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B* L’utilisation du smartphone en français au collège RRS Méliès de Paris 19e

4 septembre 2015

Additif du 10.03.16

Le premier atelier Cardie s’est tenu en novembre 2015 et a porté sur l’usage pédagogiques des smartphones des élèves en classe

Description

Atelier réflexif sur l’usage des smartphones des élèves en classe autour de l’expérience qu’a menée *Jérôme Lagaillarde* avec ses élèves en collège.

Le BYOD, c’est quoi ? derrière cet acronyme de "Bring Your Own Device" se cache la réalité que la majorité des élèves possède un smartphone. Pourquoi ne pas en faire un usage pédagogique en classe ?

Cette atelier tente d’apporter des réponses à cette question.

Cet atelier se termine par un synthèse menée par Ange Ansour puis un billet de Marc Jahj

Vidéo

Atelier Cardie - L’usage du BYOD en classe - novembre 2015

 

Jérôme Lagaillarde : Le smartphone en français pour apprendre ?

Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut

Quand le matériel informatique de l’établissement manque ou défaille, pourquoi ne pas faire appel à celui des élèves ? Au lieu d’interdire les smartphones, ne serait-il pas plus pertinent d’en inventer des usages pédagogiques ? C’est la question, cruciale, du BYOD (« Bring Your Own Device », « apportez votre propre matériel »).

C’est le pari lancé et gagné par Jérôme Lagaillarde, professeur de lettres au collège [RRS] Georges Méliès à Paris. Il éclaire ici les modalités, les possibilités et les enjeux d’une utilisation des smartphones en cours de français : un choix que certains jugeront risqué, et qui s’avère pourtant essentiel pour renforcer certains apprentissages tout en éduquant à la responsabilité.

L’usage du smartphone est officiellement interdit dans les collèges : pourquoi avez-vous décidé d’autoriser vos élèves à l’utiliser envers et contre tout ?
Il me semblait important d’être cohérent avec la réalité des établissements : la présence des smartphones dans la poche de presque tous les élèves est un fait, malgré l’interdiction. Aussi, lors d’un atelier de réflexion sur les usages numériques en classe, constatant que le manque d’équipement des établissements était un frein évoqué par de nombreux collègues, j’ai pensé à l’intérêt d’accorder une place pédagogique à ces outils nomades.

Concrètement, dans quel cadre avez-vous mis en place cette utilisation ? Y-a-t-il eu des dérives ?
J’ai proposé l’idée à mes élèves, leur exprimant mes réflexions et ne cachant pas mes doutes et mes inquiétudes quant à leur capacité à être raisonnables dans la gestion de leur appareil et dans le respect du cadre pédagogique. Conscient de susciter un vif intérêt chez eux, je leur ai proposé alors de définir le cadre, les règles et les usages lors d’une séance de réflexion collective. Aussi se sont-ils prêtés au jeu avec beaucoup d’intérêt et de maturité. Ils ont eux-mêmes proposé de cesser l’expérimentation s’ils n’en respectaient pas les règles.

C’est vraiment sur la confiance que j’ai basé cette expérimentation et je ne le regrette absolument pas. Les élèves ont su se saisir de cette occasion pour comprendre tout l’intérêt qu’ils pourraient tirer d’un usage scolaire de leur outil. Quant aux autorisations, elles m’ont été accordées par la Délégation Académique au Numérique Educatif de l’Académie de Paris, qui encourage ce genre d’expérimentation ainsi que par mon chef d’établissement.

Le smartphone est pour beaucoup devenu plus qu’un téléphone : il sert en particulier aussi souvent d’appareil photo. Comment les élèves sont-ils amenés à utiliser cette fonctionnalité dans la classe ?
L’appareil photo est en effet un outil que j’utilise beaucoup. Je retiendrais principalement sa fonction d’archivage (afin de fixer une étape d’un travail, une prise de notes au tableau, que l’on n’aurait pas le temps de faire noter aux élèves), une fonction de diffusion dans le cadre de la continuité pédagogique pour les élèves absents. Une utilisation intéressante est aussi la diffusion d’un document aux élèves et le travail d’annotation, avec l’application Skitch par exemple – excellente activité pour apprendre aux élèves à sélectionner des informations importantes dans un document, sur un plan, dans une page web, sur un tableau...

En quoi les possibilités d’enregistrement audio ou vidéo vous semblent-ils elles aussi intéressantes sur le plan pédagogique ?
L’enregistrement vidéo ou audio permet de développer le travail autonome de l’élève et un retour constructif sur ses pratiques. Je les encourage à se filmer à la maison dans le cadre de la préparation de leurs oraux (Histoire des Arts par exemple) afin de porter un regard sur leur prestation et essayer d’améliorer leur posture, leur diction, la cohérence et l’articulation de leur propos…

Je les autorise aussi à filmer ou à enregistrer certains de mes cours, comme les leçons de grammaire, durant lesquelles nous faisons beaucoup de démonstrations au tableau. Ainsi, un élève en charge diffuse par email auprès des camarades le support vidéo du cours. C’est très utile pour réviser une notion, comprendre ou se remémorer une démarche d’analyse.

L’outil vous paraît-il susceptible d’aider aussi les élèves à développer leurs compétences d’écriture ?
Les applications dictionnaires et conjugueurs sont deux outils essentiels pour inciter et aider les élèves à se corriger. Aussi, la facilité d’utilisation et la rapidité de la recherche permettent de mettre en place rapidement de bonnes habitudes de correction. Les résultats sont probants.

Dans « Petite Poucette », Michel Serres explique combien le numérique externalise le savoir, combien « notre tête est jetée devant nous, en cette boîte cognitive objectivée » : à l’usage, le smartphone vous semble-t-il un outil intéressant de connaissance et de mémorisation ?

À mon sens, le smartphone, via les applications et internet, facilite l’accès au savoir et rassure les élèves quant à leur difficulté de mémorisation d’une masse de connaissances. Il permet alors de se concentrer sur l’exploitation de ce savoir, sa compréhension et facilité ainsi son appropriation. Il s’agit alors de guider les élèves dans ce travail d’exploitation « intelligent » des données, des outils. Sans s’en rendre compte, les élèves retiennent le savoir et développent des savoir-faire.

L’exemple le plus parlant est pour moi l’appropriation des réflexes d’autocorrection par la vérification. Tout comme avec le bon vieux Bescherelle, lorsqu’un élève cherche un verbe dans le conjugueur, il doit s’interroger sur son infinitif, et sur le temps verbal auquel il souhaite le conjuguer, il doit repérer le sujet grammatical du verbe. Aussi, derrière ce qui semble être une facilité, presque un jeu (pour eux, tout est jeu lorsqu’il s’agit d’utiliser leur outil !), se dessine tout un réseau de réflexions essentielles dans l’appropriation de compétences et dans la mémorisation.

De manière générale, pourquoi vous semble-t-il pertinent d’intégrer dans le cadre scolaire les pratiques numériques réelles des élèves ?
D’une part le bon sens : pourquoi se priver d’outils pertinents que les élèves maîtrisent souvent bien mieux que nous et dont ils perçoivent beaucoup mieux l’intérêt pédagogique. Les adolescents sont reconnaissants quand l’adulte accepte qu’il a aussi à apprendre d’eux. C’est un échange constructif entre l’élève et l’enseignant, basé sur un rapport de confiance.

Ensuite, les outils nomades sont performants, peu encombrants, faciles d’utilisation et, nous l’avons vu, pertinents dans le cadre des apprentissages. Derrière le truchement du « ludique », les élèves sont amenés à se concentrer sur leur activité, encouragés à enrichir leur culture, à réfléchir sur leurs productions écrites, à être autonomes en développant leurs propres techniques d’apprentissage. Dans mon établissement, qui relève de l’éducation prioritaire, c’est une victoire non-négligeable ;

Extrait de cafepedagogique.net du 31.08.2015 : Jérôme Lagaillarde : Le smartphone en français pour apprendre ?

 

Le smartphone au service de la réussite des élèves

Jérôme Lagaillarde, professeur de français au collège Georges-Mélies (75019), expérimente l’utilisation du smartphone dans son cours de classe de troisième. Il y trouve de nombreuses possibilités au service de la réussite de ses élèves.

Le projet est né d’un double constat :
• le smartphone est une possibilité pour suppléer les carences en équipement, tant des salles de classe d’un établissement qu’au domicile de l’élève ;
• le smartphone, pourtant interdit par le règlement du collège, est souvent utilisé de manière intempestive par les élèves dans de nombreux cours.

L’idée qui découle de ce constat est de définir une place pédagogique pour cet outil à l’école et de permettre aux élèves d’en explorer ses possibilités, dans le cadre de leurs apprentissages, et d’en tirer le meilleur parti pour leur réussite.

Le cadre de l’expérimentation

Une classe de 3ème à option DP 3, effectif 23 élèves, profil hétérogène, niveau plutôt moyen voire faible. La majorité de la classe dispose d’un smartphone : 17 élèves sur 23.
Les systèmes d’exploitation :
• Sous iOS : 10
• Sous Android : 4
• Sous Windows Phone : 3

Nombre d’élèves disposant d’un accès 3G ou 4G : 13 élèves. Nombre d’élèves disposant d’une tablette à la maison : 11 dont 3 qui n’ont pas de smartphone.

Un protocole et des règles d’utilisation en classe

Les élèves sont pleinement intégrés au projet et ils participent à la définition du cadre et des règles d’utilisation des smartphone en classe. Un document de demande d’autorisation a été rédigé à destination des responsables légaux. Un protocole a été produit par les élèves lors d’une séance préliminaire en classe (voir l’annexe en document joint).

Quels usages du smartphone en classe ?

Voici à titre d’exemples quelques pistes d’utilisation testées en classe pour lesquels les résultats observés sont plutôt encourageants.

- Garder une trace grâce à l’appareil photo
L’appareil photo du téléphone est un outil très utile pour garder une trace du cours ; deux exemples parlants :
1. Pallier les problèmes de retard liés à l’absence de l’élève : la continuité pédagogique :
• L’élève a été absent. À son retour, afin de ne pas perdre de temps et de faciliter le rattrapage du cours, l’élève photographie les cours manqués pour ensuite prendre le temps de les mettre au propre dans son classeur.
• Un camarade est absent, un élève référent (qui dispose d’une connexion internet) prend en photo le cours, les documents distribués, les activités faites en classes, les corrigés, les prises de notes au tableau et les envoie à son camarade par mail ou par sms.
• Il peut par la même occasion les transmettre à l’enseignant qui les publie en pièces jointes dans le cahier de texte numérique.

2. La capture du tableau :
• afin de ne pas ralentir le cours et d’aider les élèves lents à ne pas perdre le fil de leur prise de notes, mais aussi pour laisser une trace de l’étape atteinte à la fin d’une séance, un élève peut être en charge de prendre en photo le contenu du tableau et de transmettre le fichier à l’enseignant. Le fichier pourra être publié pour aider les élèves qui ont pris du retard à rattraper leur cours écrit ;
• afin de fixer une étape d’un raisonnement collectif, une recherche d’arguments, des idées notées pêle-mêle au tableau, dont on ne demanderait pas aux élèves la prise de notes pour ne pas ralentir le travail. Le fichier pourra être exploité ultérieurement à titre d’exemple. On pourra aussi le diffuser aux élèves afin qu’ils l’archivent pour s’en inspirer ultérieurement lors d’un exercice similaire.

Exemple en pratique : L’analyse d’un sujet de réflexion collective, la recherche d’arguments et la mise en forme collective d’un plan de rédaction, dont on avait pris en photo les différentes étapes, ont été très utiles aux élèves lors d’un exercice similaire. Les supports visuels aident les élèves à se remémorer une démarche méthodologique. Ils se remettent plus facilement en contexte devant des photos que devant la trace écrite archivée dans le classeur. C’est un gain de temps et d’efficacité.

- Utiliser l’outil audio
Le smartphone équipé d’un casque audio permet de nombreuses utilisations. Grâce au dictaphone intégré ou à une application dictaphone, on peut enregistrer un cours, une lecture, un exposé, le déroulé d’un travail en groupe.

L’élève peut aussi apprendre à faire des dictées en toute autonomie. Outre les sites qui proposent des dictées audio (Bescherelle.fr, ladictee.fr), sur lesquels il peut être encouragé à se connecter pour s’entraîner, il peut aussi enregistrer par lui-même la lecture d’un court texte et procéder ensuite à l’écoute puis à la dictée. Il gère ainsi son temps et sa concentration. Il dispose dans ce cas du support de préparation et d’autocorrection.

- Utiliser la vidéo
La camera permet une analyse de leur travail à l’oral. Ainsi, un élève peut s’exercer pour un oral en se filmant et apprendre ensuite à analyser sa performance pour en dégager les points forts et les points faibles. Très utile dans la préparation à l’oral d’Histoire des Arts par exemple.

Dans le cadre d’un travail en groupe, les élèves peuvent aussi se filmer et analyser ensuite leur façon de travailler en groupe pour améliorer leur efficacité (écoute des uns et des autres, partage des tâches, investissement de chacun).

Quelles applications pour ces usages ?

L’enseignant de français rappelle sans cesse aux élèves la nécessité de se relire, de se corriger, de repérer les verbes et d’en vérifier systématiquement l’accord et la conjugaison correcte avec son sujet.

Les élèves sont censés avoir avec eux des dictionnaires et Bescherelle de poche. Malheureusement, ce n’est que rarement le cas et ces outils sont lourds et encombrants.

Deux applications pour smartphone, le dictionnaire de français et un conjugueur, installés sur leurs appareils, leur permettent d’effectuer ce travail de vérification avec rapidité et précision.

La fonctionnalité encourage visiblement les élèves à se corriger et à toujours vérifier en cas de doute leur orthographe.

Il est alors facile de conseiller aux élèves d’étendre cette habitude à toute production écrite, dans tous les travaux disciplinaires à la maison.

Quelques applications gratuites sélectionnées

- Applications de conjugaison
• Le conjugueur, application du Nouvel Obs, disponible sous IOS et Android
verbes français Verbes français, sous Windows Phone

- Applications Dictionnaires de français hors-ligne
• Sous Android : Dictionnaire français Livio
• Sous IOS : Dictionnaire de l’Académie Française, 8ème édition
• Sous Windows Phone : Dictionnaire

- La recherche documentaire
Le smartphone est un outil idéal pour permettre aux élèves d’accéder facilement à des informations utiles pour enrichir leur culture. C’est l’occasion aussi de leur apprendre à comparer et à vérifier les informations puis à se les approprier pour les retenir. A l’inverse de la recherche sur un PC, l’élève n’est pas tenté de simplement opérer un copier-coller, il doit lire, sélectionner ce qui lui est utile et nous pouvons l’inciter à reformuler. Wikipedia est disponible sous la forme de différentes applications « reader » sous iOS, Android et Windows Phone. Elles permettent d’accéder à la base de données de Wikipedia hors-ligne.
• Sous Android : Encyclopédie Wiki
• Sous IOS : Minipédia - Encyclopédie hors ligne
• Sous Windows Phone : https://www.windowsphone.com/fr-fr/...Wikipedia

Les élèves qui disposent d’une connexion internet pourront aussi prendre l’habitude de consulter l’encyclopédie Larousse en ligne. Gratuite et riche, elle est un outil intéressant mais malheureusement, le site diffuse de nombreuses publicités.

-L’entraînement
De nombreuses applications offrent des jeux pédagogiques et des exercices d’entraînement en langue. À la fin d’un travail, en attendant les autres, l’élève peut être encouragé à travailler sur une application afin d’occuper le temps de manière constructive.
• Un exemple sous Windows Phone : Améliorez votre français !

- Les mémos

Le smartphone encourage les élèves à noter des listes de tâches à faire, des choses à garder en mémoire et de les convoquer facilement sans les égarer… De nombreuses applications permettent de dresser des listes intelligentes. C’est un atout pour aider les élèves à structurer leur travail en étapes. Par exemple, dans le cadre d’un travail sur le plan d’une rédaction, la liste permet ensuite d’agir facilement sur la hiérarchisation de ses idées. Voici une liste des applications les plus courantes, Evernote en tête, disponible pour les 3 systèmes d’exploitation.

- Communiquer
L’usage des mails, règlementé par un protocole défini avec les élèves, offre de multiples possibilités pour communiquer au sein de la classe.

Nous l’avons vu, une photo prise d’un document peut être transmise instantanément au professeur ou à un élève qui en a besoin.

Les SMS aussi, mais les mails ont l’avantage d’encourager les élèves à rédiger leur propos selon les codes de la communication et ainsi de faire des efforts rédactionnels.

En conclusion

Les possibilités de l’utilisation du smartphone en classe et dans le cours de français en particulier sont riches. Le constat est plutôt encourageant : avec les téléphones sur la table, les élèves sont davantage tournés vers une utilisation intelligente et liée au cours. Les travaux écrits en temps limité en classe ont vu leur qualité considérablement augmentée. Les élèves ont apprécié le gain de temps pour se corriger, pour vérifier leurs conjugaisons.

L’intérêt de la recherche documentaire implique les élèves dans le travail collectif et encourage leur participation, leur concentration.

Bien sûr, il faut absolument partir d’un projet qui les implique dans la définition des usages, des limites et des règles. C’est par une confiance partagée, qui permet de faire appel à leur responsabilité, que l’expérimentation peut se faire. Les élèves y ont trouvé une source d’émulation et un intérêt très concret.

Il faut parfois recadrer, rappeler les règles mais aucun abus n’a été pour l’instant source de conflit.

Protocole défini par les élèves lors d’une séance de réflexion collective autour du projet.

Extrait du site de l’académie de Paris du 05.05.2015 : Le smartphone au service de la réussite des élèves

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