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B* Echange de classe avec une enseignante canadienne à l’école RRS Arc-en-Ciel de Vernon

26 mars 2014

Les partenariats - Acad’ Innov’ 10 - Mars 2014

Programme croisé Nouveau-Brunswick / France

Entretien avec Nathalie Allain, enseignante canadienne à l’école Amirault de Dieppe-Moncton (Nouveau-Brunswick) qui a échangé son poste avec Luce Guignery, professeur des écoles à l’école [RRS] Arc-en-ciel 2 de Vernon.
Entretien avec Olivier Launay, délégué académique aux relations européennes et internationales et à la coopération, Conseiller technique du Recteur, IA-IPR d’anglais.

Votre école relève de l’éducation prioritaire, avec une population multiculturelle, n’est-ce pas ?

Oui, les élèves de ma classe viennent de dix pays différents, mais ils considèrent cela de manière négative. C’est pourquoi j’ai décidé de lancer un projet en arts plastiques. Je leur montre qu’ils peuvent tous apporter quelque chose à l’autre. Chacun a dessiné un drapeau de son pays, l’a peint et affiché dans la classe. J’essaie de travailler sur la différence, le respect, les cultures.

Comment ont-ils réagi à votre français ?
Ils m’ont demandé quelle langue je parlais. Je leur ai dit : "français comme vous" et ils m’ont répondu : "non ". J’intègre cette différence dans les cours de vocabulaire. Nous faisons des fiches comparatives : " corridor / couloir ".

Et les parents ?
Ma langue était pour eux une crainte. Je les ai rassurés sur le fait que j’allais suivre le même programme que les autres classes de CE1. Je les invite à l’école pour discuter avec eux.

Quels différences et points de convergences notez-vous entre le Canada et la France ?
Il y a beaucoup de similarités. Le programme est le même en mathématiques. En français on enseigne aussi les mêmes choses mais avec un petit décalage : ce que vous faites en CE1, on l’enseigne en CE2. On travaille beaucoup plus sur les intelligences multiples au Canada. Mais c’est tout un apprentissage de travail en équipes et de travaux de groupes à mettre en place.
Sinon, vous êtes beaucoup plus exigeants au niveau de la propreté du travail. Il faudrait un juste milieu. Les enfants qui ont des troubles d’écriture ne peuvent pas écrire entre les lignes. Ici j’ai l’impression qu’on veut plus mettre dans un moule. La plus grande différence pour moi se situe au niveau du lien avec les enfants et les parents. C’est plus froid ici.
Je ne dis pas que c’est bien ou mal, c’est juste différent.

Pensez-vous qu’à votre retour au Canada votre manière d’enseigner aura changé ?
Oui, il y aura plus de discipline dans ma classe, mais une discipline au service du savoir-être.

Travaillez-vous avec Mme Guignery ?
Avec Luce, nous allons faire échanger nos élèves par visioconférence à partir de février et nous allons monter une comédie musicale : les tribulations d’un phoque au Canada.

Avez-vous des regrets d’avoir accepté le programme ?
Aucun ! C’est très riche ! Cette année va passer trop vite !

Extrait de Acad’ Innov’ 10 - Mars 2014 de l’académie de Rouen du 12.03.2014 : Programme croisé Nouveau-Brunswick / France

 

Partenariats : donner de l’envergure à votre action

Edito
François Muller
Ministère de l’Education nationale, DGESCO (Direction de l’Enseignement scolaire)
DRDIE (Département Recherche et Développement en Innovation et en Expérimentation)

Le partenariat à l’école, c’est un peu comme l’effet chef d’établissement ; tout le monde en parle, mais, pour un enseignant devant ses élèves, qu’est-ce que cela change ? En fait, le partenariat à l’école permet, de manière indirecte mais certaine, d’amplifier l’action pédagogique et d’enrichir les apprentissages des élèves.

Quand les projets deviennent plus ambitieux dans leurs actions (en équipement, sorties, en orientation, en nombre d’élèves concernés, etc..), les équipes expérimentent toutes sortes de voies pour “donner de l’envergure” à leur action, en élargissant ses bases en qualité des intervenants, en mobilisation de moyens, en mise en réseau de compétences.
Le partenariat n’est donc pas une fin, mais un ensemble de moyens ou des manières variées d’augmenter le potentiel de changement de sa propre action par et pour ses élèves. Oui, mais comment ?

“Comment” serait donc la bonne question, celle qui s’applique en tout cas dans les dynamiques d’innovation, en portant l’analyse sur le processus à l’œuvre et les routines professionnelles qui font la différence entre les équipes.

Actuellement plus de la moitié des 3000 équipes suivies au niveau national dans le réseau de l’innovation sont impliquées dans ce type de démarche. Elle semble consubstantielle de l’innovation elle-même, ainsi que le relève le CNIRE (1) dans la définition récente : "Une pratique innovante est une action pédagogique caractérisée par l’attention soutenue portée aux élèves, au développement de leur bien-être, et à la qualité des apprentissages". En cela, elle promeut et porte les valeurs de la démocratisation scolaire.

Prenant appui sur la créativité des personnels et de tous les élèves, une pratique innovante repose également sur une méthodologie de conduite du changement. Le partenariat permet à l’équipe d’enrichir son action grâce aux ressources de son environnement. Chacun de ces points ne suffit pas à lui seul, mais plusieurs combinés font d’une action une pratique innovante dans sa conduite et dans ses effets.”

Il ne s’agit pas ou plus seulement de sous-traitance ou de prestation externe, mais d’un changement progressif des modes de travail scolaire, en repensant le concept et les pratiques attenantes de mise en réseau des compétences : quand les enseignants sont habilités à prendre des risques, que la collaboration est valorisée, quand l’information est utilisée et partagée, quand le partenariat est encouragé, alors, les conditions d’apprentissage professionnel s’améliorent.

“Déprivatiser “ sa classe, co-élaborer avec d’autres (établissement, écoles, associations, entreprises), découvrir avec ses élèves ce qu’on ne pourrait pas faire tout seul, ce sont bien des conditions favorables et des occasions rares d’un développement professionnel par l’expérience. Et pour vous ?

Extrait de Acad’ Innov’ 10 - Mars 2014 de l’académie de Rouen du 12.03.2014 : Edito

 

Acad’ Innov’ 10 - Mars 2014

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