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Problèmes de mixité sociale entre lycées et entre collèges dans la région de Bayonne

13 septembre 2007

Extrait du « Journal Euskalherria » du 12.09.07 : Dérogations et mouvements de troupes dans le second degré

Alors que la carte scolaire est assouplie pour cette rentrée, une trentaine de dérogations ont été accordées
Le lycée René Cassin a la cote. Pour cette rentrée scolaire, une soixantaine de jeunes sont venus grossir ses rangs et il accueille désormais 1450 élèves. Certains sont originaires du nord des Landes (l’internat des garçons est complet), d’autres viennent du collège privé bayonnais St Bernard, d’autres enfin de Biarritz ou d’Anglet. Ils sont attirés "par la bonne image du lycée et par la richesse de son offre d’enseignements (chinois, russe, arts plastiques, musique, etc.)" selon le proviseur, Gérard Martin. Outre la création d’une quinzième classe de seconde, cette augmentation des effectifs l’a obligé à remettre au goût du jour l’ouverture du lycée le samedi matin qui avait été abandonnée il y a deux ans.

L’assouplissement récent de la carte scolaire n’est sans doute pas étranger au phénomène. Et Nicolas Graeff, le président du conseil local des parents d’élèves du lycée ne manque pas de s’inquiéter,"l’augmentation du nombre d’élèves nous contraint à jongler avec les emplois du temps, on risque de perdre en qualité des enseignements".

Concurrence entre lycées

Il est aussi vice-président de la FCPE dans les Pyrénées-Atlantiques, et à ce titre, il s’interroge : "la carte scolaire est un instrument de régulation et de gestion du territoire, même si elle est mal fichue’ dans le département, en l’assouplissant on va obtenir l’effet inverse de celui escompté. Il va y avoir des lycées de seconde zone et des lycées d’élite tels que Cassin".

Le proviseur du "Lycée de Bayonne" quant à lui, même s’il admet que l’arrivée de ces élèves engendre des coûts supplémentaires pour son établissement, refuse de s’y arrêter, "nous nous tournons maintenant du côté de la Région [en charge du financement des lycées, NDLR]".Et il refuse de croire qu’il pourrait faire de la concurrence aux établissements voisins."Sur le BAB, tous les lycées ont d’excellents résultats". Dans les bureaux du lycée Malraux de Biarritz pourtant, on désigne tout de suite le lycée Cassin pour justifier la fermeture d’une classe de seconde à la rentrée. L’adjointe du proviseur explique que "il est plus facile d’accéder au lycée Cassin qui est en périphérie de la ville de Bayonne, qu’à Malraux en plein centre-ville de Biarritz".Et Maryse Conté de souligner les conséquences néfastes qu’une telle fermeture de classe peut avoir sur les premières et les terminales des années suivantes. Pour résister, le lycée biarrot tente de proposer à ses 650 élèves des horaires aménagés lorsqu’ils sont surfeurs, hockeyeurs, footballeurs ou golfeurs. L’adjointe retrouve le sourire en racontant comment des élèves qui s’étaient tournés vers Cassin sont finalement revenus dans le giron biarrot lorsqu’ils ont appris qu’ils risquaient d’avoir des cours le samedi matin, "il y a des vocations de chinois qui se sont refroidies apparemment".

A quelques pas de là, le principal du collège Edmond Rostand s’inquiète pour la mixité sociale du BAB. Au-delà de l’assouplissement de la carte scolaire, il déplore la "désertification" de l’agglomération- et de Biarritz en particulier - par les familles."Le prix des terrains et des loyers est tellement élevé que les familles doivent se réfugier’ plus loin et la croissance de la population retraitée n’est pas favorable aux crèches, aux écoles ou aux collèges" ironise-t-il. Cette baisse du " réservoir" comme il dit, est sensible dès cette année dans ses classes de 6e puisque 117 élèves sont entrés dans son collège au début du mois alors qu’ils étaient 140 l’an dernier. La question de la mixité sociale se pose aussi au collège Albert Camus où l’on redoute l’ouverture annoncée d’un établissement à Saint-Pierre-d’Irube à la rentrée 2009.

Inquiétudes au collège Camus

Dans l’établissement classé ZEP (Zone d’Education Prioritaire) qui accueille une partie des enfants de St-Pierre-d’Irube, le principal montre une pointe d’inquiétude."Sachant que les élèves hiriburutar représentent presque une classe complète de 6e cette année, j’imagine que la création de ce collège risque d’avoir des incidences sur nos postes".

Alors, pour garder ses élèves et maintenir une certaine mixité sociale, il envisage le développement d’un pôle linguistique et d’un pôle technologique. Une option "découverte professionnelle" de 3h est proposée depuis cette année, les 5e profitent d’ateliers sportifs, culturels et ludiques. Au chapitre des projets, une classe européenne est dans les cartons et, puisque plusieurs écoles primaires des environs s’intéressent à l’enseignement de l’euskara, le principal estime qu’il faudrait suivre le mouvement. Il a rendez-vous en janvier dans différentes écoles du secteur pour vanter les mérites de son collège auprès des parents.

En attendant, selon l’Inspection académique, aucune demande de dérogation n’a été formulée pour cette rentrée dans des collèges du Pays Basque et, concernant les lycées, sur 41 demandes (en lycées technologiques ou agricoles), 35 ont été satisfaites. Le lycée Cassin était concerné par huit demandes de dérogation et deux d’entre elles ont été satisfaites. Le syndicat FSU avance de son côté le nombre de 400 dérogations accordées pour tous les établissements du second degré dans le département.

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