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Les EPI, l’interdisciplinarité et les inégalités scolaires. Points de vue : Lettre de l’Education, Denis Paget, Philippe Tournier (SNPDEN), Syndicat des inspecteurs d’académie

28 mai 2015

Dans le feu des polémiques de ces dernières semaines, les détracteurs des enseignements interdisciplinaires et de la pédagogie de projet ont frappé fort et de manière souvent injuste. Certaines des objections formulées doivent pourtant être prises au sérieux.

[...] Une objection de taille doit être prise en compte. Elle est bien connue des équipes d’enseignants qui ont une expérience puisse bénéficier d’abord aux élèves « leaders », de milieu cultivé, qui y trouvent de quoi briller pendant que les autres font de la figuration. Les études menées notamment par les en pédagogie de projet : le danger est que ce type de travail chercheurs de l’équipe Escol de Paris-VIII ont mis en lumière cet écueil, qui réclame pour être déjoué beaucoup de savoir-faire, et donc de formation. Une autre objection, un peu vite balayée ces derniers mois, est qu’il ne sert à rien de contraindre à des projets interdisciplinaires des enseignants qui ne seraient pas convaincus de leur caractère bénéfique et les réaliseraient en traînant les pieds. Ce travail nécessaire pour emporter les convictions reste d’autant plus à faire et d’autant plus déterminant aujourd’hui, après un passage en force de la réforme.

Extrait de lalettredeleducation.fr du 25.05.15 : Croiser les disciplines  : le pour, le contre et la formation nécessaire

 

Quel est votre regard d’ancien dirigeant syndical sur le tollé que déclenche l’introduction d’un temps interdisciplinaire au collège ?
Je suis depuis longtemps très favorable au développement de travaux ou de projets conduits en groupes, sur le mode collaboratif entre les élèves et incluant si possible une dimension interdisciplinaire. Mais ce sont des modalités de travail difficiles à mettre en place, exigeantes pour les élèves comme pour les enseignants. Pour crédibiliser des travaux interdisciplinaires auprès des professeurs de collège, il faut d’abord les convaincre que cela sert aussi aux disciplines.
Je regrette qu’on n’ait pas pris le temps de définir de vraies thématiques interdisciplinaires et de vraies méthodes pour les mettre en œuvre. Cela ne me paraît pas scandaleux qu’on prenne sur les horaires disciplinaires des collégiens, mais à condition de pouvoir garantir que ce sera productif sur le plan des apprentissages. Peut-être qu’il n’est pas trop tard pour rectifier le tir

Extrait de lalettredeleducation.fr du : Denis Paget : « Le travail de l’écrit doit être au cœur du cours de français »

 

ToutEduc : On peut imaginer que la réforme du collège a occupé une bonne place dans vos débats...

Philippe Tournier : Absolument pas. Elle n’a été que très peu un objet de discussion. Nous avons d’ailleurs le sentiment d’assister à un spectacle un peu long et répétitif. Nous sommes atterrés et consternés de voir les uns et les autres se livrer à un concours à qui dira le plus de sottises. Nous avons apporté notre soutien à la réforme parce qu’elle donne davantage de marges de manoeuvre aux établissements, encore que ce soit dans un cadre très contraint, et un peu de fongibilité entre les horaires disciplinaires, encore qu’elle soit cadenassée.
Pour le reste, où est la grande transformation ? Les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) ressemblent à s’y méprendre aux IDD (itinéraires de découverte) qui furent abandonnées par le ministère lui-même. Pour le latin, tout se passera très bien ; à chaque réforme, on hurle que c’est la mise à mort des langues anciennes, et à chaque réforme, elles progressent, y compris le grec ! D’ailleurs, contrairement à ce qu’imaginent beaucoup d’enseignants, ce sont les instances locales qui protègent le mieux les disciplines. Vous imaginez le conseil d’administration d’un collège supprimer le latin ? Quant à l’allemand, la réforme le met réellement en difficulté ; que fera-t-on de tous ces germanistes qu’on va recruter ?

ToutEduc : Donc une réforme pour rien ?

Philippe Tournier : Peut-être une réforme pour rien ... mais non sans effets. Tout d’abord, nous avons en travers de la gorge la disparition de l’accompagnement éducatif. Nos collègues le voient supprimé de manière subreptice cette année ici ou là, et ce sera généralisé à la rentrée prochaine, en attendant la réforme. Et celle-ci n’évoque qu’à peine la question de travail personnel des élèves. Mais elle supprimer une heure en français.
Mais surtout, nous sommes inquiets. Sur qui allons-nous pouvoir nous appuyer pour mettre en place cette nouvelle organisation du travail ? La publication du décret et de l’arrêté le lendemain même de la grève était de très mauvais goût, et elle a achevé de braquer les enseignants. Les salles des professeurs sont divisées comme jamais. Les enseignants qui travaillaient déjà de fait en interdisciplinarité ne le feront pas dans un cadre imposé. De plus, il y a vraiment un risque que les EPI soient anxiogènes, qu’ils favorisent les élèves bons ou "moyens plus", et mettent encore plus en difficulté ceux qui le sont déjà. En lettres classiques, beaucoup se donnent du mal depuis des années pour ne pas en faire un outil de l’élitisme, et on leur tient un discours moralisateur sur le caractère élitiste du grec et du latin : ils sont blessés, humiliés.

ToutEduc : Qu’aurait-il fallu faire ?

Philippe Tournier : L’important, ce sont les programmes. C’est de cela qu’il fallait parler d’abord. Le CSP élabore des programmes sans savoir de combien d’heures disposeront les enseignants, et on détermine des nombres d’heures sans savoir pour quels programmes ! Il fallait laisser les questions d’organisation aux établissements.

ToutEduc : Et que faut-il faire maintenant ?

Philippe Tournier : La priorité va à l’apaisement, à la réconciliation.

Extrait de touteduc.fr du Réforme du collège : une réforme pour rien mais non sans effets (P. Tournier SNPDEN. Interview

 

[...] "Alors que les enseignements interdisciplinaires pourraient être envisagés comme des temps d’un enseignement disciplinaire fondés sur la compréhension d’objets interdisciplinaires aboutissant à des réalisations concrètes et le développement conjoint de compétences, la légitimité des EPI relève d’une idéologie d’une lutte contre l’ennui que les activités pratiques et les projets compris comme exceptionnels et non comme démarche pédagogique permettraient de gagner. Pour favoriser le sens et la valeur des apprentissages, ce sont des enseignements disciplinaires fondés sur des objets d’étude disciplinaires ou interdisciplinaires et portés par des dynamiques pédagogiques de projet qui doivent être développés.

Les EPI doivent ainsi s’inscrire dans un espace des programmes disciplinaires permettant de comprendre des objets interdisciplinaires convoquant une pluralité disciplinaire et non dans une entité flou d’une interdisciplinarité thématique ouverte à toutes les dérives. Au sein des 8 thèmes retenus, des problématiques doivent être proposées renvoyant clairement à des savoirs disciplinaires et des compétences du socle commun. Les EPI ne doivent pas reproduire en collège ce qu’aujourd’hui des études universitaires démontrent, à savoir la faible plus-value des TPE en termes d’apprentissage, particulièrement pour les élèves éloignés de l’Ecole.

Extrait de blogs.mediapart.fr/pascale-fourrier du : Najat Vallaud-Belkhacem , même les inspecteurs d’académie vous interpellent

Réforme du collège, nouveaux programmes :
analyse et propositions du SIA

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