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Vie en société : pas de différences notables entre les élèves de ZEP et les autres

15 septembre 2006

Extrait du « Monde » du 15.09.06 : Les collégiens et les écoliers sont moins respectueux des règles

Des jeunes plus tolérants, plus solidaires qu’il y a dix ans, mais moins respectueux de la loi. Tel est le constat d’une enquête réalisée par le ministère de l’éducation nationale auprès de 30 000 élèves de CM2 (11 ans en moyenne) et de troisième (15 ans), qui rend compte de l’évolution des attitudes des jeunes à l’égard de "la vie en société" et de ses règles entre 1994 et 2005. L’étude dresse le portrait d’une génération 2005 très sensible à la lutte contre les discriminations, à l’écologie ou à la liberté d’expression, mais qui n’hésite pas à "prendre plus de libertés" avec la loi et la règle que ses prédécesseurs de 1994.

De manière globale, les premiers éléments de l’enquête très ambitieuse conduite par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) démentent l’idée d’une jeunesse sans valeurs et montrent des élèves "beaucoup plus raisonnables et rationnels qu’on ne veut bien le dire", selon le commentaire des responsables de l’étude.

Questions « politiquement incorrectes »

Pour parvenir à ces résultats, les statisticiens de l’éducation nationale ne se sont pas appuyés sur des déclarations générales sur le racisme ou le sexisme, par exemple, mais ont interrogé les élèves de manière très concrète (au total, 89 questions pour les CM2, 131 pour les 3es). Ils ont comparé les réponses, anonymes, avec une enquête équivalente conduite en 1994.

Les élèves devaient donner leur avis ("normal", "pas très normal mais pas grave" ou "inacceptable", par exemple) sur des affirmations, dont une partie pouvaient paraître provocantes : "Certains pensent que les femmes doivent obéir aux hommes" ; "Certains disent qu’il n’y a que les Blancs qui peuvent être français" ; "Est-ce grave de télécharger de la musique ou des films illégalement sur Internet ?" ; "Il arrive que certains se marient avec quelqu’un qui n’a pas la même couleur de peau ou la même religion", etc.

Au moment de la réalisation de l’enquête, le Syndicat des enseignants (SE-UNSA, minoritaire) avait d’ailleurs protesté, estimant que la méthode était "problématique". Le ministère de l’éducation avait défendu son approche en soulignant qu’il ne fallait pas craindre de poser des questions "politiquement incorrectes" pour connaître les préjugés des jeunes (Le Monde du 9 juin 2005).

En dehors de quelques exemples, l’éducation nationale ne publie pas les résultats détaillés, question par question, mais une analyse globale des réponses effectuées, selon qu’elles sont apparues plus ou moins "socialement acceptables" dans la société actuelle.

Sur la plupart des thématiques, les jeunes de 2005 répondent de la même façon quelle que soit leur origine : "On ne constate pas de différences notables entre les élèves de zones d’éducation prioritaire et ceux des autres établissements", souligne notamment la DEPP, réfutant ainsi l’idée d’une césure entre jeunes des quartiers populaires et jeunes plus privilégiés. En ce qui concerne le rapport à la loi, les collégiens de ZEP apparaissent même légèrement plus respectueux que leurs camarades.

Sceptiques vis-à-vis des chômeurs

Les attitudes des élèves de 2005 ne diffèrent pas sensiblement de celles de leurs prédécesseurs de 1994, avec une très forte adhésion aux valeurs d’écologie, de tolérance, de solidarité. Sauf sur un point, plutôt étonnant : "Quel que soit leur niveau scolaire (CM2 ou troisième), ils sont assez sceptiques vis-à-vis de la bonne volonté des chômeurs à trouver du travail", indique l’étude, qui pointe une nette augmentation de la proportion d’écoliers et de collégiens considérant que les chômeurs sont au chômage parce qu’ils ne veulent pas travailler.

L’évolution la plus notable concerne le rapport aux règles avec des élèves qui "semblent user d’un libre arbitre assez prononcé". Ainsi, à l’affirmation "Il faut obéir aux lois seulement si on est d’accord avec elles", les écoliers étaient 58,1 % à considérer l’idée "inacceptable" en 1995 ; ils ne sont plus que 38,6 % en 2005. L’évolution est similaire pour les collégiens.

Les auteurs de l’étude soulignent également une "importante régression des attitudes dans le domaine vie scolaire", en particulier des plus jeunes, moins critiques à l’idée de mentir aux professeurs ou de copier lors des contrôles.

La publication de l’étude intervient alors que le gouvernement a introduit au collège, depuis la rentrée, une "note de vie scolaire" destinée à mesurer l’assiduité, le respect du règlement intérieur et la participation à la vie de l’établissement.

Le ministère de l’éducation nationale y voit un moyen de favoriser l’apprentissage de la "civilité" par les élèves. Les syndicats d’enseignants jugent la mesure "rétrograde" et estiment qu’elle constitue une "double peine" pour les élèves déjà sanctionnés dans les classes.

Luc Bronner

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