un modèle unique : il faut s’adapter à l’extrême diversité des situations locales.

Or, c’est bien là que le bât blesse aujourd’hui. Là où il faudrait de la souplesse, l’arrêté du 17 mars impose aux collèges une organisation très détaillée, à la semaine près, et n’envisage le retour en classe entière que comme une mesure dérogatoire. Les collèges se retrouvent ainsi contraints tant par le texte officiel que par le manque de moyens. Les nombreux dispositifs d’aide mis en place les années antérieures deviennent obsolètes : comment mobiliser les enseignants si chaque rentrée est présentée comme un désaveu de la précédente ? Tant de rigidité ne permettra guère, de fait, que de composer des groupes de niveau très peu fluides.

Politique taylorisée
En procédant ainsi, le ministère se met en contradiction avec la démarche qui, depuis 1985, a consisté à donner des marges d’autonomie et de responsabilité aux établissements, notamment sur le plan pédagogique, et à les inciter à se mobiliser autour d’un projet adapté à leur situation. Ces principes, posés quarante ans auparavant, ont été développés dans de nombreux articles du code de l’éducation, notamment le D332-5 (décret du 18 novembre 2014) : « Le collège offre, conformément au principe d’inclusion et sans constituer de filières, un enseignement et une organisation pédagogique appropriés à la diversité des élèves (…). La mise en œuvre des modalités de différenciation relève de l’autonomie des établissements. »

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Extrait de lemonde.fr du 02.04.24

 

Alain Boissinot, Jean-Paul Delahaye, Jean-Paul de Gaudemar, Jean-Louis Nembrini et Bernard Toutlemonde sont tous anciens directeurs de l’enseignement scolaire.

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