> VI- PÉDAGOGIE (Généralités, Disciplines, Actions locales) > ACTIONS PEDAGOGIQUES LOCALES (par niveau et discipline) > Actions locales AU COLLEGE > Collège (Actions inter ou pluridisciplinaires) > B* Vivre les mots dans son corps, monographie du collège ECLAIR Elsa (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

B* Vivre les mots dans son corps, monographie du collège ECLAIR Elsa Triolet de Champigny-sur-Marne

25 juillet 2013

Vivre les mots dans son corps

Vivre les mots dans son corps, expérience transdisciplinaire partagée par trois professeures du collège [ECLAIR] Elsa TRIOLET de Champigny-sur-Marne et une classe de sixième : Solenne BEYLIE, professeure d’anglais, Alexia MORNAGUI, professeure de français et Diana SIMOES, professeure d’éducation physique et sportive.
Accompagnement à l’écriture Pascale MONNET-CHALOIN, collaboratrice MAPIE.

Comment aider les élèves à mémoriser du vocabulaire en anglais et en français, une gestuelle en EPS, à structurer leurs idées et à leur donner vie ? C’est à toutes ces questions que répond cette monographie. Les disciplines font écho les unes aux autres : « par la danse, l’imaginaire se développe, les mots prennent sens, à travers eux et les autres, ainsi une fois le lien mot/image créé grâce au corps, les élèves peuvent faire appel à tout leur imaginaire pour produire un écrit porteur de sens pour eux ».

Sommaire de la monographie
▪ Le collège Elsa Triolet de Champigny-sur-Marne
▪ Profil des professeures
▪ Pourquoi corporaliser les mots ?
▪ Notre chronologie
▪ Comment faire naître des images mentales ?
▪ Mettre en mouvement les idées
▪ …quand les élèves transfèrent ce qu’ils ont appris en Français !
▪ Des premiers pas difficiles
▪ Des élèves chorégraphes
▪ Des chorégraphes en free style
▪ Début de la création
▪ Des pistes pour tenter d’apporter des solutions à ces difficultés
▪ Rester en mouvement pour rendre les mots vivants en anglais
▪ Créer des souvenirs
▪ Incarner les mots et leur rôle
▪ L’erreur nécessaire pour apprendre
▪ Vers la transversalité, un atout dans l’apprentissage de l’anglais
▪ Une séquence qui se métamorphose
▪ Une première métamorphose : l’élève se fait mot
▪ Jouer le mot
▪ Du jeu à l’écriture
▪ Mobiliser ses souvenirs pour s’exprimer
▪ Autres mises en scène des mots
▪ Imaginer et écrire sa métamorphose
▪ Vivre les mots du texte dans son corps en français
▪ L’avis des acteurs de ce projet
▪ Pause finale

Le Collège Elsa Triolet situé dans la commune de Champigny-sur-Marne, dans le quartier du Bois l’Abbé est placé au coeur de la cité. Il fait partie du Réseau Ambition Réussite, dit RAR. C’est un établissement E.C.L.A.I.R. (Ecoles, collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite) depuis la rentrée 2011. En cette année 2012-2013, 461 élèves (225 garçons et 236 filles) fréquentent notre établissement, dont 18 élèves en classe d’Accueil (ancienne classe non francophone).

Le constat social
La cité du Bois l’Abbé a une situation particulière, elle est isolée par rapport au centre ville. C’est une cité concentrationnaire manquant d’espaces verts et de jeux (une réorganisation urbaine du quartier est en cours). Elle est composée d’une population en transit dans les HLM de la ville de Paris d’origine socio-économique très modeste. Elle présente une absence de mixité sociale, les familles sont, pour la majorité, étrangères ou d’origine étrangère, leur situation socioculturelle est dégradée. Les parents s’impliquent peu dans l’établissement et ils ont une faible ambition scolaire pour leurs enfants.

Le constat scolaire
Nous remarquons une fluidité des passages d’une classe à l’autre, mais la proportion d’élèves entrant en Seconde GT est inférieure aux moyennes académiques. Les dernières évaluations nationales en CE1 et en 6ème enregistrent de forts écarts à la moyenne nationale en français et en mathématiques, soit environ 30% d’un niveau, tandis que les résultats au Diplôme National du Brevet évoluent de façon encourageante. Des difficultés chroniques dans la maîtrise de la langue sont observées, l’illettrisme est résiduel jusqu’en 3e. Les absences non-justifiées de nos élèves restent fréquentes, cependant les retards décroissent depuis la mise en place du projet « j’arrive à l’heure » instauré par la vie scolaire et des professeurs volontaires. La violence verbale est présente au quotidien au sein de l’établissement, la violence physique est contenue mais latente.
[…]

Pourquoi corporaliser les mots ?
Les élèves de 6e A doivent faire face à différentes difficultés. La première, liée à la Maîtrise De la Langue orale et écrite, la seconde concerne la mésestime qu’ils ont d’eux-mêmes. Tout le travail du premier semestre vise à améliorer ces deux axes à travers le langage mais pas seulement.
Le corps semble un des éléments importants de la maîtrise du langage, cette certitude s’est forgée à la suite d’un travail effectué avec les collègues de lettres modernes sur une méthode « lector-lectrix » de Roland GOIGOUX. Cet ouvrage s’appuie sur la « représentation mentale » des élèves.

Depuis plus d’un an maintenant, notre établissement a mis en place des groupes de compétences en français qui touchent l’ensemble des classes de sixièmes. Pour mener à bien ce travail, l’équipe de lettres s’appuie sur la méthode de Goigoux. Nous sommes partis d’un constat alarmant : la lecture ne provoque pas ou peu d’images mentales. Les élèves ne parviennent pas à « se faire un film ». Notre objectif durant l’année de sixième est de leur permettre d’accéder non pas à la lecture mais à la compréhension des textes lus.

Pour les 6e A qui sont tous des lecteurs précaires, l’enjeu est de taille. Comment parvenir à faire naître des images qui leur permettront de saisir l’implicite et l’explicite des textes ? Comment susciter des images mentales alors que les élèves sont aveugles ? Comment créer une curiosité intellectuelle quand les élèves ne perçoivent pas le sens de leur présence au collège ?
Partant de ce constat, nous avons mis en place avec mes collègues d’EPS et d’anglais une séquence transversale où le corps serait mis au service des mots ; où le corps viendrait soutenir voire enrichir l’imagination. Cette séquence a pour thème les métamorphoses d’Ovide.
[…]

L’avis des acteurs de ce projet
Suite à ce projet nous avons posés 3 questions simples et précises à nos élèves, afin de
voir s’ils avaient compris les liens interdisciplinaires.
Ci-dessous, la synthèse de leurs réponses :

1. Avez-vous vu le lien entre les cours d’EPS, de français et d’anglais cette année ?
Si oui, expliquez-nous ?
50 % des élèves de 6e A ont vu le lien unissant les trois matières à savoir : la
métamorphose. Certains sont allés plus loin dans leur analyse en notant qu’en français ils utilisaient les mots, ils écrivaient alors qu’en EPS ils utilisaient leur corps et ils dansaient.
Pour l’anglais le constat est moins précis, ils écrivent avoir joué avec leur corps et aussi avoir
parlé.
2. Est-ce que jouer avec les mots vous a aidé à mieux les comprendre ?
Tous ont trouvé un avantage à jouer avec les mots. Ainsi, disent-ils, ils ont pu apprendre et connaître des mots nouveaux. Le rapport images/mots, en anglais est très important pour eux, de même le fait d’incarner le mot. Les mots font sens.
3. Quels sont les moments que vous avez préférés dans chaque discipline ?
Unanimement le moment préféré des élèves reste celui où ils ont dansé leur métamorphose. Toutefois, l’écriture des dites métamorphoses a été aussi un moment privilégié ainsi que les différents temps où ils ont joué avec les mots en anglais.

En revanche une minorité de la classe est passée à côté du travail effectué tout au long de l’année. Ces élèves sont d’ailleurs identifiés en cours comme étant en extrême difficulté sans doute au-delà du profil des élèves de 6e A.
[…]

Monographie (39 pages)

Extrait du site de la MAPIE de l’académie de Créteil du 11.07.2013 : http://www.remithibert.net/2013/07/09/decrochage-scolaire-etat-des-lieux/

Répondre à cet article