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Cité éducative de Paris 20e : mise en place par les partenaires de "la balade des parents", parcours de découverte du quartier Saint-Blaise (2e volet de la série ToutEduc)

31 mai 2021

Cité éducative du 20ème : Au quartier Saint-Blaise, des acteurs pour faire vivre le territoire (2ème volet)
ToutEduc est partenaire de la Cité éducative "Les portes du XXème" à Paris et de la Ligue de l’enseignement (voir le 1er volet de cette série de dépêche ici)

“Les marionnettistes sont des acteurs mais il y a un objet qui s’interpose, un petit personnage qui lui donne la possibilité de jouer le monde entier“. Figurine à la main, Pierre Blaise poursuit : “Le marionnettiste s’inspire du réel, il va transformer le réel, et ça fait appel à l’imagination“... Quand le directeur décrit les activités du théâtre aux mains nues, situé dans le quartier Saint-Blaise dans le 20ème arrondissement de Paris, sa création par Alain Recoing dans les années 2000, l’impression d’une métaphore de la "cité éducative" attrape le visiteur, vivace.

Ce projet de cité éducative, comme les 80 autres lancés ces deux dernières années dans des quartiers prioritaires partout en France, est ancré dans une logique de territoire. Ici, aux “portes du XXème“, 34% des habitants ont moins de 25 ans, les familles monoparentales sont nombreuses et la mixité sociale et culturelle est faible.

Les différents partenaires (Education Nationale, Ville de Paris, mairie du 20ème, Ligue de l’enseignement, associations..) se sont alliés pour créer des synergies nouvelles, pour tenter de mettre en commun le travail de chacun et impliquer les différents acteurs. Pour Emilie Dewaele, de l’équipe de développement local, “l’idée a été de confronter tous nos regards et ce qui en est ressorti, c’est vraiment le besoin pour ces familles de découvrir le quartier, un quartier dans lequel certaines personnes vivent depuis des dizaines et des dizaines d’années et qui a beaucoup changé, à Saint-Blaise on est sur des travaux de renouvellement urbain qui durent depuis 10 ans, et du coup les repères des habitants, des familles ont été bouleversés.“

La cité éducative met alors en place ‘la balade des parents‘, un parcours de découverte du quartier Saint-Blaise, comprenant la visite du théâtre de marionnettes, de l’association Socrate et du centre social Soleil Blaise. “L’idée, c’est de pouvoir redonner des repères à ces familles et de les orienter vers les structures de proximité“, ajoute la chargée de développement local.

Dans la salle d’exercice réservée aux apprentis marionnettistes, le directeur du théâtre reprend : “Les marionnettes ont été fabriquées par les étudiants de notre école, il y a plusieurs matières, du papier mâché, du tissu bien sûr, du bois et de la mousse qui est très légère et que l’on taille avec un ciseau, et du polystyrène.. c’est tout un rendez-vous de matières différentes“, ce qu’une mère de famille, parent élue à l’école Duclos trouve “magnifique“. Peinture, sculpture.. La déambulation se poursuit pour la quinzaine de participants avec la visite de l’atelier, de la scène ou encore de l’école de ce lieu de compagnonnage “où les diplômés viennent faire leurs premières armes“, conclut Pierre Blaise.

La balade, qui se poursuit dans les rues du quartier, mène ensuite les parents aux bureaux de l’association Socrate, à la rencontre de lycéens volontaires et bénévoles, qui eux aussi font leur premières armes. Ils sont en tout 80 élèves à offrir un accompagnement à la scolarité dans plusieurs établissements des portes du 20ème (Jean-Perrin, Pierre Mendès-France..). Le siège de l’association, créée il y a plus de 20 ans, a toujours été situé quartier Sainte-Blaise. Pour Elena Gautier, la référente parisienne qui accueille la balade des parents dans ses locaux où en ce mercredi une dizaine d’ados planchent derrière leurs ordinateurs, “la spécificité c’est qu’on fait appel à des lycéens bénévoles, on fait du 1 pour 1, un lycéen mentor pour un élève toute l’année scolaire“, ajoutant “faire en sorte que ceux qui interviennent dans le 20ème habitent dans le 20ème pour que ce soit beaucoup plus facile“. Elle y voit d’ailleurs “un dispositif qui marche plutôt bien parce qu’il y a un lien qui se crée entre élève plutôt jeune et un lycéen, un lien que nous adultes on a plus de mal a créer".

Que pense-t-elle de l’apport de l’association à la cité éducative ? “C’est uniquement dans le 20ème pour le moment que l’on arrive à avoir une mixité des profils de bénévoles, parce qu’à l’origine du projet Socrate les bénévoles venaient tous de grands lycées de Paris, explique Elena Gautier. Petit à petit on essaie de rendre le groupe bénévole plus mixte, d’avoir des lycéens qui viennent de grands lycées et d’autres un peu moins réputés, et d’autres qui sont en pro et en techno, du coup pour l’orientation c’est très intéressant à travailler quand on a des profils différents, et c’est valorisant aussi pour les élèves qui veulent se diriger vers des filières qui sont un petit peu plus stigmatisées de pouvoir avoir un modèle en référence, un modèle de réussite et qui est très à l’aise avec son orientation.“

Plusieurs parents s’intéressent, posent des questions, ce qui semble un des buts de la balade des parents : rendre visible les structures du quartier. Elena répond à une maman : “C’est possible que vous ne nous connaissiez pas, on ne communique pas beaucoup vers l’extérieur parce qu’on a peu de places et ce sont les chefs d’établissements qui flèchent les élèves qui en ont le plus besoin.“

Dernière étape de la balade, l’association Soleil Blaise, elle-même difficile d’accès... physique. Située sur la dalle Vitruve, sans indication particulière, plusieurs visiteurs avouent également ne pas connaître le centre social. Olivier Vidick, le directeur, raconte “un lieu pour et par les habitants du quartier“, petit mais avec “beaucoup d’activités, comme par exemple les ateliers linguistiques ou le jardin partagé situé au square des cardeurs“ et où “ce sont les habitants qui sont au conseil d’administration et qui font les choix d’orientation en matière de priorités d’actions pour le centre social“. Il invite promptement à repasser : “la porte est ouverte, vous pouvez venir."

Ces lieux, ces liens sont centraux dans le projet de cité éducative “pour permettre l’accès à des familles défavorisées du territoire à des ressources culturelles, de loisirs, locales ou parisiennes, et maintenir du lien avec un certain nombre de services publics qui ont disparu ou qui ont déménagé“, explique Emilie Dewaele. “La possibilité de jouer le monde entier“, disait la marionnette. Un monde de possibles qui commence par se rassembler peut-être dès le coin de la rue.

Extrait de touteduc.fr du 28.05.21

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