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Témoignage : les opinions politiques d’élèves de 3ème en RAR

7 mars 2007

Extraits de «  Libération », le 06.02.07 : « Pour les élèves, la gauche et la droite, c’est totalement flou »

Vu de banlieue : Ils travaillent ou habitent dans les quartiers : chaque mardi, un témoignage Un mois après, deuxième rencontre avec Guillaume Delmas, prof en ZEP.

Juste avant les vacances, Guillaume Delmas a étudié le Front populaire avec des élèves de troisième. Il y a un mois (Libération du 6 février), ce professeur d’histoire-géographie du collège Jean-Vilar de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, disait attendre de la candidate PS une vision de gauche de l’école. Cette fois, place aux élèves. « Comme on parlait des partis et des syndicats, j’en ai profité pour leur demander ce qu’ils savaient aujourd’hui de la gauche et de la droite, explique-t-il. Ils ont tout de suite cité Le Pen, qu’ils ont associé à l’extrême droite et au racisme. Pour le reste, entre la gauche et la droite, c’était totalement flou. »

Dans ce collège classé « ambition réussite », où l’immense majorité des élèves habite les cités alentours, un autre homme fait l’unanimité contre lui : Nicolas Sarkozy. « Il est clairement identifié comme un ennemi des habitants des banlieues, comme l’homme du Kärcher », résume Guillaume Delmas ¬ le ministre de l’Intérieur a prononcé sa fameuse diatribe dans la cité des 4 000, à La Courneuve. Les élèves n’ont pas réussi à classer Jacques Chirac, « Ils connaissent les noms des hommes politiques, regardent certaines émissions, mais ils n’ont aucune notion de la droite et de la gauche », souligne le professeur.

Le débat a été particulièrement animé dans la classe, mais Guillaume Delmas ne se fait aucune illusion : « La question principale était d’essayer de savoir pour qui moi, le prof, je vote. Les plus malins ont fait des déductions d’après le ton que j’employais. Mais il n’était pas question de le leur dire. » Fonctionnaire, l’enseignant se doit être neutre. Il en va aussi d’une question d’éthique, même si, parfois, Guillaume Delmas, très engagé au sein du Snes, principal syndicat du secondaire, se sent tiraillé entre son âme militante et son rôle de pédagogue. « Je ne suis pas là pour faire de la propagande mais de l’éducation à la citoyenneté, assure-t-il, il s’agit de faire connaître les institutions. » D’autant que souvent ces élèves ont des parents étrangers qui n’ont pas le droit de vote.

« Malgré tout », le professeur d’histoire-géo votera sans doute Ségolène Royal. « Je pense que mon bulletin ira pour elle par défaut, et par antisarkozysme », dit-il sans enthousiasme. « Ses premières positions ont hyper déçu les enseignants », allusion à la volonté de la candidate socialiste d’obliger les enseignants à être présent trente-cinq heures par semaine dans leur établissement ou de supprimer la carte scolaire.

Quand les candidats enverront par courrier leur profession de foi, Guillaume Delmas les apportera en classe, pour un cours d’histoire ou d’éducation civique. « Dans ce type de collège, les élèves sont plus vifs et plus spontanés qu’ailleurs et à ce titre c’est souvent plus intéressant », dit cet enseignant qui pour rien au monde ne demanderait sa mutation pour un établissement plus paisible.

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