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La réforme de la formation initiale annoncée par E. Macron et les réactions syndicales

8 avril

Formation des enseignants : Emmanuel Macron annonce un concours à bac + 3 plutôt qu’à la fin du master
En déplacement dans une école primaire parisienne, le président de la République a dévoilé, vendredi, son projet de nouveau parcours de formation des professeurs, qui sera mis en œuvre dès la rentrée de septembre. Il a aussi évoqué la sécurité des établissements

Extrait de lemonde.fr du 05.04.24

 

Concours du professorat : Bac+3 pour tout le monde

En déplacement dans une école parisienne, le Président a confirmé les informations qui avaient fuité il y a deux semaines. Les concours du professorat passent bien à bac+3 – au lieu des bac+5 actuels. Pour les professeurs des écoles, c’est la généralisation d’une licence spécifique, avec la création des Licences Préparatoires au Professorat des Écoles. Pour les professeurs de collège et lycée, les concours seront accessibles à partir d’une licence disciplinaire. Tous les lauréats intégreront l’école normale du XXIe siècle, les « Écoles normales supérieures du professorat » (ENSP) sous un statut d’élève stagiaire, en Master 1, et de fonctionnaire stagiaire en Master 2.

« Si on peut réussir le choc des savoirs, on a besoin des maitres les mieux formés » a déclaré Emmanuel Macron lors de son déplacement à l’école Blanche dans le neuvième arrondissement parisien. Le Président dénonce le système actuel, « qui n’était sans doute pas le meilleur » ( pour rappel, la dernière réforme, c’est sous Blanquer), qui fait « naviguer les enseignants pendant cinq ans dans des filières diverses … On avait donc des professeurs qui étaient sortis des savoirs fondamentaux ». « Ce phénomène que je décris auquel s’ajoute la crise d’attractivité nous a poussés à changer la formation initiale des enseignants ».

En 2025, tous les étudiants titulaires d’une licence pourront passer les concours du professorat. Les PPPE existants seront renouvelés et amplifiés. Les étudiants suivants d’autres filières pourront suivre des modules complémentaires qui seront proposés par les universités dès la rentrée 2024.

À la rentrée 2025, une nouvelle licence, la LPPE, sera dédiée à la préparation au métier de professeur des écoles. « Une licence où on étudiera les mathématiques, le français, l’histoire, la géographie, avec des méthodes innovantes avec un corpus profondément rénové qui s’inspire de tout ce qui a été travaillé par le ministère ces dernières années », a précisé Emmanuel Macron. On pense notamment aux guides orange, verts, rouges… Le ministère confirme que près des 80% des lauréats seront issus de ces licences, « même si des passerelles seront possibles ». Les étudiants de L1 et L2 passeront des tests nationaux qui les dispenseront d’une partie des épreuves du concours.

Les candidats aux concours de professeur de collège et lycée seront toujours issus de licences disciplinaires, mais auront eux aussi la possibilité de suivre des modules de préparation au métier enseignant et de préprofessionnalisation.

Tous les étudiants se retrouveraient ensuite au sein des ENSP. En Master 1, ils seraient à mi-temps en stage d’observation, nous précise le ministère. Pas de précision sur la quotité en stage. Ils seront rémunérés 1 400 euros. Ils auront le statut d’élève stagiaire et seront redevables d’un certain nombre d’années d’exercice au service public. Là encore, le ministère n’a pas su préciser combien d’années.

En Master 2, les fonctionnaires stagiaires seraient en responsabilité, au moins à mi-temps, devant les élèves. Ils seraient rémunérés 1 800 euros net.

Du côté de l’organisation, la rue de Grenelle affirme que certaines licences existantes, telles que celles de sciences de l’éducation et de la formation ou la licence pluridisciplinaire, pourraient être absorbées par la LPPE. « Les universités restent autonomes dans ce choix », nous dit-on.

Interrogé sur la question du coût de cette réforme, le ministère compte sur les économies réalisées sur les licences (qui sont absorbées par la LPPE) et le fait que les étudiants seront devant élèves. « Nous équilibrons budgétairement cette réforme », assure-t-on.

Les syndicats, vent debout

Le Sgen-Cfdt, qui demande le report de la réforme, craint le pire « sur la future structuration de la formation ». « On devine dans les non-dits un décrochage entre premier et second degré que le Sgen-CFDT réprouve », écrit le syndicat dans un communiqué. « L’inquiétude sur l’avenir des personnels n’est pas levée. Le projet d’école normale du XXIe siècle tourne le dos à plus de trente ans d’évolution et méprise les collègues investis dans l’ensemble des formations aux différents métiers de l’enseignement et de l’éducation. Les propos du président nous inquiètent de nouveau fortement sur sa vision de l’université. Affirmer que les étudiants et étudiantes sont sortis des apprentissages fondamentaux pendant leurs 5 années d’études n’est pas acceptable. Pour ouvrir et financer les licences PPE, le président annonce la fermeture d’autres filières qui n’auraient pas de débouchés, ce qui insécurise en réalité tous les personnels qui exercent dans les universités ».

« Si on peut être favorable à un recrutement en L3 suivi de deux années de formation rémunérée allant jusqu’en Master, on ne peut pas se satisfaire de ce projet, pour nous le ministère franchit la ligne rouge en généralisant les PPPE », nous dit Guislaine David, secrétaire générale et porte-parole de la FSU-SNUipp. « Ce qui ne convient pas c’est la reprise en main par le ministère de la formation initiale en mettant de côté la formation universitaire et la recherche en éducation. Que deviendront les licences sciences de l’éducation ? Qui assurera la formation des enseignants ? Le document (document qui avait fuité) indique que ce seront des enseignants choisis et repérés … mais par qui et pourquoi ils sont repérés ? Parce qu’ils appliquent les bonnes pratiques ? Celles dont on ne sait pas si elles sont efficaces à terme. Cette reprise en main est inquiétante, car ça veut dire qu’on cherche à faire des enseignants des exécutants et non plus des concepteurs de leur enseignement. Il faut des enseignants qui soient en mesure de répondre aux difficultés des élèves et de prévenir les difficultés. Pas des enseignants qui appliquent des fiches. Enseigner est un métier de haute qualification ». Sur la question d’un temps de service dû par les élèves stagiaires, qui auraient donc bénéficié d’une rémunération en Master 1, la responsable syndicale doute « qu’un engagement renforce l’attractivité du métier ».

Pour le Snes-FSU, « Macron décide seul et contre les intérêts de l’École ». « On a eu deux réunions en décembre, avec différentes pistes et trois mois après, on apprend que l’arbitrage est fait ! Encore un symbole du mépris démocratique du président… » s’exaspère Sophie Vénétitay, secrétaire générale. « Et c’est un projet dangereux pour l’avenir de l’École. Un concours à bac+3, ce sont des professeurs déqualifiés, avec une formation qui ne permettra pas l’acquisition d’un niveau disciplinaire suffisant pour exercer notre métier dans de bonnes conditions. Finalement c’est la vision d’un prof technicien qui s’impose… à rebours de l’ambition qu’on peut avoir pour ce métier, avec des professeurs concepteurs de leur métier ». Quant au calendrier, Sophie Vénétitay estime qu’il « est intenable » et qu’il « va mettre sous tension tout le système éducatif ».

Lilia Ben Hamouda

Dans le Café pédagogique :
Sur le projet (qui avait fuité le 22 mars)
Écoles normales du XXIe siècle : Un projet dont ne veulent ni les universités ni les syndicats
« Écoles normales du XXIe siècle : « normales » surtout, « du XXIe siècle », moins…

Sur les PPPE
PPPE, bilan de la première année
PPPE : Le futur de la formation initiale ?

Extrait de cafepedagogique.net du 05.04.24

 

Formation initiale des enseignants : E. Macron confirme la réforme annoncée

Emmanuel Macron entend "changer le visage de notre école", "changer de paradigme". Il était ce 5 avril dans une école parisienne où il a confirmé l’essentiel de la réforme de la formation initiale des enseignants telle qu’annoncée dans un "document de travail" qui avait "fuité" (voir ToutEduc ici). Ses propos (sur son compte X, ici) ont par la suite été complétés et précisés par son entourage et celui de la ministre de l’Education nationale (à noter que la ministre de l’Enseignement supérieur n’était pas représentée).

Les jeunes qui se destinent au professorat des écoles pourront faire une licence spécifique. L’année prochaine, à titre transitoire, les néo-bacheliers feront la licence disciplinaire pour laquelle ils se sont inscrits sur Parcoursup et pourront suivre des "modules complémentaires". Le nombre de postes offerts dans les PPPE (parcours préparatoires au professorat des écoles) sera par ailleurs augmenté. La licence sera davantage "professionnalisante" et permettra aux étudiants de savoir quelles sont "les méthodes pédagogiques qui réussissent". En ordre de grandeur, il est vraisemblable que 80 % des futurs PE auront suivi cette licence, les autres ayant une licence disciplinaire.

Ceux qui se destinent à enseigner dans le 2nd degré devront avoir une licence disciplinaire et ils auront eu la possibilité d’avoir des modules professionnalisant.

Futurs PE ou PLC (l’hypothèse, émise par ToutEduc au vu du document de travail, de la création d’un corps d’enseignants bivalents a été rejetée) passeront le concours à bac+3, la première session sera organisée au printemps 2025. Les concours seront repensés pour donner davantage de place aux pratiques professionnelles. Les textes les organisant devraient être publiés prochainement. En ce qui concerne les étudiants qui seront en M1 l’an prochain, ils passeront le même concours que les titulaires d’une licence et seront admis en M2.

En M1, les "élèves fonctionnaires" toucheront 1 400€ net par mois, en M2, ils seront "fonctionnaires stagiaires" et toucheront 1 800€. Ils s’engagent à un certain nombre d’années (non précisé) dans le service public. Les écoles normales du xxième siècle ont vocation à remplacer les INSPE et elles sont présentées comme des "structures de coordination". Les masters seront "revisités". La pratique professionnelle y aura une place importante, sans doute jusqu’à 50 % en M1 et davantage en M2, autant de "moyens humains" devant élèves qu’il faut "intégrer dans l’équation économique" du coût de la réforme qui se fera "à budget constant", même si son coût est évalué à 600 ou 700 M€. Autres facteurs à intégrer, former davantage de titulaires permettrait de diminuer le nombre des contractuels tandis que les nouvelles licences prendront la place d’autres cursus "qui ont moins de débouchés". Interviendront dans ces masters des enseignants des 1er et 2nd degrés ainsi que des universitaires, par exemple en sciences de l’éducation.

Le président annonce également qu’il faut "repenser la formation continue des enseignants" qui doit se faire sur leur temps de travail mais en dehors des heures de cours, et selon une planification pluriannuelle.

Le Pacte, la méthode de Singapour, la sécurité des établissements, la violence des jeunes

Par ailleurs, les entourages du président et de la ministre ont répondu à un certain nombre de questions. Sur le Pacte, qui est "victime de son succès", les briques prises correspondent à peu près à l’enveloppe budgétaire prévue pour cette année scolaire. Elle sera augmentée pour l’année 2024 - 2025 avec une orientation prioritaire vers les remplacements. Sur la méthode de Singapour, elle sera utilisée en maternelle et dans le cycle 2 (CP, CE1, CE2) dès la prochaine rentrée, d’ici là, les professeurs des écoles auront reçu des formations et des ressources seront disponibles sur Eduscol. Sur la sécurité, la réunion organisée hier par les trois ministres de l’Education nationale, de l’Intérieur et de la Justice avec les recteurs et les préfets (voir ToutEduc ici) a permis d’évoquer aussi l’environnement des établissements scolaires, l’utilisation de la vidéo-protection et surtout la nécessité d’une "plus grande synergie des acteurs". Il ajoute : "On va continuer de renforcer la réponse très pénale et pénale pour certains jeunes, qui consiste à les mettre soit dans des centres éducatifs fermés, soit on va développer des nouveaux centres qui permettent d’avoir un encadrement plus fort pour des jeunes qui sont en train de dériver."

Extrait de touteduc.fr du 05.04.24

 

Formation. Le SNALC estime que "le concours à Bac+3 est une bonne chose", il est également "favorable à la création d’une licence préparant au professorat des écoles", mais il "s’oppose fermement à l’obligation de passer par le Master MEEF"

Le SE-UNSA "acte positivement le passage des concours à bac + 3, pour le premier degré comme pour le second degré, suivi d’une formation en deux ans validée par un master". Il "demande au ministère d’ouvrir au plus vite le chantier des épreuves du concours et de clarifier les modalités de la formation en alternance"

Le SGEN-CFDT considère pour sa part que "le projet d’école normale du XXIème siècle tourne le dos à plus de trente ans d’évolution" et s’inquiète d’un possible "décrochage entre premier et second degré. Il prévient qu’il s’opposera "à toute nouvelle réforme qui remettrait fondamentalement en cause le mouvement d’universitarisation de la formation des enseignants du premier degré et du second degré.

Extrait de touteduc.fr du 07.04.24

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